A Face from the Past

2 1 0
                                    




Chaque fois que le mouchoir effleure ma blessure, une vague de douleur me traverse, m'arrachant un gémissement que je peine à contenir. La souffrance est telle qu'elle m'emporte peu à peu dans un état de semi-conscience, un flou indécis entre la réalité et l'inconnu. Un médecin, il me faut un médecin d'urgence. Je ne veux pas que cette cicatrice, ce souvenir indélébile, me rappelle son visage chaque fois que je poserai les yeux sur ma main. Les larmes qui coulaient librement se sont subitement arrêtées, me laissant dans un brouillard épais où les contours du monde se brouillent. Ce silence pesant, cette immobilité angoissante. Je réalise que je suis encore debout, tenant ma main blessée, tremblante, comme si elle était un fragment de moi-même que je ne peux plus reconnaître. Je dois avancer, je le sais, mais chaque pas est un défi. Il faut que je me rapproche de lui, cet homme qui semble si distant dans sa tranquillité. Je m'éloigne des ombres lourdes qui semblent se regrouper autour de moi, et je lui adresse la parole, la voix à peine un murmure : « Pourriez-vous, s'il vous plaît, appeler un médecin ? » Les mots s'étiolent dans l'air, incapables de traverser la barrière de son regard. Son visage est une énigme, une pierre froide au milieu de ce tourbillon chaotique. Il ne bouge pas. Son seul geste est de me considérer, et le temps semble s'étirer dans ce silence, où l'urgence de ma situation explose en mille éclats.

Je ressens ma main, la douleur pulsant à travers moi comme un cœur battant : insistant, profond, implacable. Je lutte pour garder les yeux ouverts, pour ancrer mon existence à la réalité, mais chaque seconde passée me précipite un peu plus vers l'inconscience. Le bruit qui m'entoure est une mélodie lointaine, une vibration douce-amère que je perds peu à peu. Mon esprit se dissout, tel un nuage se dispersant dans le vent, tandis que des flots de souvenirs, de peurs et de désirs commencent à m'engloutir. Sa réaction m'échappe. Pourquoi ne dit-il rien ? Pourquoi reste-t-il là, immobile et silencieux ? Cela me fait frémir. Je le vois, pourtant, dans mes pensées floues, comme une silhouette marquante, ses traits définis mais indéchiffrables. Son indifférence me fait vaciller, et je sens un frisson de désespoir m'envahir. Je lutte contre l'amenuisement de mes forces, en essayant de m'accrocher à une pensée, une image, un son, quelque chose qui me ramène à la vie.

Je tente de concentrer mon regard sur lui, mais la pièce tourne lentement. Les murs commencent à se tordre et à se mélanger avec l'obscurité croissante qui se glisse lentement dans mon esprit. Mes jambes faiblissent, et je m'accroche à un meuble, la réalité se dérobant sous mes pieds comme un sol fissuré. Je sais que je dois lutter, que l'espoir est encore quelque part, mais l'obscurité se fraye un chemin, et je sens l'inconscience s'infiltrer, m'aspirant dans ses bras froids.

Je ferme les yeux et, dans un instant de flottement, je sens mon corps s'effondrer au sol. La fatigue m'envahit, et la lutte devient insurmontable. La douleur m'assaillit, rendant l'ouverture des yeux impossible. Je suis piégé dans un tourbillon d'obscurité. Peu à peu, la souffrance s'estompe, comme si le sol cherchait à m'engloutir. Je ne ressens plus rien; je suis complètement perdu...

Devant moi, une scène déchirante se déploie comme un tableau de désespoir. Un jeune garçon, allongé dans les bras d'un autre, lutte contre l'imminence de la mort. Celui qui agonise, Kaden, a une flèche plantée à côté de son cœur, et dans ses yeux, le dernier souffle de vie scintille faiblement. Ses prunelles, aussi brillantes qu'une forêt baignée par le soleil, semblent perdre peu à peu leur éclat. Ses cheveux châtains sont éparpillés sur le sol, tels des feuilles mortes, tristes vestiges d'un printemps radieux. Du sang s'écoule, s'infiltrant dans le sol comme un ruisseau de désespoir. Caspian, l'autre garçon, le visage noyé sous les larmes, reflète la solitude d'une mer calme, tandis que ses cheveux noirs semblent absorber la lumière, tout comme son cœur est en train d'absorber la douleur.

Le Dernier Fils d'EmpireOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz