Chapitre 5

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En rentrant chez elle, Marie avait récupéré sa sœur Amélia et lui racontait avec enthousiasme et vivacité les détails de sa journée. Les deux sœurs marchaient côte à côte, les sacs à dos en bandoulière, et Marie essayait de transmettre la joie qu'elle avait ressentie au club des lecteurs.

- Marie, pourquoi t'as pas l'air bien ? demanda soudainement Amélia, scrutant sa sœur avec une inquiétude sincère.

Marie s'arrêta, un peu surprise, et se tourna vers Amélia avec un sourire forcé.

- Hein ? Non, n'importe quoi, ça va super, Amélia !

- Je le vois, tu n'es pas souriante. T'as peur pour le brevet ?

Le brevet. Ce mot avait le don de la ramener à une réalité qu'elle préférait éviter. Mais ses inquiétudes allaient bien au-delà de cet examen. Les véritables démons de Marie étaient plus insidieux, nichés dans ses incertitudes scolaires et ses angoisses personnelles.

- Mais ça va super, mon cœur, t'en fais pas ! répondit-elle avec une assurance vacillante.

- Bon, d'accord !

Arrivées à la maison, elles pénétrèrent dans la salle de séjour où leurs parents venaient tout juste d'arriver. Leur mère, visiblement préoccupée par l'organisation de la soirée, n'avait pas l'air d'être d'humeur à faire dans la nuance.

- Marie, j'ai vu sur Pronote que tu as un contrôle dans deux semaines en maths. Ne fais pas tout foirer. Tu as deux semaines pour t'y préparer, donc ne dis pas non plus que tu ne savais pas quoi réviser, lança-t-elle d'un ton sec.

Marie sentit une vague de frustration monter en elle. Elle avait déjà suffisamment de pression sur ses épaules, et la réprimande de sa mère ajoutait une couche de stress supplémentaire.

- Mais je n'ai rien dit, et oui, je suis au courant, répliqua-t-elle, les dents serrées.

- Tu me parles autrement ! rétorqua sa mère, la voix froide et tranchante.

Marie se détourna et monta les escaliers avec une lenteur calculée, évitant de montrer son agacement. Elle échangea un sourire triste avec son père, un geste silencieux qui en disait long sur son état d'esprit. La déception était palpable dans ses yeux, mais il ne disait rien, simplement un regard empreint de compréhension silencieuse.

Dans sa chambre, Marie se laissa tomber sur son lit, le poids des paroles de sa mère pesant lourdement sur ses épaules. Elle ferma les yeux un instant, essayant de chasser les pensées négatives qui tourbillonnaient dans sa tête. La pression constante, les attentes irréalistes et l'angoisse de ne pas être à la hauteur la submergeaient.

Elle reprit son cahier de technologie, le feuilletant lentement. Le texte qu'elle avait commencé semblait désormais une tâche écrasante. Un message plein de nostalgie et de regrets. Marie espérait avoir des nouvelles d'elle ou, mieux encore, la revoir. Mais l'incertitude était omniprésente. Elle ne savait même pas dans quel collège sa professeure était partie, ni si elle serait disposée à répondre.

Les derniers moments de leur séparation lui revenaient en mémoire comme un échec cuisant. La scène de leurs adieux avait été si différente de ce qu'elle avait espéré. Elle se souvenait de la froideur inattendue de sa professeure, qui n'avait pas semblé saisir l'impact profond qu'elle avait eu sur Marie.

Marie relut le message qu'elle avait écrit, chaque mot lui demandant un effort. Elle cherchait à exprimer ce qu'elle ressentait, mais les mots semblaient souvent insuffisants pour traduire la complexité de ses émotions. Elle ajusta le texte avec soin, espérant que ses sentiments parviendraient à franchir la barrière du papier.

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