Lueur de lumière

Chapitre 3

Marie s'était réfugiée dans sa chambre dès son retour à la maison, cherchant un espace où elle pourrait se retrouver seule avec ses pensées. Après une journée chargée en émotions, elle avait besoin de décompresser, et il n’y avait qu’une personne avec qui elle pouvait vraiment le faire. Elle attrapa son téléphone, hésita un instant, puis tapa rapidement le numéro de Julia. Le temps que l’appel se connecte, elle regretta par peur que Julia ne soit pas réveillée et sur le point de raccrocher, la voix enjouée de Julia se fit entendre à l'autre bout du fil :

- Marieeee ! Alors, raconte-moi tout ! Comment ça s'est passé ? »

- Coucou.. je ne te dérange pas ?

- Jamais, raconte moi tout, dit-elle en instant.

Marie sourit, reconnaissante de cette familiarité rassurante. Elle se lança alors dans le récit de sa journée, détaillant ses impressions sur le collège, la peur qu'elle avait, les réflexions de sa mère, ses anciennes amies qui l'ont jugé, la rencontre avec Luca. À mesure qu'elle parlait, elle sentait un poids s'alléger sur ses épaules, comme si partager ses pensées avec Julia rendait la réalité un peu plus facile à affronter.

Après un moment, Julia interrompit son monologue :
- Et sinon… y a-t-il un garçon sympa dans ta classe ?

Marie éclata de rire, un son qu’elle n’avait pas émis depuis un moment.

- Oula, je pense pas…, répondit-elle en secouant la tête, même si Julia ne pouvait pas la voir. Pour l’instant, je suis trop occupée à essayer de survivre pour penser à ça.

Les deux amies échangèrent encore quelques mots, avant que l’appel ne se termine sur une note légère. Marie resta un instant immobile, le téléphone toujours en main, réfléchissant aux paroles de Julia. Son amie avait le don de la faire rire dans n'importe quelle situation.

La voix de son père l’appela soudain depuis la cuisine :

« Marie, on passe à table ! »

Elle soupira doucement, rangeant son téléphone avant de descendre les escaliers. En entrant dans la salle à manger, elle sentit l'odeur familière des sushis, un de ses plats préférés. Sa petite sœur était déjà attablée, le visage illuminé par l'excitation, tandis que son père distribuait les baguettes.

À peine le dîner commencé, la petite sœur de Marie se lança dans un long monologue, les yeux brillants de joie :
- C'était trop bien aujourd'hui ! La maîtresse est gentille et j'ai même pas eu peur des grands. Il y avait toutes mes copines et même de nouvelles copines ! Et aussi, il y a l'amoureux de ma copine qui est avec nous, mais aussi il y a une fille toute seule, alors je pense lui donner la main demain. Et aussi, vous saviez qu'il y a 26 lettres dans l'alphabet, et même que je sais lire ! Et, et, et...

- Heureusement que toi, tu es un peu plus gaie d’aller à l’école comparé à ta sœur, l'interronpit sa mère en lanceant un regard noir sur Marie.

Marie baissa les yeux vers son assiette, sentant une pointe de gêne la traverser. Elle n’avait pas envie de répondre, sachant qu’il n’y aurait probablement rien à dire qui ne viendrait pas aggraver la situation. Elle se concentra sur ses sushis, laissant sa sœur continuer à babiller joyeusement.

Le reste du dîner se déroula dans un calme relatif, chacun absorbé dans ses propres pensées.
- Sinon, Marie ta rentrée comment ça s'est passée ?,  lui demanda son père brièvement

- Ça va, enfin, on verra, mais bon, je me suis fait une amie je crois, répondit-elle de façon vague, préférant ne pas s’étendre sur les détails.

La conversation s’étiola rapidement, tandis que sa sœur continuait de parler avec enthousiasme de son école.

Après le repas, Marie monta se préparer pour la nuit. Elle se sentait épuisée, autant physiquement qu’émotionnellement. Marie se tourna sur le côté, ses pensées se fixant sur un autre sujet préoccupant. Sa professeure de français de l'an dernier. Marie se demanda si elle pouvait lui envoyer un mail, lui racontant sa rentrée. Elle se mordilla la lèvre, l’hésitation la gagnant. « Peut-être que c’est trop tôt… » murmura-t-elle dans le silence de sa chambre « Peut-être que je devrais d'abord essayer de m’adapter à cette nouvelle classe avant de lui demander de l'aide ou juste lui parler ? »