Chapitre 3 - Le Retour des Héritiers (1)

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Six années s'étaient écoulées depuis que le Sultan de Ndzuwani (Anjouan) avait quitté l'île pour poursuivre ses études à Maoré (Mayotte). Pendant ce temps, la reine Amina bin Said Ali , avait veillé au développement de son île. Elle avait sacrifié son temps pour s'assurer, qu'à son retour, son fils n'aurait pas à régner sur une île marquée par l'instabilité.

Alors malgré les épreuves, elle avait lutté. Certains ne l'ont pas pris au sérieux car c'était une femme. Ils misaient sur une la chute de son gouvernement, comme ce fut le cas à Mwali (Mohéli), après le départ de Djumbe Zaina. Mais très vite ils se rendirent compte de leur mauvais jugement. Amina avait au contraire réussit à établir un régime stable, qui avait su attirer certains riches investisseurs étrangers, qui avaient même privilégié Ndzuwani aux îles voisines. La beauté des paysages, le folklore et la grâce des anjouanaises avaient su séduire les colons Français pour le grand bonheur du sultanat.

Pendant tout ce temps, la reine Amina avait prié chaque jour pour le retour de son fils bien-aimé. Ce jour-là, alors que le ciel commençait à se parer des premières lueurs de la lumière du jour. Comme chaque matin Amina accomplit ses ablutions, au moment même où le muezzin retentissait dans le palais de Mutsamudu.

Soudain alors qu'elle était dans ses dernières invocations, accroupie sur son tapis, un souffle de vent chaud entra par la fenêtre entrebâillée portant avec lui une énergie familière. Un parfum de musc, de fraîcheur et d'aventure pénétra dans la pièce.

Alhamdulillah, dit-elle tandis qu'une larme s'écoulait sur son visage.

Elle leva les yeux, le cœur battant à tout rompre. Là, dans l'encadrement de la porte, se tenait son fils, revenu après six années d'absence. Son visage était plus mature, ses épaules plus larges, mais ses yeux reflétaient toujours cette même détermination et cette douceur qui lui étaient si chères.

— Ma, souffla-t-il avant de se jeter dans ses bras.

Il l'étreignit avec force, alors qu'elle l'embrassait en pleurant. Achraf en avait rêvé de ce moment où il pourrait à nouveau prendre sa mère dans ses bras. Parfois, quand les conditions n'étaient pas évidentes durant son séjour, il imaginait le visage fier de sa mère et ses tourments disparaissaient aussitôt.

Il s'était promis de ne pas pleurer en la voyant, mais il ne put s'y tenir longtemps. Bien que, ses larmes restèrent le plus discret possible. Il ignorait que sa mère lisait en lui comme dans un livre ouvert, qu'elle avait su au moment même où il avait croisé son regard, à quel point il avait souffert de cet éloignement.

Achraf était attaché à sa mère plus qu'à tout au monde et ne pouvait vivre sans elle. Durant ces six ans, il lui envoyait des correspondances quotidiennement et n'était pas rassuré quand celle-ci prenait plus d'une journée pour lui retourner une réponse. Il ne lui restait plus qu'un parent depuis la mort de son père, et il ne pourrait supporter qu'il lui arrive quoi que ce soit.

— Tu es de retour mon fils, Ndzuwani ne risque plus rien à présent.

Elle se releva et épongea son visage avec le lesso (châle) qu'elle portait, puis prit la direction de la porte. Son fils entoura son bras autour de ses épaules, et ils prirent ensemble la direction de la porte. En la traversant ils croisèrent plusieurs domestiques qui s'étaient positionner derrière la porte, de sorte qu'on ne les aperçoive pas. Quand ils aperçurent Achraf, tous crièrent de joie. Le jeune Sultan, prit de leur nouvelles un par un et Amina, toujours aussi émue, annonça la nouvelle à haute voix :

— Que tout le monde se réveille. Mon fils bien aimé est revenu à la maison. Que les chambres du palais soient décorées avec les plus beaux tapis et les draperies les plus somptueuses.  Faites venir les meilleurs cuisiniers de Ndzuwani et préparez un festin digne de ce nom. Que le palais soit orné des plus belles fleurs du royaume. Chaque coin et recoin doit être embaumé par les parfums les plus enivrants. Informez tous le royaume que le prince Achraf est de retour ! Que les tambours résonnent dans tous le village. Le peuple doit savoir que son prince bien-aimé est de retour. 

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