🪶Chapitre 2 : Jaïro🪶

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Jaïro, sept ans,

— Quinn ! Attends-moi !

On me retient, et je me débats pour aller avec ma sœur. Jamais séparés. Jamais. Jamais. Jamais. Je l'ai promis à maman.

— Itzel ! crié-je aussi fort que je peux.

Elle tourne la tête vers moi alors que des adultes l'emmènent dehors. Ma sœur me sourit, dévoilant toutes ses petites dents. Elle bouge ses lèvres et articule un « Juntos, para siempre* (*Ensemble pour toujours) » que je lis difficilement. Je comprends qu'elle va revenir. Peu importe comment. Elle l'a déjà fait, elle n'a pas peur de se battre.
Ses cheveux châtains volent avec le vent, sa peau bronzée brille au soleil, et elle regarde ses nouveaux « parents » comme s'ils étaient les méchants de nos dessins animés. Personne ne semble vraiment nous écouter. On ne peut pas vivre l'un sans l'autre et ils essaient toujours de nous séparer.

— Allez, petit, retourne dans ta chambre, soupire un des animateurs de l'orphelinat.
— Non. Pas sans Quinn, pleuré-je en la voyant disparaître derrière la porte.

Si elle me laisse ici... Je deviendrai un fantôme. Une ombre.

— Tu vas devoir t'y faire. Ta sœur va dans une nouvelle famille.

Et pas moi. Jamais moi.

Mes yeux piquent quand il me tire et je me gigote pour qu'il me lâche. Valentin me traîne dans le bâtiment par le pull. On monte les escaliers sous les regards des autres enfants avant d'atterrir dans l'endroit où je dors. Il s'appuie sur la porte et me regarde sévèrement.

— Pas de bêtises, Jaïro. C'est mieux pour tout le monde.

Non. Non. Non. Ce n'est pas vrai ! Pas pour moi.

Sans elle, je n'ai personne. Sans elle, je suis tout seul.

Itzel... Reviens vite... s'il te plaît. Ne me laisse pas.

J'aimerais qu'il parte, mais il reste là, à me surveiller. Les larmes coulent sur mes joues. J'imagine qu'elle m'abandonne. Qu'elle m'aime moins que ces gens chez qui elle se rend et ma tristesse coule le long de mon visage.

— Pourquoi on ne veut pas de moi ? Pourquoi on prend ma sœur et pas moi ? pleuré-je en me jetant sur mon lit.

J'en ai marre de rester ici. Moi aussi, je veux une belle maison et une nouvelle maman. Même si la mienne était la meilleure de toutes. Je veux avoir une vie. Une vraie.

— Il y a des raisons, Jaïro. Certains ne peuvent pas prendre deux enfants. D'autres choisissent selon des choses précises, m'indique-t-il.
— Comme quoi ? demandé-je en reniflant et en levant les prunelles vers lui.
— Les origines, la couleur de peau, des yeux, ces choses-là. Tu comprendras plus tard.
— Non. J'ai envie de comprendre maintenant ! On m'a dit que mes yeux étaient trop cools ! réagis-je en le regardant fixement.

J'essuie l'eau sur mes joues et essaie de ne plus pleurer. Il rit doucement quand je croise les bras, boudeur. Ce n'est pas parce que mes yeux sont de deux couleurs différentes qu'on ne doit pas m'aimer. Maman les adorait, elle !

— C'est vrai, ils sont cools. Mais certaines personnes détestent ce qui est différent. Bien sûr, il y en a qui adorent ça, affirme Valentin d'un sourire réconfortant.

Il est sympa, parfois.

— Ils sont pas nombreux, ceux-là, grommelé-je. Ou alors ils sont méchants.
— Pas tous. Je sais que les deux premières familles qui vous ont accueilli avec Quinn n'ont pas été faciles. Mais vous non plus, vous n'étiez pas très gentils...
— C'est eux qui étaient méchants ! le coupé-je pour qu'il ne répète pas ce que le directeur lui a dit.

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