Chapitre 10 : Arcane

3 0 1
                                    




Arcane


Je dirige mon regard vers mon épaule, où je découvre avec chance que ce n'est qu'une balle qui m'a frôlée. Une déchirure s'est néanmoins ouverte, laissant une quantité moyenne de sang s'échapper, mais cla pouvait être bien pire.

Cependant, en tournant mon regard vers ma cible, je constate qu'elle ne se trouve plus à sa place et le bruit derrière moi s'est tu.

Merde !

J'ai été distraite, et avec elle, les réponses à mes questions se sont évaporées.

Je me lève et retourne auprès des autres, où Easton est en train d'appeler des hommes pour nettoyer les corps qui traînent et se saisir des armes qui étaient destinées à la mafia russe. Bien que Marat m'ait échappé, la mission est une réussite. Même si elle n'était pas d'une grande envergure, elle me fait gagner des points pour ma mission personnelle.

Mon regard croise celui de Farrel un instant. J'éprouve l'envie de le remercier une nouvelle fois, mais je sens qu'il ne le veut pas. Son regard trahit une certaine incertitude quant à son précédent geste à mon égard et il veut rester seul, ce que je respecte. Je lui adresse donc un simple hochement de tête, qu'il me rend avec la même sobriété.

Soudain, je me sens épiée, un lourd frisson parcourt ma nuque, signe que quelqu'un me scrute intensément.

Evidemment, il s'agit d'Aleksandar.

Ce dernier est adossé à un vieux meuble, tellement délabré que j'ai du mal à croire qu'il puisse supporter le poids du serbe. Son regard, pour autant n'est pas empreint de haine comme à chaque fois, cette fois, ses yeux sont plissés et révèlent une certaine interrogation.

Il ne sait pas quoi penser en me voyant, il semble être ...intrigué ?

Je le vois détourner son attention de mon visage pour se focaliser sur mon bras d'une vitesse impressionnante, comme s'il avait deviné ma blessure sans même l'avoir aperçue. C'est à la fois...étrange et intense. Ses sourcils se froncent, creusant une ride entre eux qui accentue la beauté de son regard.

Je pensais qu'il allait finir par me regarder de nouveau dans les yeux, montrant que cette blessure l'amusait énormément, mais il n'en fait rien. Son regard ne peut se débloquer de mon épaule. Face à cette tension insoutenable, c'est finalement moi qui décide de m'éloigner, de quitter cet endroit pour rentrer chez eux.

***

Je suis actuellement en train de me lutter contre ce maudit téléphone, coincé entre mon visage et mon épaule, tout en essayant d'enrouler la bande autour de ma blessure. Et bordel, c'est vraiment l'une des épreuves les plus compliquées que j'ai dû affronter de toute ma vie.

Malheureusement, je ne peux pas me faciliter la tâche et mettre Leif - avec qui je suis en appel - en haut-parleur, au cas où quelqu'un entendrait ma conversation avec lui. Bien que ce soit presque impossible, le risque zéro n'existe pas.

-Tu mets ton téléphone dans ton cul ou quoi ? Se plaint-il.

-Je t'emmerde, Leif. Je suis en train de me soigner, rétorquai-je d'une voix désespérée.

-Tu es blessée ? S'empresse-t-il de demander, l'amusement ayant disparu de sa voix.

-Rien de grave, détends-toi.

-Ils t'ont fait du mal ? Tu n'as qu'un mot à me dire et je débarque, annonce-t-il fermement, et je sais qu'il ne plaisante absolument pas.

-Comme je te l'ai dit, j'étais en mission. Non, Leif, ils ne m'ont fait aucun mal. J'ai d'ailleurs rencontré le second de la mafia russe, Marat et-, dis-je avant de me faire interrompre par un coup à ma porte.

KAMIYANAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant