Premier secret d'une pétasse :
Avant d'être la méchante de l'histoire, j'étais la gentille héroïne. Un cœur pur noirci à cause des cœurs brisés. Il se gorge de toutes les peines du monde, de tout le poids pesant sur les épaules des autres, jusqu'au jour où il détonne avec une telle puissance qu'aucune fissure ne peut plus être rebouchée. Jamais. Et quand c'est arrivé, je me suis promis d'être pire que les « cœurs brisés ».
#Justafamousbitch <3— Je vois... la mort.
Une carte noire se pose devant moi sur la table tandis qu'Oïana scrute son tirage avec intensité. Ses ongles manucurés se déplacent avec précision, créant un silence lourd dans la pièce tamisée.
— La mienne ? Ou celle de mes ex ? demandé-je, interrompant le mystère et recevant un regard courroucé.
— Je vois aussi l'impératrice... Le Diable...
— C'est vrai que je lui fais parfois concurrence, répliqué-je en traçant un trait de crayon rouge vif sur mes lèvres.Oïana, roule des yeux et fixe la nouvelle carte tombée de son jeu.
— Et la lune...
— La nuit est-elle...Irritée, elle me pince le bras.
— Arrête de m'interrompre, Reia ! Je peine à capter les énergies.
Ses cheveux blonds, aussi clairs que les miens, illuminent la pièce sombre, tout comme le piercing scintillant à son nez.
— Peut-être parce qu'il n'y a pas de message ! rétorqué-je, fatiguée par le drame.
Ses doigts serrent ma main avec une force inattendue tandis qu'elle se concentre. Je laisse ma paume reposer sur la table, me pinçant la lèvre inférieure pour contenir mon ennui. Au moment où je ferme les paupières, quelque chose frôle ma joue.
— Aïe ! Tu m'as dit que tu lirais mon avenir, pas que tu me blesserais ! protesté-je, en grimaçant.
— Regarde la carte et tais-toi, ou je vais te faire payer le prix fort ! s'agace-t-elle, menaçante.
— Vu la catastrophe, je ne donnerais pas un centime.Je soulève ce qu'elle pointe de l'index, révélant deux squelettes face à face. L'un tend un bouquet de fleurs à l'autre, avec l'inscription : Les Amoureux.
Beurk...— Quelle farce, Oïana. Un couple en décomposition, c'est tout ce que je mérite ?
Je plaque les deux tourtereaux contre le meuble en bois, riant amèrement.
— Ce tirage est ridicule.
Je préfère encore côtoyer la faucheuse. L'amour, non merci. Pas quand un cœur a été arraché et que le trou à peine camouflé saigne encore. Pas quand le seul nom qui s'est faufilé à l'intérieur y était gravé si profondément qu'il a été difficile de le déloger. Pas quand l'expérience a été tellement traumatisante que même ma fin aurait été plus plaisante.
— Je n'ai pas fini, rétorque-t-elle en gonflant ses joues.
Ses yeux marron se concentrent sur le tarot qu'elle bouge comme s'il pouvait murmurer ses secrets.
— Tu vas être secouée par un événement prochain. On me parle de cœurs brisés, de menaces, de violence, de jalousie, de superficialité, d'un homme...
— Quel genre d'homme ? demandé-je, alarmée.Elle hausse un sourcil et murmure :
— De tout ce que je te raconte, c'est la seule chose qui t'intéresse ?
— Peut-être parce que c'est souvent eux le problème. C'est toujours eux le problème, en fin de compte.Elle rit, puis attrape mon poignet avec fermeté. Ses yeux se ferment avant de se rouvrir avec une intensité inquiétante.
— Plumes, beauté, danger... Le brun du soleil, le bleu de la nuit. Tout est flou, trop puissant.
Je déglutis en entendant ces mots. Une flamme s'éteint soudainement dans la pièce, et je sens un frisson me parcourir.
— C'est tout ? demandé-je, feignant l'indifférence.
Elle range ses cartes, l'air résignée.
— Oui.
— Pas de futures réussites, de bonheur éternel, de...
— Si tu veux des mensonges pour rêver, je peux t'en fournir, mais ce ne serait pas très utile...Je me lève, allant allumer la lumière et chercher quelque chose à boire, pour oublier ces présages.
— À vingt-trois ans, on a ce qu'on mérite, sourit-elle en désignant la villa que je loue pour le mois.
Je réponds par un sourire figé. Ce n'est qu'un mensonge. Un leurre perfectionné au fil des années. Elle n'a aucune idée de qui je suis, de qui j'étais. En façonnant une nouvelle Sereia à l'image de ce monde superficiel, je me suis perdue dans des abysses pour ressembler à celles que je détestais. J'incarne tout ce que je haïssais. Mais la vérité, c'est que j'adore ça. Qu'on parle de moi pour mes scandales, qu'on vante mon physique, qu'on m'admire. C'est ma putain de revanche. Et j'espère que certains en prennent de la graine.
— Ouais, c'est vrai.
Mes yeux parcourent les bouteilles dans le placard pendant qu'Oïana éteint les bougies. Je prends une bouteille de Malibu et bois directement au goulot. Mon amie, amusée, me filme avant de se tourner vers la caméra.
— Deux vraies bombes, s'extasie-t-elle en ajoutant des détails inutiles à sa story Instagram.
Je me dirige vers la télévision, enclenchant une chaîne musicale pour échapper au silence que je déteste. Il est synonyme de malheur.
— À quelle heure arrivent les sushis ? demande Oïana, les yeux rivés sur son téléphone.
— Dans une quinzaine de minutes, lui réponds-je, en vérifiant ma montre.L'air déçu, elle se tourne vers moi avant de se concentrer à nouveau sur son écran.
— Oh putain, cette connasse ! s'écrie-t-elle, l'expression sombre. Jenny a encore posté une réplique de ma photo. Regarde, c'est exactement la même.
Son ancienne amie règne sur la côte Est tandis que nous dominons la côte Ouest. Nous nous battons pour être les reines des bikinis et des campagnes de luxe. Nous sommes les filles du soleil par la couleur de notre peau, du sable chaud par celle de nos crinières et de l'océan pour celle de nos yeux. Les miens sont ceux d'une îles paradisiaques, les siens représentent le fond d'une mer agitée.
— Signale-la et bloque-la, proposé-je.
— Non, j'ai un bien meilleur plan.Elle me lance un sourire cruel. Je la regarde, intriguée, alors qu'elle concocte un stratagème. Juste avant qu'elle ne me révèle son idée, mon téléphone vibre. Le numéro inconnu qui s'affiche provoque l'arrêt de mes pulsation.
— Tu ne réponds pas ? s'enquiert-elle alors que ma pression artérielle monte.
— Si, si, soufflé-je dissipée.Cachant mes tremblements, je récupère mon mobile que j'aimerais jeter dans l'eau de la piscine. Elle me parle de ce qu'elle compte faire pour humilier Jenny. J'aimerais la secouer afin de lui affirmer qu'il y a plus grave que ça dans la vie. Qu'il suffit d'un claquement de doigts pour éliminer certains de nos ennemis. Pourtant, je me tais et reste figé sur le SMS qui marque le début de ma fin.
Mission, Diamandis.
Denny Collman
Sinon ta putain de tête servira de trophée.🦢🪶🦢
Voici le premier chapitre, un peu en avance hihi.
Dîtes-moi ce que vous pensez de ce début 🤭
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Quetzalli
Romance« Rien n'est plus fatal qu'un cygne noir se dissimulant sous des plumes blanches... » Jaïro Reyes est à la fois la plus brûlante des étoiles et la pleine lune, corrodé par une promesse aussi vieille que lui. Sa vie est etièrement dévouée à son oppos...