Doppia Vita

Chapitre 33: L'ardore dello scontro

PDV Seyalia

Le médecin a terminé de m'ausculter et me donne enfin l'autorisation de sortie. Je me lève, non sans mal. Mes côtes me lancent, enflées par les coups, et mes jambes tremblent encore sous l'effort. Je réprime un soupir de douleur tout en changeant rapidement la robe de chambre pour un jogging et un t-shirt. Pas question de montrer une quelconque faiblesse, même si chaque mouvement m'arrache une grimace.

Anson entre dans la pièce à cet instant précis. Son regard s'attarde sur mon visage, il devine sans mal ma fatigue. Il m'offre son aide, et bien que cela me coûte de l'admettre, je ne refuse pas. Cependant, à ses questions, je reste muette. Les mots se bousculent dans ma tête, mais aucun ne franchit la barrière de mes lèvres. La fatigue m'écrase, me vole ma voix, et je déteste cette vulnérabilité.

Anson fronce les sourcils, inquiet, mais malgré tout, je n'arrive pas à le rassurer. Je tente de murmurer quelque chose, mais ma voix n'est qu'un souffle inaudible. Le médecin s'approche à nouveau, un regard professionnel, détaché, avant de remettre l'ordonnance à Anson. Ce dernier, toujours plus préoccupé, interroge le médecin.

— Pourquoi est-ce qu'elle n'arrive pas à parler ?

— Elle est encore sous le choc, répond calmement le médecin. La fatigue n'aide pas. Elle a besoin de repos, beaucoup de repos. Soyez patient avec elle, ses capacités reviendront avec le temps.

Anson acquiesce, mais je capte dans ses yeux une pointe de doute. Peu importe. Je serre les dents et nous descendons ensemble à l'accueil pour finaliser les papiers de sortie.

À l'entrée, Kyle et Alessio nous attendent. Alessio me fixe d'un regard perçant, mais je détourne le mien. Lui ne semble pas aussi affecté que moi, son corps est encore robuste, même s'il a sûrement encaissé bien plus de souffrance. Mais il ne montre jamais rien. Il préfère jouer les indifférents, les impassibles, et cela m'agace autant que ça m'impressionne.

Je l'ignore délibérément, une vague de honte me submerge. C'est à cause de moi qu'il s'est jeté dans la gueule du loup, à ma seule demande. Malgré tout, il n'a jamais failli. Un remerciement reste coincé dans ma gorge, trop fier pour s'exprimer. J'enfile mon manteau, signe les derniers papiers d'une main tremblante, et sans un mot de plus, nous nous dirigeons vers nos voitures respectives.

Mon regard croise brièvement celui de Kyle une dernière fois, mais je m'en détourne aussitôt. Trop de choses restent à dire. Mais ce n'est ni le lieu ni le moment.

***
Résidence des Messina
14h28

Nous arrivons enfin chez lui, et tout ce que je désire, c'est de plonger dans un lit pour enfin dormir. Chaque pas est une épreuve. Je saisis la béquille, m'appuyant lourdement dessus pour entrer dans la maison. Bien que je connaisse déjà les lieux, je préfère qu'il m'indique lui-même le chemin. Pas question de faire la moindre erreur ou de montrer que je me perds.

Anson, visiblement partagé, me dépose avant de partir à contrecœur pour préparer son rendez-vous de ce soir. Il a réussi à le décaler, car il devait initialement avoir lieu hier. Il y assistera à ma place, une responsabilité que je lui ai confiée.

Kyle, silencieux mais présent, m'aide à gravir les escaliers. Une tâche simple pour lui, mais pour moi, chaque marche est une victoire. Nous atteignons finalement la chambre que j'avais occupée il y a quelques mois. Le même lit, les mêmes murs... Rien n'a changé. Même-moi, je suis méconnaissable, affaiblie et vulnérable, deux choses que je déteste. Je m'allonge sur le lit, me forçant à ignorer la douleur lancinante.

— Alessio voulait te parler. Tu veux que je l'appelle, ou tu préfères te reposer ? demande Kyle, toujours aussi pragmatique.

Je réfléchis un instant, puis acquiesce. Je dois au moins remercier Alessio, et surtout m'excuser. Kyle sort de la pièce, me laissant seule quelques minutes. Je m'installe contre le dossier du lit, mes pensées tourbillonnant dans ma tête, trop fatiguée pour les organiser.