Chapitre 9

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Il s'écoule deux semaines insupportables. Entre révisions et harcèlement numérique, Eillana ne voit plus le temps passer.

La rubrique du NN&G continue de publier tout ce qu'elle peut à propos de sa prétendue histoire d'amour... Cette affaire a beau l'agacer, il faut dire qu'elle a aussi ses avantages. Être la prétendue copine de numéro treize lui donne un certain pouvoir. Même Carissa s'est calmée. De toute façon ce n'est qu'une rumeur comme une autre et Joy lui a dit : dans deux semaines les gens seront passés à autre chose !

Jour après jour, l'adolescente passe devant le formulaire vide. Minutes après minutes elle repense à cette sensation de bonheur qu'elle avait ressenti à la place du milieu et une petite voix niaise ne cesse de lui répéter Tu n'as rien à perdre à essayer ! Pourtant elle ne l'écoute pas.

Eillana quitte le dortoir dans ses habits de pyjama amples de fin de weekend. Elle rejoint CHILROOM en silence, un gobelet de thé chaud à la main. La température s'est faite plus froide ces derniers jours. L'été se transforme vite en automne et les arbres rougissent dans le parc. Chaque instant la rapproche des sélections ; sélections pour laquelle elle s'entraine dur mais ne participera sûrement pas puisque la case AUTORISATION PARENTALE n'est pas encore pleine.

Le salon est vide, à l'exception d'Aurelle qui l'attend, un bol de popcorns posé tranquillement sur la table. Elle caresse les meubles, nostalgique de tous les moments qu'elle a dut passer dans ce studio. A l'époque où tout allait pour le mieux.

- « Qu'est-ce qu'on regarde ? »

- « Ce que tu veux. » soupire Eillana, préoccupée.

L'adolescente se cale dans le canapé mou.

- « Qu'est-ce qu'il y a ? »

- « Rien. Je suis juste fatiguée. »

- « C'est ça. C'est à cause des sélections ? Ne sois pas stressée ! Au pire, tu rates et ce sera pour l'année prochaine. »

- « Merci pour ta positivité mais je ne m'inquiète pas que pour ça. »

- « Alors c'est quoi ? Une histoire de cœur, une dispute ? »

Eillana scrute Aurelle de bas en haut. Son visage est sincèrement inquiet. Une douleur refait surface devant ses traits doux. La jeune fille se sent égoïste de se morfondre dans son coin alors que son amie rêverait d'être à sa place. Elle a été à sa place ; mais on lui avait tout pris et pourtant elle continue de sourire. Eillana sait qu'elle peut lui faire confiance et finit par lâcher :

- « Je suis en froid avec mon père. Je le déteste. Il est hors de question que j'aille le voir pour qu'il signe l'autorisation. »

Aurelle lui tapote l'épaule.

- « Et ta mère ? »

- « Ma mère s'appelait Leï. Elle est morte. »

- « Je suis vraiment désolé. De quoi est-elle morte ? »

- « Une maladie commune. On ne pouvait pas payer le traitement. »

Sa pote reste sans voix quelques minutes. Elle la dévisage à son tour. Vêtements de marque, odeur de parfum de haute couture...

- « Je vivais à Train. Avant. Je n'ai pas toujours été comme tu me vois. »

- « Je comprends. » elle l'enlace. « Mais j'ai un conseil pour toi. »

- « Oui ? »

- « Ne laisse pas ça entraver ta vie. Va voir ton père, parle-lui, ne serait-ce que pour lui demander de signer. Je ne pense pas qu'il te le refusera. »

Eillana CrofordWhere stories live. Discover now