(pdv de Lucas)
Je soupire et sonne pour la cinquième fois à la porte en attendant que Noah se grouille. Je l'appelle -encore- et tombe -encore, sinon c'est pas drôle- sur la messagerie de mon pote. Je lâche un juron et toque dans l'espoir qu'on m'entende plus. Je fais signe à ma mère que je n'arrive pas à le joindre et elle baisse la vitre pour que je vienne la voir. Je m'avance et elle me dit :
- J'appelle sa mère pour qu'il descende.
Elle remonte la vitre pour pianoter sur son téléphone mais au moment où elle le porte à son oreille, la porte s'ouvre sur une petite fille de dix ans.
Elle est en chemise de nuit rose bonbon avec une princesse dessus, ses cheveux frisés sont en pagaille et elle frotte ses yeux endormis avec ses petites mains. J'entends ma sœur taper à la vitre comme une sauvage en cage dans l'espoir d'attirer l'attention de Sophia. Je me tourne vers elle et lui fait signe de se calmer, se à quoi elle répond par...un tirage de langue. Elle me fatigue cette gosse.
Je passe une main sur mon visage afin de lui montrer à qu'elle point je suis exaspéré par son comportement puis reporte mon attention sur le petit être qui se tient toujours dans l'encadrement de la porte. L'air toujours aussi fatiguée, elle me regarde comme si j'étais un inconnu du bataillon. Enfin, son visage s'éclaire et elle fini par articuler entre deux bâillement :
- Lucas ?
Je lui souris, puis hoche la tête. Je lui demande où se trouve son grand frère.
À peine ai-je fini ma phrase, qu'un garçon descend les escaliers à toute allure. Il commence à parler une langue incompréhensible, dépose un baiser sur le front de sa sœur, passe devant elle et ferme la porte à clé derrière lui.
Il me salue par une tape amicale dans le dos et se dirige vers la voiture de ma mère. Nous montons et je donne l'adresse d'Anaïs à ma mère afin qu'elle nous y conduise.
Le trajet est silencieux ; ma sœur fini sa nuit dans son siège auto, un filet de bave s'échappe de ses lèvres ce qui ne manque pas de faire rire aux éclats Noah, ma mère fredonne les paroles d'une chanson qui passe à la radio en tapotant avec son doigt le volant en rythme. Tandis que Noah et moi sommes occupés à nous envoyer des messages afin de ne pas parler à voix haute.
Nous arrivons devant la maison et sortons.
Quand un détail m'interpelle : personne ne nous attend sur le pas de la porte. Je fronce les sourcils et me tourne vers Noah qui semble aussi avoir remarqué ce détail.
Bizarre
On sonne, pas de réponse...
Puis une voix nous interpelle :
- Entrez vite c'est ouvert. Venez m'aider.
Nous échangeons un bref regard puis entendons des cris. On ouvre et ...
Assises sur le canapé, en larmes, Isabelle et Anaïs hurle comme deux folles des paroles incompréhensibles, alors qu'autour d'elles Raphaël et Maël s'affairent à les calmer. On les regarde sans bouger puis les pupilles d'Isabelle se vérouillent aux miennes. Ses larmes reflète une infinie tristesse, elle semble au bord du gouffre. L'étincelle doré dans ses yeux bleus à disparu remplacé par un océan. Son visage et déformé par les larmes qui semblent couler de ses joues depuis un bon moment. Je me fige, incapable de répondre aux questions de Noah. Nos regards toujours encrés l'un dans l'autre, elle semble appeler à l'aide. Elle ferme les paupières une mini seconde je vois de nouvelles gouttes d'eau perlés à ses cils puis couler délicatement sur ses joues humides. Elle rouvre les yeux et quand elle me voit, elle détourne le regard comme si elle avait fait une énorme erreur et cherche un échappatoire ou une solution. Elle s'arrête sur son frère dans un coin pianotant sur son téléphone et le portant à son oreille. Il tourne la tête pour couver sa sœur du regard et la voit le fixer. Il murmure des dernières paroles puis raccroche. Un sourire qui se veut rassurant se forme sur ses lèvres malgré ses yeux rouges qui signifient clairement qu'il a pleuré. Il se dirige ensuite vers le canapé et s'assoit à côté d'Isabelle sans rompre leur contact visuel qui semble chargé de sens. Il s'affale dans les coussins et ouvre ses bras. Il n'en faut pas plus à Isabelle pour se jeter dans ses bras en agrippant son T-shirt blanc comme si il s'agit d'une bouée de sauvetage dans l'océan de ses larmes. Elle pleure silencieusement contre lui sans que nous comprenons la situation.
Puis je me dirige vers Raphaël qui s'affaire autour d'Anaïs qui vomit l'entièreté de ses repas de la journée. Il me voit et son regard deviens plus inquiétant que jamais. Il jette un dernier coup d'œil sur sa copine avant de se tourner entièrement vers moi et de se lever pour le faire face. Dans mon dos, j'entends Noah arriver comprenant qu'il attend aussi les explications. Raphaël laisse son regard courir sur le sol avant de nous retrouver, ouvre la bouche et se lance :
- Écouter les gars, je sais pas comment vous l'annoncer mais de toute façon je le ferai avec Debbie, Angélique et Catie... Il hésite à continuer alors que je sens Noah se tendre sans mon dos angoissé par la suite. Ses mots finissent par rentrer dans mon cerveau et la première chose à laquelle je pense est qu'il a oublié de mentionner Suzie. Mais généralement, on ne l'oublie pas. Il continu :
-...et aussi à Samuel. Et là ça va se compliquer... Enfin bref, les gras, je suis désolé mais Suzie...s'est...
D'un coup, ses yeux s'embrument et il passe une main sur son visage qui semble paniqué face aux révélations qu'il s'apprête à faire. Il étouffe un sanglots dans sa main et là je comprends.
Elle est morte.
Bizarrement je reste figé comme si la terre s'arrête de tourner sous mes pieds. Noah entre dans mon champ de vision et serre Raphaël dans ses bras en lui apportant son soutien dans une étreinte amicale.
Lui aussi a compris.
Raphaël se fige. Nous nous enlaçant jamais. Mais là toutes nos barrières tombent. Et Noah et le premier à les briser. Son corps se soulève trop rapidement et je comprends qu'il pleure. Il laisse ensuite respirer notre ami qui nous a annoncé ça et montre qui le soutient avec une nouvelle accolade amicale. Il se tourne ensuite vers moi et quand il voit mes yeux secs, il essui ses larmes d'un revers de mains. Je regarde la pièce.
Sur le canapé repose toujours Anaïs au dessus d'une bassine en train de vomir ses tripes certainement à cause de l'odeur bien trop présente de nourriture dans la cuisine. À côté d'elle se trouve Raphaël qui a rejoint sa place initiale et lui passe une main rassurante dans le dos en lui tenant ses longs cheveux bouclés de son autre main alors que ses yeux lâchent quelques larmes. Derrière lui, se tient Noah la tête entre les mains en pleine réflexion et chagrin si on en croit l'eau couler de ses yeux et finir sur son pantalon. À l'écart, Isabelle pleure toujours à chaudes larmes contre le torse de son frère jumeau qui la serre fermement dans ses bras en lui chuchotant des paroles rassurante contre son oreille que je suis incapable d'entendre. Ses yeux sont également embrumés et sa faible voix chargé de larmes.
Sur ce canapé, tout le monde pleure.
Dans la pièce, tout le monde est et triste
Dans la maison, tout le monde pleure et est triste de l'horrible nouvelle.
Tout le monde...sauf moi.
Je n'y arrive pas. Je suis... bizarre. Je ne ressent absolument rien. Ni tristesse, ni détresse. Ni rien.
Je suis presque heureux. Heureux pour elle. Elle a décidé ça. Je crois...
Si elle l'a choisi, pour s'apitoyer sur son sort ? Elle ne mérite pas nos larmes alors qu'elle a été si lâche.
Est ce que je lui en veux ?
Certainement.
Mais je ne culpabilise pas de mes sentiments. C'est comme ça.
Elle est morte. Elle s'est très probablement suicidé. Et alors ? La vie continue. Des gens meurent tous les jours. Pourquoi la Terre devrait elle s'arrêter de tourner pour elle ?
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On Edge : Et même après je vous aimerez
Roman pour AdolescentsI love you but you hate me, and that's normal " - J'ai très envie de faire une grosse connerie, mais je suis pas sûre qu'on me le pardonne... Que tu me le pardonnes... - Quoi ? - J'ai très envie de sauter du balcon..." Ça y est, elle est mort...