CHAPITRE 9 : Course-poursuite

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En une fraction de seconde, j'attrapai le poignard dissimulé sous mon oreiller. Je connaissais la chambre, j'avais l'avantage dans le noir. Je fermai les yeux, je me concentrai et tentai de repérer la position exacte de l'intrus. Pas l'ombre d'un bruit. Pas une respiration. Le doute m'envahit. Mais avant même de pouvoir m'y attarder, un léger déclic se fit entendre et une faible flamme jaillit d'un briquet. Ce ne fut pas la source de lumière qui me fit paniquer.

C'était l'homme qu'elle éclairait.

Assis sur le fauteuil que j'avais situé juste devant la porte de ma chambre pour davantage de sécurité, il alluma une de mes bougies avec son briquet.

Grand.

Svelte mais vigoureux, carrure imposante.

Il devait me dépasser de quelques centimètres.

La lueur vacillante de la flamme dansait dans ses yeux et laissait entrevoir un sourire narquois. Ce fut la goutte qui fit déborder le vase. Qui qu'il fusse, il était évident qu'il ne me voulait pas du bien. Je n'y réfléchis pas à deux fois avant d'abaisser brusquement les couvertures qui me recouvraient pour effacer ce rictus provocateur d'un coup de poignard bien porté. Mais avant même d'avoir pu poser un pied au sol, je sentis le froid de sa lame pressé contre ma gorge et je me figeai net. Il se mouvait avec une agilité ahurissante. Quelques millimètres de plus et il aurait contemplé mon cadavre à la carotide tranchée gésir dans le sang. Je n'allais pas lui offrir ce plaisir. Je me tint immobile pendant trois secondes, feignant que son arme m'avait dissuadé de tenter quoi que ce soit, avant de lui asséner violemment un coup de coude dans l'abdomen. Il baissa la garde sous le choc, incapable de respirer. J'en profitai pour me faufiler vers la porte de ma chambre, le poignard toujours en main. Il était hors de question que je tue un inconnu dans ma chambre, cela briserait ma couverture. La fuite était ma seule option. Malheureusement, si le fauteuil à présent vide devant la porte était stratégiquement placé pour empêcher quiconque de pénétrer dans ma chambre, il en bloquait également la sortie. Je l'empoignai pour tenter de l'ôter, mais je n'eu pas le temps de dégager entièrement le passage. Je fis volte-face juste à temps pour parer une attaque et envoyai à mon agresseur un coup de poing à la mâchoire avec ma main gauche. Ce ne fut pas assez pour le déstabiliser et il se jeta sur moi à une vitesse déconcertante. Avant d'avoir compris ce qui se passait, mon épaule et ma tête heurtèrent le mur dans un bruit sourd et je lâchai mon arme sous l'impact. Je laissai échapper un grognement quand mon assaillant me plaqua contre les briques blanches pour m'immobiliser. Sa puissante poigne meurtrissait mes bras qu'il tenait fermement dans mon dos. Je sentis du sang dégouliner sur mon front et son souffle chaud contre ma joue. Cela me hérissa. Glissant ma jambe droite entre les siennes, je lui fit perdre l'équilibre un bref instant. Ce fut assez pour me permettre de me dégager de sa prise. Je ramassai mon poignard et me retrouvai face à mon adversaire, entre lui et la porte.

Coup de talon dans l'avant bras.

Il lâcha sa lame.

Un tintement métallique retentit quand elle toucha le sol.

Je fendis l'air avec mon poignard en direction de sa jambe.

Il esquiva.

Je pestai intérieurement

Son pied heurta ma cheville.

Je chancelai sur le côté.

Il saisit l'occasion pour se précipiter vers la porte qu'il déverrouilla sans peine. Il traversa en un clin d'œil le salon et franchit le seuil de l'entrée à mes appartements. L'instant d'après, je me retrouvais à fouler pieds nus le sol froid du couloir à sa poursuite. Ma vision s'accommodait peu à peu à l'obscurité grâce aux rayons de lune qui filtraient à travers les fenêtres du château. J'ignorais mes poumons qui me brûlaient et gardais les yeux fixés sur la silhouette noire qui me devançait, détalant dans le labyrinthe d'escaliers, de couloirs et de galeries. Après quelques minutes, mes jambes commencèrent à flageoler. Il me distança de quelques mètres supplémentaires. Arrivé à un embranchement, il vira à droite. Lorsque je tournai dans la même direction, il avait disparu. Impuissante, je m'affaissai contre un mur, incapable de retrouver mon souffle, et je regardai les ombres engloutir les dernières traces de mon agresseur.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 28 ⏰

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