toujours j’ai pris l’habitude d’écrire pour les anniversaires,
pleurer des litres entiers d’eau salée et célébrer tout cela dans le souvenir,
mais l’anniversaire de la mort c’est en silence que je le caresse.
à chaque enterrement son anniversaire,
à chaque crémation son souvenir,
à chaque nuit son rêve récurrent.c’est comme ça que cela fonctionne chez moi,
par habitudes,
rituels.
maintenant, c’est à chaque souvenir son allumette.j’ai toujours pris l’habitude d’écrire pour les anniversaires,
mais celui de la mort,
jamais.
moi qui toujours veut me souvenir il y a des choses que j’ai évincées il y a de cela bien longtemps,
alors en ternir la trace devient de plus en plus difficile.toujours rempli-e d’habitudes je gratte le papier je le déchire le le mâche et l’avale
mais qui fête l’anniversaire de sa propre mise à mort ?le jour de ces célébrations-là, la frontière s’efface.
ce que je pensais avoir rêvé s’incruste tout d’un coup sous mes ongles.
ce geste-là est violent.
longtemps je l’ai ignoré — il est bien entendu plus simple de faire comme cela,
mais à force d' années les anniversaires se font de plus en plus bruyants, alors je ne peux plus oublier.
je perds cette aisance là de l’oubli,
ce luxe je dirais même,
bien qu’avec le temps je me sois rendu compte que bien que plus confortable, ce dernier n’en est pas moins douloureuxles anniversaires nous rapprochent de la mémoire
ils demeurent comme un point d’ancrage,
un menhir presque,
qu’il serait alors difficile d'omettre.je n’ai jamais demandé à maman l’anniversaire de mort de sa mère mais je crois que ce genre de choses se voient.
je crois qu’elle en parle plus,
qu’elle me dit que mes yeux ressemblent au siens,
qu’elle pense à elle.
je le sais.
ce sont le genre de choses qui se savent sans vraiment se dire.j’aimerai en connaître la date pour moi aussi pouvoir parler avec elle avec plus d’aisance,
plus simplement,
comme je n’ai jamais pu le faire.
c’est sûrement cela qu’il me manque
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désolé pour l'absence j'étais trop occupé-e a m'inhumer
Poetryhistoires de morts et de toutes autres fêtes. parce que cueillir les fleurs a la racine ne suffit plus pour célébrer l'abandon de soi - la chute de ses héros - la mort de ses yeux.