Chapitre 2 (1/2)

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Damian se redressa brusquement dans son lit, le souffle coupé, les mains tremblantes pressées contre son torse. Son cœur battait à un rythme effréné, comme s'il cherchait à percer sa poitrine, à s'échapper de ce corps tourmenté par des rêves déchirants. Les cauchemars devenaient chaque nuit plus réalistes, le laissant au bord du gouffre, avec une peur étouffante qui collait à sa peau comme un poison insidieux.

Il resta là, immobile, le visage enfoui dans l'oreiller trempé de sueur, essayant de reprendre le contrôle de sa respiration. Chaque inspiration était une lutte, chaque expiration, une victoire sur l'angoisse qui le rongeait. Le silence oppressant de la nuit s'épaississait, et il se força à bouger, à sortir de cette torpeur glaciale. Lentement, il s'assit, cherchant désespérément à dissiper l'obscurité qui pesait sur lui. Son regard se posa sur la pièce, éclairée uniquement par la faible lueur de la lune filtrant à travers les rideaux. Il se répétait que ce n'était qu'un cauchemar, que la sécurité de sa chambre l'éloignait de l'enfer qu'il vivait chaque nuit.

Mais cette sécurité n'était qu'une illusion fragile. « Aujourd'hui, ce ne sera ni le sous-sol, ni le placard, ni même le réfrigérateur, » avait-elle dit, cette voix cruelle qui hantait ses rêves. « Je sais bien que tu te moques de rester enfermé dans ces lieux pour quelques heures. Aujourd'hui, je vais me contenter de te faire éprouver la douleur de l'endroit où tu iras après ta mort, peut-être que tu t'habitueras à l'avance. » Ces mots, empreints d'une malveillance glaciale, résonnaient encore dans son esprit, leur écho lui rappelant chaque instant de souffrance infligé par sa mère. Damian serra les poings, la rage brûlant dans ses veines à l'idée de son sourire diabolique, de ce briquet qu'elle avait brandi avec une telle satisfaction, prête à l'envoyer dans un enfer plus réel que celui qu'il connaissait déjà.

Il souffla, essayant de chasser ces pensées sombres qui le dévoraient de l'intérieur, mais elles étaient tenaces, accrochées à son âme comme des chaînes. Dans un geste automatique, il saisit la photo de son père sur la table de chevet. La perte de son père était une plaie béante, chaque souvenir ravivant la douleur de son absence. « Tu me manques tellement, papa, » murmura-t-il, les mots s'étranglant dans sa gorge. « Il y a tant de choses que je voudrais te dire. Grand-père est parti après mon dernier cauchemar, pour je ne sais quoi. C'est si difficile sans toi. Si tu étais là, tout serait différent... Maman ne me regarderait pas comme ça, avec cette indifférence glaciale. Elle ne me proposerait pas des solutions absurdes pour essayer de m'enfermer dans un centre. »

Il serra la photo un peu plus fort, les yeux rivés sur le visage souriant de son père, un sourire qu'il ne reverrait jamais autrement qu'à travers ce cadre en plastique bon marché. « Parfois, j'ai l'impression qu'elle s'efforce d'être ma mère, et parfois, qu'elle s'en moque complètement. Et ces cauchemars, papa... Ils sont de pire en pire. Je ne sais plus quoi faire. » Il laissa échapper un rire amer, sans joie, conscient que ces rêves le détruisaient de l'intérieur. « J'ai même des marques sur le corps, des brûlures, des coupures... Comment expliquer ça ? Si je ne fais pas attention, je vais finir par me retrouver en psychiatrie, et ça, je ne peux pas le permettre. »

Il déposa la photo avec précaution, comme si elle pouvait se briser sous le poids de ses tourments. Son regard glissa sur son bras bandée, et il se figea, le souffle coupé. Comment... Il n'avait aucun souvenir de s'être blessé. Pourtant, la douleur était bien là, sourde et lancinante, lui rappelant que ce qu'il vivait dans ses cauchemars n'était pas qu'un produit de son esprit.

— « Merde, non, non, non ! » murmura-t-il, la voix tremblante, alors que la panique montait en lui. Sa main droite, déjà soignée, était la preuve qu'il perdait le contrôle, que ces cauchemars n'étaient plus confinés à ses nuits mais s'immisçaient dans sa réalité. Maman... Si elle voyait ça, elle deviendrait folle. Mais comment lui expliquer ? Comment lui faire comprendre que ces blessures sont réelles, même si leur origine ne l'est pas ?

Les Héritiers Sommers Où les histoires vivent. Découvrez maintenant