Lueur de lumière

Chapitre 2

Le réveil de Marie sonna bien trop tôt à son goût. Ses yeux, encore lourds de sommeil, fixèrent le plafond quelques instants avant qu'elle ne se décide à sortir du lit. Le silence de la maison, encore endormie, contrastait avec le tumulte intérieur qui grandissait à mesure que les minutes s'égrenaient.

Marie s'habilla machinalement, enfilant un chemisier bleu foncé soigneusement repassé, qu'elle assortit à un pantalon blanc posé sur le fauteuil près de son lit. Devant le miroir, elle ajusta le col de son haut et repoussa une mèche de cheveux derrière son oreille, tentant de se convaincre que tout allait bien se passer. Mais au fond, une boule d'angoisse continuait de peser lourd dans son estomac, rendant chaque mouvement un peu plus difficile. Le reflet de son visage dans le miroir, marqué par la fatigue et l'appréhension, lui semblait étranger. Elle se demandait si elle avait la force nécessaire pour affronter cette nouvelle année scolaire.

- Tu vas être en retard ! lança sa mère d'un ton sec depuis la cuisine.

Marie sursauta légèrement, son cœur se serrant à l'écoute de ce rappel. Elle savait que sa mère n'était pas du genre à faire preuve de patience, surtout le matin. Depuis quelque temps, leurs échanges étaient devenus de plus en plus distants, presque mécaniques, comme si un mur invisible s'était dressé entre elles. La tension entre elles était palpable, comme une brume persistante qu'elles ne parvenaient pas à dissiper.

- Maman, je n'ai vraiment pas envie d'y aller... murmura Marie, espérant, sans trop y croire, un peu de réconfort.

- Ah, arrête de te plaindre. Tu crois que j'avais envie d'aller bosser ce matin ? lâcha sa mère en soupirant. Tu devrais être contente, ta sœur était aux anges ce matin en courant vers l'école.

- Mais c'est différent pour moi... répondit Marie, la gorge nouée, consciente que sa mère ne comprendrait probablement

- Différent, différent... C'est toujours la même chanson avec toi. La 3e, c'est important, alors arrête de faire des histoires et file !

Ces mots frappèrent Marie comme un coup de poing. Elle détourna le regard, cherchant une excuse pour quitter la pièce le plus vite possible. Elle retourna dans sa chambre, attrapa son sac, et saisit son téléphone. La sensation de solitude l'enveloppait, l'éloignant un peu plus de cette figure maternelle qui semblait si distante, si indifférente à ses inquiétudes. La voix de sa mère se mélangeait aux murmures de ses propres doutes, créant une cacophonie dans sa tête.

En sortant de la maison, Marie referma la porte derrière elle avec un sentiment de soulagement mêlé de tristesse. « Je n'ai pas le choix, ça va aller », se répéta-t-elle en boucle, pour se calmer ainsi que pour combler le vide émotionnel laissé par sa mère. La fraîcheur matinale lui offrit un répit temporaire, mais les pensées tourmentées revinrent rapidement.

Une fois dehors, elle déverrouilla son téléphone et découvrit la réponse de Julia, sa meilleure amie. C'était le seul message qu'elle attendait vraiment ce matin-là.

" Marieeee, ça va aller ! T'es la meilleure, raconte-moi tout quand tu seras rentrée ! "

Un sourire se dessina sur son visage, effaçant un instant l'amertume de ses échanges de ce matin. Julia était plus qu'une amie pour elle ; elle était son ancre, la seule personne qui la comprenait vraiment.

Depuis quatre ans, malgré la distance imposée par le déménagement de Marie, leur lien était resté aussi fort, voire même plus solide qu'avant. Julia avait été présente à chaque moment difficile, toujours à l'écoute, toujours prête à la rassurer. Marie se souvenait encore de leurs longues discussions nocturnes, quand elle se sentait perdue, seule dans une maison où les voix semblaient de plus en plus éteintes. C'était Julia qui, malgré la distance, avait été une des personnes a avoir trouvé les mots justes, lui rappelant qu'elle n'était pas seule, qu'elle avait quelqu'un à qui elle pouvait se confier sans crainte lorsqu'elle était chez elle. Cette pensée lui apportait un réconfort précieux dans cette journée incertaine.