Avec tout mon matos, je sors de chez moi. Ma maison sur la côte est l'un des biens de Yuma. Il m'en a fait cadeau à mes vingt ans pour que je profite un peu de la vie. La réalité, c'est qu'il voulait être tranquille pour sa retraite, sans m'avoir dans les pattes.Je n'ai pas à me plaindre de la façon dont il s'occupait de moi. Il était un bon parent, jusqu'à ce qu'il me fasse dévier de force vers un côté obscur dont je n'avais pas connaissance. Tuer n'était pas ma vocation. J'y ai été contraint. J'ai été obligé de me conformer aux attentes de Yuma. Il m'avait adopté pour faire de moi le meilleur tueur à gages de Los Angeles. Comme ça, sa suite était assurée et son nom perdurerait.
Bien évidemment, quand j'étais petit, je n'en avais aucune idée. J'ai compris ce qu'il faisait avec toutes ses armes plus tard quand on l'a mentionné à la télé.
À quatorze ans, je me suis retrouvé à l'accompagner dans ses missions. Yessena et Quinn étaient toujours de la partie. Ma sœur avait débuté bien avant moi et s'amusait vraiment à appuyer sur la gâchette. Madame Larosa l'a changé. Elle a fait ressortir tout ce que Itzel a de plus noir en elle.
Elle est devenue la lune. J'étais le soleil pour deux. Quand elle partait trop loin dans ses délires, j'essayais de la retenir. Je voulais être les étoiles qui illumineraient son ciel, mais j'ai été caché par les nuages de ses tourments. Rien n'était suffisant. Il lui fallait toujours plus. Quand pendant un temps elle s'est éloignée, je n'ai plus rien su, jusqu'à ce qu'elle ait besoin de moi. Une boucle infinie qui se répète sans cesse.
Buter des méchants, Yuma ne m'avait pas menti, c'est certain qu'il le faisait. Dorénavant, c'est moi qui mets fin à la vie de monstres. Au prix de mon âme aspiré par le diable.
J'enfile mon casque et monte sur ma FRJ Yamaha. Le sac noir dans mon dos transporte mon fusil sniper démonté. Je serre les anses et avant d'enfiler mes gants, jette un coup d'œil à la localisation de ma cible. Une soirée dans un hôtel près de Santa Monica Beach. Elle et ses petites copines défilent pour une marque de maillot de bain. Il risque d'y avoir du monde...
En moins de cinq minutes, je suis déjà garé, prêt à monter sur le toit du bâtiment d'en face, plus facile pour viser. Je fais attention à ce que personne ne me remarque et monte jusqu'au toit. Une fois la poignée coincée, j'assemble les pièces de mon fusil avec attention.
Je choisis l'angle parfait pour l'installer. Depuis l'endroit où je me situe, j'ai un visu sur l'entrée en contrebas et sur la salle du défilé quelques étages plus haut, derrière des baies vitrées.
En mâchant mon chewing-gum à la cerise, je patiente tranquillement que la mannequin apparaisse. Un grand sourire orne mes lèvres quand je la repère au coin du quartier. D'une démarche assurée, elle avance en direction du grand hôtel.
Pour qu'elle m'apparaisse plus clairement, je zoome sur elle. Son style est toujours aussi farfelu. Elle porte des chaussettes en dentelles blanches qui dépassent des ses talons noirs. Sa jupe et son haut sont d'une teinte crème, toujours dans des tons aussi clairs. Elle est si pure et hautaine à la fois dans ses comportements.
Ses cheveux blonds ont l'air si lisses et brillants qu'ils me fascinent un instant. Ornés d'un nœud rose, ils caressent sa nuque dans un rythme lent et régulier. Le soleil se couche derrière elle, les derniers rayons frappent sur sa peau aux traces de bronzage. Elle monte ses lunettes sur son crâne, lève le visage vers le ciel et ferme les yeux en plein milieu du trottoir. L'étoile chauffe sa peau et elle se laisse aller à cette sensation avec tant d'innocence que j'oublie ce que j'étais venu faire ici. Sur sa figure, d'habitude dédaigneuse, ne se trouve qu'un sourire sincère qui m'emplit de sérénité.
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Quetzalli
Romance« Rien n'est plus fatal qu'un cygne noir se dissimulant sous des plumes blanches... » Jaïro Reyes est à la fois la plus brûlante des étoiles et la pleine lune, corrodé par une promesse aussi vieille que lui. Sa vie est etièrement dévouée à son oppos...