dans ses bras

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Jordan et Gabriel marchaient dans les rues éclairées par les lampadaires, leurs pas résonnant sur le trottoir humide. La soirée était douce, propice à une sortie qui les éloignait, ne serait-ce qu'un instant, du monde politique pesant. Alors qu'ils avançaient tranquillement, Gabriel remarqua que Jordan s'arrêtait devant une moto noire, élégante mais puissante. Jordan attrapa un casque posé sur le siège arrière et, sans un mot, le lança à Gabriel.

Surpris, Gabriel attrapa le casque au vol, un sourire nerveux se dessinant sur son visage. « Vous êtes sérieux ? » demanda-t-il en riant, une pointe de doute dans la voix.

Jordan, toujours aussi calme, acquiesça avec un léger sourire en coin. « Vous vouliez une soirée normale, sans politique. Rien de mieux que ça, non ? »

Gabriel ne put s'empêcher de sourire à son tour, une lueur d'excitation s'allumant dans ses yeux. « Une soirée normale, hein... » murmura-t-il en ajustant le casque sur sa tête, une part de lui-même appréciant déjà l'idée.

Jordan s'approcha pour s'assurer que Gabriel avait bien mis le casque, ses gestes sûrs et précis. Puis, avec une douceur inattendue, il l'aida à monter derrière lui sur la moto. Le contact était presque naturel, Gabriel se tenant à lui instinctivement alors que Jordan démarrait la machine d'un coup sec. Le moteur ronronna doucement, vibrant sous eux comme une bête puissante et domptée.

Alors que la moto s'élançait dans la nuit, Gabriel inspira profondément l'air frais. L'adrénaline montait en lui au rythme des accélérations de Jordan. Chaque coup de gaz, chaque virage serré, faisait monter en lui un mélange de peur et de plaisir. Mais rapidement, la peur s'effaça pour laisser place à une pure sensation de liberté. Gabriel riait, son rire se perdant dans le vent alors que Jordan, sentant l'euphorie de son passager, jouait avec la route, accélérant parfois brusquement, pour freiner ensuite en douceur, comme pour prolonger ce moment d'insouciance.

À mesure que la route défilait sous eux, Gabriel se détendit complètement, laissant sa joue reposer contre le dos de Jordan. Il serrait les bras autour de lui, comme pour prolonger cette connexion inattendue. La vitesse était maintenant plus stable, Jordan ayant ralenti pour permettre à Gabriel de profiter pleinement du moment. La nuit s'étendait devant eux, sans destination précise, juste le plaisir de rouler, de sentir le vent, et de laisser pour une fois de côté les tracas du quotidien.

Pour Gabriel, c'était plus qu'une simple balade. C'était un moment volé, une parenthèse où, pour la première fois depuis longtemps, il se sentait vraiment vivant, loin des obligations et des peurs qui le tenaillaient habituellement.

La moto ralentit alors qu'ils approchaient d'une petite pizzeria nichée dans une ruelle à l'écart de l'agitation de la ville. L'endroit avait un charme rustique, avec ses lumières chaudes et ses tables en bois, où les conversations animées résonnaient sous le bourdonnement des cuisines ouvertes. Jordan se gara avec habileté devant l'établissement, coupant le moteur dans un vrombissement qui s'estompa rapidement.

Il se tourna vers Gabriel et lui tendit la main pour l'aider à descendre. Gabriel, encore un peu étourdi par la balade, laissa Jordan retirer son casque, les doigts du garde du corps effleurant brièvement ses cheveux désordonnés. Jordan rangea le casque avec soin, un geste presque symbolique de la soirée inhabituelle qui venait de commencer.

Ils franchirent la porte de la pizzeria, et Gabriel fut immédiatement frappé par l'atmosphère bruyante et désinvolte du lieu. Les conversations se mêlaient au son des verres tintant et à la musique en arrière-plan. Il n'y avait rien de sophistiqué ici, mais c'était exactement ce dont il avait besoin : un endroit où personne ne le regarderait comme s'il était le Premier ministre.

Ils s'installèrent à une table près de la fenêtre, et une serveuse s'approcha rapidement, son carnet en main. Elle adressa un sourire à Jordan, ne semblant pas encore reconnaître l'homme assis en face de lui. « Qu'est-ce que je vous sers ? » demanda-t-elle avec un ton enjoué.

i have nothing {attal X bardella}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant