Chapitre 4

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Lise ne voulait pas me dire ce qui était arrivé à mes parents. Elle s'obstinait à sourire calmement et à répondre aux mots que je lui envoyait par des petits dessins d'étoiles ou de coeurs.

Je mourrais d'envie de me lever en plein cours de français pour lui mettre une baffe.

Mais comme je suis très calme, patiente et non-violente, j'ai simplement attendu une opportunité pour ma blague. Entre-temps, je l'avais ajustée, et elle n'était plus aussi drôle, mais elle me permettait de me venger de Lise.

Il fallait juste que la maîtresse remarque que je n'avais rien sorti de mon sac depuis le début du cours, et que des larmes coulaient sur mes joues. J'avais bien entendu eu la mauvaise idée de me mettre en fond de classe, pensant que ça renforcerait l'effet dramatique, mais je n'avait pas prévu que la nouvelle maîtresse serait complètement aveugle - au deuxième degré, hein.

Au bout d'une heure, épuisée, je me mis à sangloter bruyamment. Je dû attendre que Samuel - le gars trop gentil qui veut toujours aider tout le monde - le fasse remarquer à la maîtresse pour que celle-ci vienne vers moi.

C'est pas trop tôt.

Bref. Elle arriva vers moi, après avoir chargé Samuel de surveiller le reste de la classe. Le pauvre. Il m'a regardé avec des yeux de chat, comme si je pouvais le sauver. Tout le monde à l'école - sauf notre maîtresse, visiblement - sait que Samuel Gram à une peur bleue du tableau.

- Comment t'appelle-tu ?

Je la regarde sans comprendre, étonnée. Les maîtresses, normalement, connaissent le nom de chaque élève bien avant la rentrée, non ? Enfin, avec les autres, ça a toujours été le cas... Une maîtresse qui ne connait pas mon nom... C'est du jamais vu.

Mais ça m'aidait grandement.

- Li... Lise..., murmurait - je, essayant de tenir mon rôle.

- D'accord. La maitresse avait une voix calme et rassurante, et je dut me faire fureur pour ne pas arrêter immédiatement de pleurer. Lise, pourquoi pleure-tu ?, me demanda elle.

J'ai gardé le silence, tandis que la vraie Lise me regardais, suppliante.

Je lui ai offert mon plus beau sourire. Je sais que je n'étais pas gentille avec elle, mais elle avait été détestable avec moi, et s'il y avait quelque chose que je faisais à la perfection, c'était bien me venger. Ce que j'allais faire aujourd'hui était minime, comparé à ce dont je me sentais capable. Mais Lise, d'une manière que je ne comprenais pas vraiment, réussissait à... m'attendrir, ou quelque chose du genre.

Je levais mes yeux trempés de larmes vers la maîtresse.

- J... Je n'ai rien..., ai-je répondu, essuyant frénétiquement mes larmes.

La maîtresse sortie de la classe, me tenant par le bras. Une fois dans le couloir, elle me regarda avec de gros yeux. On aurait dit le hamster des CE1.

- Écoute moi bien, ma petite Lise. Je suis ta professeur. Donc c'est moi qui décide. J'ai mise en place des règles. Et ces règles, tu dois les respecter. Elles sont accrochés au tableau. Ah, et aussi, si il n'y a rien, on ne pleure pas. Et sort tes affaires de ton cartable. Suis-je claire ?

Je l'ai regardée, étonnée. J'ai toujours eu l'impression que les maîtres et les maitresses avait reçus une formation pour essayer de connaître - et de régler, au passage, parce que les adultes se croient capables de tout - les problèmes de leurs élèves.

Je crois que ma maîtresse avait raté la formation.

J'ai hoché la tête, parce qu'il serait idiot de faire le contraire. Je ne suis pas folle.

Nous rentrons en classe.

Je m'assoie à ma place et attends. La maîtresse reprends son cours. Au bout d'une bonne demi-heure, elle se rends enfin compte que je n'ai pas bougé. Je suis toujours assise bien droite sur ma chaise. Et si mes yeux ne pleure plus, mon bureau et toujours aussi vide.

Finalement, n'en pouvant plus, elle se tourne vers moi et me fusille du regard.

- Lise, si tu ne sors pas tes affaires, je vais devoir te punir.

Je la regarde, faisant mine d'être étonnée.

- Je... Madame, je n'ai pas mes affaires. Aïsha les à retirés de mon cartable ce matin, dis-je, ce qui n'était pas faux.

Quelques rires se font entendre.

La maîtresse affiche une moue déçue.

- Lise, je suis désolée, mais tu es virée de classe pour aujourd'hui.

Me lançant un dernier regard meurtrier, la vraie Lise se lève et sort de la classe.

La maîtresse me regarde, la regarde, sans comprendre. Les pièces du puzzle s'assemblent lentement dans son esprit.

Je lui offre mon plus beau sourire, et je me lève alors que la sonnerie retentit.

Salutations chers lecteurs et cheres lectrices. Je tenais juste à m'excuser pour les fautes d'orthographe et de conjugaison présentes dans ce livre. Merci encore de le lire.

Le Sablier 1: Le temps où nous étions enfantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant