— « Seb, Champion, réveille-toi, tu vas être en retard ! » cria la voix de Clara depuis le salon, où elle se préparait pour le travail.
Sebastian, bien qu'il fût déjà éveillé, ne répondit pas. Ses yeux étaient fixés sur le plafond blanc et bleu de sa chambre, ses sourcils froncés sous l'effet d'une réflexion silencieuse. La veille, il avait passé une excellente soirée en compagnie de Steven et d'Elisabeth le cauchemar de tout une vie, mais cela n'avait pas suffi à apaiser le malaise qui l'habitait depuis un certain temps ou du moins depuis qu'il a rencontré Damian. Le simple fait de devoir se lever pour enfiler cet uniforme qu'il détestait au plus haut point lui semblait une corvée insurmontable.
Aller à cet institut, un endroit où il n'avait jamais voulu être, était déjà une épreuve en soi. Mais ce qui le tourmentait encore plus, c'était la présence de quelqu'un qu'il détestait, ou du moins, qu'il croyait devoir détester. Damian. Le simple fait de penser à lui faisait naître en Sebastian un mélange de frustration et de confusion. Ils s'étaient affrontés depuis le premier jour, et pourtant, une petite voix au fond de lui se demandait s'il n'y avait pas quelque chose de plus complexe derrière son trouble.
Peut-être, se disait-il, dans une autre vie, ou dans des circonstances différentes, ils auraient pu être amis. Si Damian n'était pas aussi hautain, si son arrogance ne masquait pas une douleur ou une solitude que Sebastian pressentait parfois, les choses auraient peut-être été différentes. Mais ces pensées étaient rapidement chassées par la réalité de leur situation actuelle. Damian représentait tout ce que Sebastian méprisait, et pourtant, il ne pouvait s'empêcher de se demander s'il faisait bien de nourrir cette haine. Était-elle vraiment justifiée ? Ou était-ce simplement une défense contre des sentiments plus complexes qu'il n'était pas prêt à affronter ?
Clara appela à nouveau, sa voix teintée d'une légère impatience. Sebastian soupira profondément, détournant enfin les yeux du plafond. Il savait qu'il ne pouvait pas rester allongé indéfiniment, mais l'idée de quitter le refuge de sa chambre pour affronter une nouvelle journée à l'institut le remplissait de lassitude. Chaque matin, la même routine se répétait : se lever, se préparer, faire semblant de ne pas être affecté par les regards des autres, par leurs rires et leurs moqueries, par cette hostilité latente qui semblait l'entourer partout où il allait.
Il se redressa lentement, ses muscles encore engourdis par le sommeil. Ses pieds touchèrent le sol froid, un rappel brutal de la réalité qu'il devait affronter. Enfilant son uniforme, il ne put s'empêcher de ressentir une pointe d'amertume. Cet habit symbolisait tout ce qu'il détestait : l'obligation, la conformité, le fait de devoir jouer un rôle dans une pièce qu'il n'avait jamais voulu jouer.
Sebastian se regarda dans le miroir, observant son reflet avec une expression indéchiffrable. Il se demanda s'il parviendrait un jour à trouver sa place dans ce monde où tout lui semblait étranger. Un monde où même les amitiés les plus simples semblaient impossibles, où chaque geste était scruté, chaque mot analysé.
Il inspira profondément, tentant de chasser les pensées sombres qui envahissaient son esprit. Ce n'était pas la première fois qu'il se sentait ainsi, et ce ne serait sûrement pas la dernière. Mais il savait qu'il n'avait pas le choix. Il devait continuer, avancer malgré tout, même si cela signifiait affronter des journées comme celle qui l'attendait.
Sebastian quitta sa chambre, le regard déterminé, prêt à affronter une nouvelle journée dans cet institut qu'il détestait. Mais il n'était pas dupe : derrière cette façade de défi, il savait qu'il traînait un poids lourd sur les épaules, une inquiétude qu'il n'était pas prêt à partager. En entrant dans la cuisine, il trouva Clara, sa mère adoptive, qui l'attendait avec un sourire chaleureux. La table du petit-déjeuner était prête, comme chaque matin, avec des toasts, des œufs, et une tasse de café fumant. Mais Sebastian ne parvint pas à apprécier ce moment. Son esprit était ailleurs, loin de cette cuisine tranquille.
VOUS LISEZ
Les Héritiers Sommers
FantasyDeux frères, issus de mères différentes mais unis par un lien mystérieux, sont séparés à la naissance pour protéger un secret qui pourrait décider du sort de l'humanité. Ignorant tout de leurs origines, ils grandissent avec des vies opposées, cultiv...