i have nothing {attal X bardella}

grenade

Deux mois s'étaient écoulés depuis que Gabriel avait froidement demandé à Jordan de quitter sa demeure. Le souvenir de leur confrontation, sous la pluie battante, restait gravé dans son esprit, alimentant une rage sourde qui le consumait lentement. Gabriel s'était plongé dans le travail, espérant que cela occuperait son esprit, mais même en étant débordé, il ne parvenait pas à échapper à l'ombre de cette trahison.

Sans que Stéphane le sache, Gabriel continuait de recevoir des lettres de menaces. Ces mots écrits avec une haine glaciale venaient réveiller des peurs qu'il pensait enfouies. Il les cachait, bien à l'abri des regards, dissimulées sous des piles de dossiers, là où personne d'autre que lui ne pourrait les trouver. Il ne voulait pas inquiéter son petit frère Nikolaï, ni même Stéphane. Nikolaï devait être préservé à tout prix.

Nikolaï avait tenté de retrouver sa joie de vivre. Le garçon avait réussi, un temps, à sourire, à jouer et à rire comme avant, mais quelque chose avait changé en lui. Si l'absence de Jordan n'était jamais évoquée, elle planait, comme un poids invisible, dans la maison. Nikolaï semblait partagé entre la joie d'avoir retrouvé Gabriel et l'incompréhension de ne plus voir Jordan. Son regard s'illuminait dès qu'il parlait de souvenirs partagés avec Jordan, mais Gabriel ne pouvait supporter d'entendre ce nom, et chaque mention faisait grandir sa haine.

Pourtant, malgré la colère qui bouillonnait en lui, Gabriel se sentait épuisé. Ces menaces anonymes, le silence qui s'imposait autour de Nikolaï, l'amertume constante qu'il éprouvait pour Jordan, tout cela le minait. Il cachait soigneusement ses inquiétudes, ses souffrances, derrière une façade froide et distante, déterminé à ne pas céder. Mais en son for intérieur, il savait que la présence de Jordan, aussi douloureuse qu'elle ait pu devenir, laissait un vide qui lui semblait impossible à combler.

Les nuits étaient les plus difficiles. Dans l'obscurité, les souvenirs revenaient le hanter. Les moments de complicité, les échanges de regards, les promesses... Tout lui semblait faux maintenant, comme une illusion cruelle qui avait fini par s'effondrer. Il passait des heures à se demander pourquoi, sans jamais trouver de réponse, tandis que le goût amer de la trahison continuait de brûler en lui.

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Dans la lueur grise du matin, alors que Jordan venait de partir, Gabriel se tenait devant la porte close, ses épaules secouées de sanglots qu'il essayait en vain de contenir. La maison semblait soudainement vide, chaque murmure d'habitude familier résonnant comme un écho douloureux. Perdu dans sa peine, Gabriel n'entendit pas les pas légers de Nikolaï qui descendait les escaliers, encore ensommeillé, frottant ses yeux de ses petites mains.

Nikolaï regarda autour de lui, cherchant Jordan, avant de poser ses yeux sur son frère. Gabriel, debout devant la porte, ne parvenait plus à masquer ses larmes. L'enfant, sensible et perceptif, sentit immédiatement la tristesse qui émanait de Gabriel. Sans hésiter, Nikolaï s'approcha de lui, ses petits bras entourant son frère dans un câlin réconfortant.

Gabriel essaya de retrouver son calme, mais les questions innocentes de Nikolaï venaient raviver la douleur. L'enfant demanda doucement : "Où est Jordan ?" À cette question, le coeur de Gabriel se serra davantage, et il ne put retenir un sanglot plus profond. Son petit frère, inquiet de ne pas voir de réponse, resserra son étreinte, tentant de réconforter Gabriel avec une douceur enfantine, même s'il ne comprenait pas pourquoi son grand frère était si triste.

Alors, Stéphane apparut derrière eux, ses traits impassibles, le regard dur. D'une voix froide et tranchante, il s'adressa à Gabriel, ses mots coupant l'air comme une lame : "Séche tes larmes, Gabriel. Tu as l'air ridicule." Puis il se tourna vers Nikolaï, dont les yeux se levèrent, troublés et emplis d'incompréhension. Sans le moindre égard pour sa sensibilité, Stéphane déclara sèchement : "Jordan est parti. Il ne reviendra plus jamais."