Chapitre 8 : Arcane

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Arcane


Sauvez-moi. Sauvez-moi. Sauvez-moi.

J'ai été accepté dans les Kuroi Tatsu pour mon plus grand bonheur et un véritable malheur pour d'Aleksandar.

Le problème ?

Sous ordre du serpent blanc -le patron de l'organisation- je dois emménager chez les garçons.

C'est la merde.

Pas que j'aie peur d'eux, mais deux d'entre eux me détestent. Je risque de finir étouffée ou empoisonnée dans mon sommeil avec Aleksandar et Easton sous le même toit que moi. Je vais tout simplement mourir.

Et merde, j'ai besoin d'être un peu seule. Je n'aime déjà pas vivre avec Leif à la maison alors là, avec quatre garçons ? Rectification, j'ai envie de mourir.

Puis je viens d'avoir un appartement rien qu'à moi, un petit nid douillet et luxueux. J'ai toujours vécu avec des autres personnes. Pour une fois, j'avais un habitat pour moi seule. Je ne peux jamais profiter de ces petits moments précieux. Le monde semble s'acharner contre moi, personne ne veut mon bonheur.

-Non, je refuse, s'exclame Leif, tirant ses cheveux de sa paume, montrant son irritation.

-Je n'ai pas le choix, je rétorque en sirotant tranquillement mon café.

Evidemment, il n'est pas question que je montre à Leif que cette situation m'emmerde au plus haut point. Il s'inquiète déjà assez pour deux, et j'adore le contredire.

-Arrête tout. Arcane tout ça, ça devient...trop, murmure-t-il, l'inquiétude s'installant sur l'intégralité de son visage.

-Toi et moi savons que je ne peux pas et ne veux pas arrêter ça, Leif. C'est juste aller m'installer chez eux, il n'y a rien de mal là-dedans.

-Rien de mal ? Je ne pourrai plus te voir quand l'envie me prend. Arcane, je ne sers à rien ici si tu vas vivre chez eux. Et qu'est-ce que tu comptes faire de ces deux connards qui sont prêts à t'éviscérer à n'importe quelle occasion ?

-On pourra toujours se voir, Leif. Tu es là pour me soutenir, pas pour me surveiller. Te savoir dans le coin me rassure plus que tu ne le penses. Je suis au courant qu'ils veulent me tuer, mais tu as oublié que je sais me défendre. Je ne suis pas sans défense, ni seule. Axel ne les laissera pas faire, j'ajoute en posant mon café pour m'avancer doucement vers lui.

Il m'arrive d'oublier que je ne suis pas la seule à avoir subi des pertes, que je ne suis pas la seule à souffrir. Leif et moi vivons le deuil et la mort de façons différentes, mais une chose est certaine : ça nous a rapprochés et nous ne sommes plus que tous les deux. Je sais que je me montre la plupart du temps insensible, peut-être parce qu'au fond je le suis, allez savoir. Mais Leif est l'opposé de moi, et mon insensibilité ne l'aide pas non plus.

-Je ne veux juste pas te perdre. Je sais que j'ai l'air d'un connard qui veut te surprotéger, mais...je ne veux pas devoir assister à tes funérailles. Pas les tiennes. Je ne le supporterais pas, avoue-t-il en baissant le visage, la voix étranglée par l'émotion.

-Et tu n'auras pas à le faire. Je te promets de ne pas mourir, Leif. Tu m'entends ? Je te le promets, jure-je en prenant son visage entre mes mains, pour voir ses traits déformés par la peur.

Le déménagement était inattendu, nous ne l'avons même pas envisagé. C'est ce qui rend la situation complexe, surtout pour Leif qui s'est montré plus sensible avec le temps et ses propres traumatismes.

Il hoche la tête assez fort, évitant de faire couler des larmes de ses beaux yeux marron. Il finit par me serrer doucement dans ses bras, conscient de ma réticence au contact physique affectif. Je réponds tout de même à son geste, hésitante, en passant mes bras autour de sa large carrure pour lui offrir le peu de réconfort que je peux lui apporter.

KAMIYANAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant