je n’ai jamais assisté à un enterrement, si ce n’est le mien.
et encore, personne n’était convié ces soirs-là, aucune cérémonie ne fut faite, si ce n’est celle accomplie avant de fermer les yeux la tête sur du linge blanc,
taché,
toujours
(car tous mes draps ont finis tachés avec le temps)je n’ai jamais assisté à un enterrement,
pas même à celui de la maman de maman,
ni à celui d’H. récemment, trop effrayé-e peut être,
peur que cela ne m’endurcisse trop ou bien au contraire,
que j’en ressorte pétrifié-e pour de bon,
bien incapable de regarder la mort encore enface dans les deux trous de ses yeux baillantsje n’ai jamais assisté à un enterrement,
si ce n’est le mien.
aucune bougie ne fut allumée,
ni de fleurs jetées sur mon corps
aucune coupe bue en mon nom ni mot récité en ma mémoire,
ce n’est pas faute d’en être obsédé-e,
personne n’en prendra soin,
de ma mémoire à moiet chaque matin le cirque recommence,
c’est sans fin presque,
le souvenir de ma crémation
je n’ai jamais assisté à un enterrement si ce n’est les miens
chacuns organisés méticuleusement
je les regarde avec envie
les observe avec beaucoup d’attentionje suis fait-e de rituels
alors la mort en est rapidement devenue untoujours opérée dans le silence,
la nuit éternellement, jamais le jour
je n’écoute pas de musique, il ne faudrait pas faire trop de bruit
pas de larmes, jamais, aucunes, toujours de sang froid, pas d’excès,
(je n’ai jamais été très doué-e avec les excès)
millimétrée chronométrée presque il ne faudrait pas que cela prenne trop de temps.
si la mort elle, est rituelique,
son avortement ne l’est pas.
parfois indésiré, je m’en aperçois le lendemain matin
d’autres fois trois doigt dans la gorge je l’invoque
– à chacun-e ses méthodes –
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désolé pour l'absence j'étais trop occupé-e a m'inhumer
Poesíahistoires de morts et de toutes autres fêtes. parce que cueillir les fleurs a la racine ne suffit plus pour célébrer l'abandon de soi - la chute de ses héros - la mort de ses yeux.