J'attendais.
Le chauffeur venait de me déposer et je lui avait recommandé en guise de remerciement de lire mon livre Les Ombres de la Pensée : Éloge du Mensonge et de la Crédulité. Sa tête lorsqu'il était reparti en disait long sur sa volonté de ne plus jamais croiser mon chemin. Je souris à cette pensée.
Je me trouvais dans une cour rectangulaire délimitée par des auvents de verre et un arbre immense trônait au centre, plus large que haut, dont le feuillage était parsemé de fleurs dorées.
Et j'attendais.
Du moins pas pour longtemps.
Exactement au moment où je me demandais si je ne devais pas me rendre moi même quelque part, un homme vint à ma rencontre. Je distinguai d'abord sa démarche vigoureuse et assurée avant de constater – comme l'indiquèrent ses cheveux gris légèrement longs et les rides qui se dessinaient sur son front et au coin de ses yeux – qu'il devait bien être âgé d'une cinquantaine d'années. Une fois à ma hauteur, il s'inclina très légèrement devant moi :
« Mademoiselle Creston, me salua-t-il. C'est un plaisir pour moi de vous rencontrer. »
Je souris à nouveau en remarquant l'emploie du nom "Mademoiselle".
Mon entrevue avec les gardes royaux a manifestement été communiquée dans les moindres détails.
Ou alors c'est tout simplement un homme dont l'âge et l'expérience lui ont appris les bases de la politesse et de la courtoisie.
Et je dois me débarrasser de cette satanée habitude de sourire toute seule pour un oui ou pour un non.
Et de parler toute seule dans ma tête.
On dirait...
Il toussota subtilement et je reportai mon attention sur notre conversation
« Tout le plaisir est pour moi, répondis-je en m'inclinant à mon tour.
- C'est toujours très impressionnant la première fois, glissa-t-il, mettant apparemment mon retard à répondre sur le compte de la stupéfaction face à l'architecture du château. Vous n'imaginez pas la beauté du spectacle en été...
- Je n'en doute pas. Je pourrais passer des heures à contempler uniquement cette cour si je ne craignais pas que la météo ne fasse bientôt des siennes, affirmai-je en levant les yeux vers le ciel chargé de nuages gris. »
Il rit à ma remarque bien que je n'eus rien dit de drôle.
« Pardonnez ma question, repris-je, mais vous êtes...
- Aurelius Lysandor, chargé de liaison et de communication, ainsi que porte-parole du Roi Kayan. Je m'occupe de l'accueil des nouveaux arrivants comme vous et veille à ce que votre intégration se passe au mieux. Ainsi, c'est aussi moi qu'il faut venir voir pour toutes questions, requêtes et demandes, ainsi qu'en cas de problème. Mais il n'y en aura aucun, n'est-ce pas ?, ajouta-t-il avec un sourire avant de planter ses yeux d'un brun chaleureux dans les miens.
- Ne vous en faites pas, rétorquai-je. Vous ne craignez rien avec moi. Le moindre mal que je puisse faire est de vous assommer avec mes théories philosophiques barbantes sur la politesse et les tasses de thé ! »
Tu parles !
Il rit de nouveau.
« Vous êtes charmante. C'est justement pour vos théories philosophiques, qui, j'en suis sûr, sont loin d'être barbantes, que vous avez été conviée à ce prestigieux palais. La Reine Margot sera ravie de converser avec vous. Si vous vous voulez bien m'excuser un instant... »
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Au clair de la lune
Fantasy« Dis papa, pourquoi est-ce que je m'appelle Adreanna ? - C'est... c'est ta maman qui a choisi ce prénom. - Ça veut dire quoi ? - Ça signifie "noir". - Comme la couleur noire ? Mais moi, j'ai peur du noir... Les ombres, ça cache les monstres sous m...