Gewis- ballerino (1/2) [abandonnée]

55 1 0
                                    

Alors je ne sais pas pourquoi j'ai abandonné cette histoire alors que je l'adorais, mais je compte pas vraiment la reprendre.

Bonne lecture !
_______________________________________________

Doucement, ses mouvements devaient être délicats mais réfléchis, comme une plume se laissant emporter avec légèreté. Les mouvements d'une plume sont si fluides, elle obéit à la volonté du vent en ignorant ses propres envies. Mais la plume est aussi rebelle, refusant de tomber ou de suivre une trajectoire droite, peu importe la force du vent.

Elle acceptait de ne pas aller contre la volonté du vent, mais en faisant cela, c'était elle qui contrôlait le jeu. La plume est synonyme de légèreté et d'innocence, mais ce n'est qu'une illusion. En réalité, elle est manipulatrice, fourbe, joueuse et capricieuse, refusant de tomber pour rester inerte.

George devait faire pareil, contrôler son corps pour être comme la plume. Il devait montrer que c'était la musique qui guidait ses pas, qu'il était une marionnette sans volonté, sous l'emprise de la douce mélodie. Mais il devait aussi semer le doute, laisser subtilement transparaître qu'il était celui qui menait la danse. Que les spectateurs comprennent, à la fin de la performance, que George avait contrôlé la situation depuis le début.

Pourtant, le danseur sentait qu'il n'y parvenait pas. Ses bras n'arrivaient pas à suivre le rythme, ses pas étaient trop lourds, et ses sauts pas assez élevés. Ses mouvements manquaient de délicatesse et de subtilité, ce n'était pas digne d'un ballerino de l'Opéra de Paris. Il avait pourtant travaillé si dur pour obtenir ce rôle, dansant tous les jours pendant des heures.

Le brun ne savait plus combien de fois il était rentré les pieds en sang, ou combien de repas il avait sautés pour s'entraîner. Oh, ne pensez pas que George le regrettait, au contraire, il avait pris tellement de plaisir à danser, à gravir les échelons. Et il y a six mois, le danseur classique avait réussi à décrocher le premier rôle dans ce qui pourrait bien être le spectacle de sa vie.

C'était Le Lac des cygnes, mais ce qui rendait ce spectacle si particulier, c'était que le grand Jos Verstappen en était le metteur en scène et chorégraphe. Cet homme était une figure incontournable du monde du ballet, et son fils était d'ailleurs un danseur reconnu. Jos avait pris sa retraite après l'enterrement de son fils, mais Max avait grandi, et ils s'étaient disputés à cause des exigences inatteignables de Jos.

Max était le meilleur ballerino, et pourtant, son père n'était jamais satisfait. Ils avaient fini par disparaître de la scène. Peu de temps après la tempête médiatique qu'avait déclenchée cette dispute, Verstappen senior avait annoncé son nouveau spectacle. C'était un coup de génie médiatique, tout le monde attendait avec impatience le nouvel opus d'un ancien danseur légendaire. Et bien sûr, comme tout ce qui est sous les feux des projecteurs, George a subi une pression énorme dès sa nomination.

George était habitué à être sous les projecteurs ; il avait été surnommé l'enfant prodige pendant une grande partie de sa vie. Le châtain venait d'un milieu modeste qui n'avait rien à voir avec l'opéra, et pourtant il était devenu le troisième plus grand danseur après Verstappen et Leclerc. Le châtain était aussi le protégé de Wolff, le plus grand metteur en scène et chorégraphe de sa génération.

George avait voulu se défaire de l'ombre de son mentor, non pas qu'il n'appréciait pas Toto, qui était comme un père pour lui. Mais le jeune danseur en avait assez que beaucoup pensent qu'il n'était rien sans lui. Certes, être sous sa supervision avait aidé, mais c'était grâce à son talent que Toto l'avait pris sous son aile, et c'était avec ce même talent qu'il était réclamé partout.

Le metteur en scène avait d'abord été contre l'idée que George participe au projet de Jos. Ce dernier était un homme dur, jamais satisfait, qui poussait ses danseurs à bout, même son propre fils. Mais George avait réussi à le convaincre ; il voulait prouver qu'il en était capable, qu'il méritait sa place. Cela faisait six mois que les répétitions avaient commencé, et Jos se montrait odieux, criant et insultant constamment le jeune danseur.

Carnet de penséeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant