Ce matin, alors que le soleil se lève, je n'arrive plus à ignorer la vérité.
Mes parents sont morts.C'est ce qu'hurle mon esprit. La nuit, j'aurais pu croire à un rêve. Plus maintenant. J'ai relu l'article une bonne dizaine de fois après m'être réveillée. Les mêmes mots, et ils me font toujours aussi mal.
Je vais à l'école avec Thiago ce matin. Nous croisons Cassiopée devant l'entrée. Eux, ils parlent joyeusement, tandis que mon état ne fait qu'empirer. Je ne parle pas, et pourtant j'aimerais hurler. Hurler au monde ma douleur.
Ils finissent cependant par s'inquiéter de mon silence inhabituel.
- Reste chez toi aujourd'hui. Tu as l'air malade, me conseille Cassiopée, inquiète.
Thiago me regarde, étonné. Moi, malade ? Ça lui semble impossible.
Parfois, je me dis qu'il ne me connait pas. Mais à chaque fois, je me rends rapidement compte qu'il me connait très bien. Mieux que moi-même, d'ailleurs.
Je commence à faire demi-tour, soulagée qu'ils aient compris, quand mon regard croise celui de la directrice.
Je me fige. Elle se met en mouvement, s'approchant de moi. Ses yeux sombres m'observent, comme si j'étais totalement transparente, un livre ouvert. Elle fronce les sourcils. Je pince les lèvres en réponse. Elle se détourne, et je prends ça pour une autorisation de sortie.
Je n'ai jamais compris comment cette femme faisait pour comprendre si bien ce que ses élèves ressentaient, mais je l'adorais. Malgré sa sévérité de façade, elle était très compréhensive. Un rayon de soleil dans cette vie morose.
J'erre sans but dans les ruelles de Cordoue. La colère gronde en moi. J'ai envie de faire payer à ce soldat la mort de mes géniteurs.
Je ne les connaissais pas, et c'est peut-être ça le plus douloureux.
J'avais envie de les connaître.
J'avais besoin de les connaître.
Je me mets à courir, parce que je veux éviter de penser. Arrêter de réfléchir. Se laisser emportée par l'élan, et courir jusqu'à l'épuisement.Les minutes passent.
Je grimace sous l'effort, mais je continue pourtant. Autour de moi, le paysage change, et je me retrouve à nouveau dans la forêt. C'est toujours là que mes pas me mènent, pour une raison inconnue.
Courir, courir, courir, courir, courir, courir, courir, courir, courir, courir, courir, courir, courir, courir, cour...
Mes pieds tapent contre une racine, et je m'écroule sur la terre meuble couverte d'épines avec un soupir épuisé. Ma vision est floue. Les arbres sont si hauts et leurs feuillages si denses que je ne vois pas le ciel, et pourtant je sens la douce chaleur du soleil m'envahir. Une odeur de sève et de pin flotte sous mon nez. La rosée matinale dont est recouvert les rares brins d'herbe humidifie mes habits. La froid me glace la peau.
Mon souffle s'apaise lentement.
J'ai toujours aussi mal. Plus qu'avant, même, je crois.
Parce que je sais que je ressentirait toujours cette douleur.
Certains disent que ça disparaît avec le temps. Je sais que c'est faux. C'est nous qui nous nous adaptons à la douleur. C'est nous qui en faisons une habitude. Volontairement.
La tristesse ne disparaitra jamais.
Ça me rassure. La tristesse causée par leur mort ne s'effacera jamais, et part ailleurs, je me souviendrai toujours d'eux.
Qui suis-je pour avoir ce genre de pensées ?
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J'ai mis beaucoup de temps pour publier ce chapitre, mais le voici.
Il est un peu plus court que d'habitude, désolée.Vous en avez pensé quoi ? (positif comme négatif)
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Le Sablier 1: Le temps où nous étions enfants
ParanormalAïsha Ruiz est une petite fille espagnole de dix ans au passé trouble, qui vit au rythme des bêtises qu'elle commet en compagnie de son ami Thiago. Leurs vies basculent le jour où ils rencontrent Cassiopée Warren, une enfant de leur âge. Car ave...