Emily quitta la salle à manger, le cœur lourd et l'esprit en proie à un tourbillon d'émotions contradictoires. Le tapis épais sous ses pieds ne parvenait pas à amortir le poids de sa honte et de son humiliation. Elle avait cru pouvoir résister à Alexander, préserver une part de sa dignité. Mais ce soir, en s'agenouillant devant lui, en mangeant à même sa main, elle avait franchi une ligne qu'elle ne savait plus comment retraverser.
Elle se retrouva dans le couloir sombre, sa silhouette frêle projetant une ombre vacillante sur les murs ornés de tableaux anciens. En franchissant la porte de sa chambre, elle s'arrêta net. Ses yeux balayèrent la pièce, s'attardant sur chaque détail. Les murs étaient nus, dépourvus de tout ornement, et le mobilier se limitait à une simple commode et une petite table de chevet. Mais ce qui la frappa le plus, c'était l'absence totale de lit.
Emily resta un moment interdite, cherchant désespérément quelque chose qui aurait pu lui échapper. Mais il n'y avait rien, pas même un matelas au sol. Le froid de la réalité s'insinua en elle, la glaçant jusqu'aux os. Elle allait devoir dormir par terre, comme un animal. Tout comme elle avait mangé ce soir-là, à ses pieds, réduite à l'état de simple créature, indigne de partager les privilèges des humains.
Un frisson parcourut son échine tandis qu'elle se laissait glisser contre le mur, ses genoux repliés contre sa poitrine. Elle se sentait piégée, sans échappatoire. Le luxe apparent de la maison d'Alexander n'était qu'une façade, un voile dissimulant la cruauté sous-jacente de son maître. Chaque détail, chaque objet, chaque espace semblait conçu pour la rappeler à sa place, celle d'une chose, d'une possession.
Les heures passèrent, et Emily demeura immobile, ses pensées tourbillonnant comme un orage sans fin. Elle se remémorait la soirée, les yeux d'Alexander fixés sur elle, la texture de sa peau contre sa langue. La honte la submergeait, mais elle ne pouvait nier l'excitation étrange qu'elle avait ressentie, cette sensation troublante d'être possédée, d'appartenir à quelqu'un. Même si ce quelqu'un était un homme aussi impitoyable qu'Alexander.
Emily resta recroquevillée contre le mur pendant ce qui lui sembla des heures, son esprit en proie à un tumulte d'émotions. Le froid du sol s'insinuait dans ses os, mais elle ne bougeait pas, comme paralysée par le poids de sa nouvelle réalité.
Soudain, la porte s'ouvrit brusquement. Alexander se tenait dans l'encadrement, son imposante silhouette se découpant dans la pénombre du couloir. Ses yeux balayèrent la pièce avant de se poser sur Emily.
"Qu'est-ce que tu fais encore là ?" demanda-t-il, sa voix un mélange de surprise et d'irritation.
Emily se leva maladroitement, ses membres engourdis protestant à chaque mouvement. "Je... je ne savais pas où aller," murmura-t-elle, sa voix à peine audible.
Alexander la fixa un long moment, son visage indéchiffrable. Puis, sans un mot, il lui fit signe de le suivre.
Ils traversèrent les couloirs silencieux de la maison, Emily marchant timidement derrière son maître. Ils s'arrêtèrent devant une porte massive que Alexander ouvrit d'un geste assuré.
"C'est ma chambre," annonça-t-il en entrant. "Tu dormiras ici désormais."
Emily pénétra dans la pièce, ses yeux s'écarquillant devant le luxe qui l'entourait. Un immense lit trônait au centre, entouré de meubles en bois précieux. Mais ce qui attira son attention, c'était le tapis épais et moelleux au pied du lit.
"Là," dit Alexander en désignant le tapis. "C'est ta place."
Emily comprit. Elle n'aurait pas de lit, mais ce tapis serait infiniment plus confortable que le sol nu de l'autre chambre. Elle s'avança timidement vers le tapis, s'y agenouillant avec précaution.
Alexander commença à se déshabiller, ignorant ostensiblement la présence d'Emily. Elle ne put s'empêcher de l'observer du coin de l'œil, fascinée malgré elle par sa musculature puissante.
Une fois nu, il s'allongea sur le lit. "N'oublie pas ta place," dit-il simplement avant d'éteindre la lumière.
Dans l'obscurité, Emily s'allongea sur le tapis, son corps appréciant la douceur du tissu après la dureté du sol. Elle pouvait entendre la respiration régulière d'Alexander au-dessus d'elle, sentir sa présence écrasante.
Elle resta éveillée longtemps cette nuit-là, son esprit en ébullition. Qu'est-ce que cela signifiait ? Pourquoi l'avait-il amenée ici ? Était-ce une récompense pour sa soumission lors du repas ou un nouveau test ?
Emily savait une chose : sa relation avec Alexander venait de prendre un nouveau tournant. Elle était entrée dans son espace le plus intime, mais restait à ses pieds, comme un animal de compagnie. La contradiction de sa situation la troublait profondément.
Alors que le sommeil la gagnait enfin, une pensée s'imposa à elle : elle était prise au piège d'un jeu dont elle ne comprenait pas toutes les règles. Un jeu où sa soumission était à la fois sa prison et peut-être sa seule chance de survie.
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Mieux vaut les chiens [DARK ROMANCE]
RomanceDans les rues sombres de la ville, Emily, une jeune femme brisée par la vie et ses addictions, croise le chemin d'Alexander Stone, un milliardaire solitaire et énigmatique. Désespérée, elle accepte son offre : en échange d'un toit, elle devient sa p...