Le sultan de Ndzuwani savait qu'aucun choix ne s'offrait à lui. L'avenir de son île reposait sur ses épaules. Sa mère avait porté un fardeau si lourd, pendant tant d'années, pour qu'il puisse régner en toute tranquillité. Il ne pouvait pas la décevoir. Il se tenait sur le balcon de son palais. Devant lui, s'étendait une mer d'un vert profond, scintillante sous le soleil. À l'horizon, la mer semblait se fondre avec le ciel, créant un dégradé de vert et de bleu qui, habituellement, apaisait l'âme d'Achraf.
Autour de la mer, une végétation luxuriante s'épanouissait, des arbres majestueux, aux feuillages denses et brillants. Les palmiers et les cocotiers, élancés et gracieux, se balançaient doucement sous la brise marine, tandis que des lianes fleuries descendait en cascade des branches. Au loin, les collines étaient recouvertes de cette végétation dense, qui descendait jusqu'à la côte.
Pourtant, malgré la splendeur de la vue, un voile de mélancolie traversa le regard du Sultan de Ndzuwani. Il savait que même les paysages les plus magnifiques ne pouvait apaiser les tourments de son cœur. Alors doucement, il se retourna, sa chambre était tout aussi majestueuse. Les murs étaient ornés de motifs géométriques finement sculptés. Un parfum enivrant d'encens et de jasmin flottait dans l'air. Sur le sol, un tapis persan, apportait une touche de chaleur sous les pieds du Sultan.
Achraf avança jusqu'au grand miroir au cadre finement ciselé. Il y vit son reflet, il était vêtu de son kandzou et son swadria (gilets brodés sans manche) aux bordures dorées, qui mettait en valeur son teint café. Sa ceinture maintenait en place son janbiyyah (poignard incurvé) . Il recouvrit ses cheveux légèrement ondulés d'un kofia, puis passa sa main sur sa barbe où chaque poil était taillé avec une précision méticuleuse, formant une ligne nette et symétrique qui suivait la courbe de sa mâchoire.
— Achraf, mon chéri, tu es prêt ?
La voix de sa mère le ôta de ses pensées, il s'empressa d'aller la rejoindre et ne fut pas surpris de la trouver juste devant sa porte. Elle semblait rajeunie dans son gaouni à motif jaune, orné de broderies délicates qui tombait avec grâce le long de son corps, accentuant ses légères rondeurs, sans jamais les contraindre. Son cou et son poignet étaient orné de bijoux en argent, richement décorés. Ses cheveux étaient retenus en chignon et dégageait un visage marqué par de charmantes joues rondes, qui accentuaient sa douceur. Son large sourire laissa apparaître de charmante fossette qui illuminait son visage.
— Ce que tu beau Masha'allah, dit-elle avec émotion.
Elle avait dans les mais un petit tube de khôl, elle prit le visage d'Achraf et lui en appliqua sur la ligne de la paupière inférieure.
— Cela me rappelle la rencontre entre ton père et moi.
— Comment était ce ? demanda Achraf qui n'avait jamais eu l'occasion d'en parler.
— Pour être honnête avec toi, horrible. Je ne souhaitais pas me marier, j'avais plutôt pour ambition de devenir médecin, d'être indépendante. Mais mon père n'était pas de cet avis. Alors j'ai refusé toutes les propositions de mariage, en espérant qu'il finisse par abandonner. C'est mal connaître ton grand père. Il était aussi tenace que moi, et ton père, qui venait de terminer ses études, était l'un de ses choix favori. J'ai tout fait pour qu'il se désintéresse de moi. Si tu avais bu ce thé immonde que je lui ai servi quand il s'est présenté pour la première fois, tu en ferais des cauchemars, s'exclama-t-elle en riant, mais, malgré cela, il n'a pas abandonné. Et mon cœur a finit par céder.
Elle prit le visage de son fils entre ses mains :
— L'amour vient avec le temps, mon fils. Choisit avec ton esprit. D'accord ?
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Ufaoumé
Ficción históricaSur l'archipel des Comores, les sultanats s'engagent dans une lutte de pouvoir sous l'influence française. Hachim, sultan ambitieux de Ngazidja et Achraf, sultan surdoué de Ndzuwani, voient leurs désaccords s'intensifier. Tout ceci est compliqué...