Mieux vaut les chiens [DARK ROMANCE]

Les liens de la soumission

Les jours suivants s'écoulèrent dans une routine éprouvante pour Emily.

Chaque matin, elle était réveillée par Clara qui venait changer ses bandages et vérifier ses blessures. La domestique restait stoïque face aux marques de violence sur le corps de la jeune femme, appliquant ses soins avec des gestes professionnels mais dénués de réelle compassion.

Emily subissait en silence ces soins forcés, consciente que toute résistance ne ferait qu'attirer les foudres d'Alexander. Son esprit restait hanté par les images de son dealer assassiné cette nuit-là, lui rappelant constamment à quel point son bourreau était impitoyable.

Les journées s'égrainaient, ponctuées par les repas de pâtée pour chiens qu'Alexander apportait avec des gestes dédaigneux. Emily mangeait rapidement, sous le regard insistant de son geôlier, sachant que toute once de nourriture laissée pourrait être prise par les rottweilers affamés.

Les "leçons" d'Alexander étaient brutales, mais Emily ne pouvait nier l'étrange satisfaction qu'elle ressentait en les surmontant. Elle se haïssait pour ça, tout en admirant malgré elle la force et la détermination de son geôlier.

Emily mangeait rapidement, sous le regard insistant de son geôlier, sachant que toute once de nourriture laissée pourrait être prise par les rottweilers affamés.

Dans les rares moments de calme entre ces routines éprouvantes, Emily sentait le collier peser lourdement autour de son cou, symbole tangible de sa captivité. Chaque jour, elle luttait contre le désir grandissant de s'y habituer, de l'accepter. La haine qu'elle éprouvait pour Alexander se mêlait à une fascination malsaine qu'elle ne comprenait pas.

Puis vint le jour où Alexander décida de procéder à une forme de désintoxication forcée. Emily remarqua immédiatement son air soucieux lorsqu'il vint l'observer à travers les barreaux.

"Les résultats du bilan de santé sont arrivés," lâcha-t-il d'un ton grave.

Emily se raidit, pressentant que rien de bon n'allait en découler. Alexander s'accroupit devant elle, ses yeux glacials plongés dans les siens.

"Tu es alcoolique et droguée. Si je n'avais pas croisé ta route, tu serais probablement morte dans un mois ou deux."

Sa voix était dénuée de la moindre once de compassion. C'était un simple constat clinique, froid comme la lame d'un scalpel.

Emily demeura silencieuse, attendant la sentence avec appréhension. Elle savait qu'Alexander n'était pas du genre à laisser passer une telle faiblesse.

"Je vais mettre quelques cachets dans ta nourriture ce soir et pour la suite. Je compte sur toi pour bien tout manger. Je n'ai pas besoin d'une chienne malade."

Un frisson glacé parcourut l'échine d'Emily. La perspective d'une désintoxication forcée l'emplissait d'effroi. Elle imaginait déjà les affres du manque, la douleur lancinante qui l'attendait.

Pourtant, une part d'elle se surprit à ressentir une once de gratitude malsaine envers Alexander. Malgré ses méthodes cruelles, il semblait vouloir prendre soin d'elle, à sa manière tordue.

Emily hocha la tête avec résignation, consciente qu'elle n'avait pas d'autre choix que d'obtempérer. Alexander lui caressa brièvement les cheveux dans un geste faussement paternel.

"Bien. Je savais que tu comprendrais. Une chienne obéissante mérite des récompenses."

Le soir venu, Emily mangea docilement la pâtée infâme qui lui était servie, sentant un arrière-goût amer et médicamenteux sur sa langue. Alexander l'observait, un rictus satisfait aux lèvres.

"Avale tout comme une brave fille. C'est pour ton bien."

Emily termina son repas, la gorge nouée par l'appréhension. Elle ne réalisa que trop tard la portée des mots d'Alexander. Cette désintoxication n'était pas une faveur, mais une nouvelle forme d'emprise sur elle.

La nuit fut une torture sans nom. Les affres du manque la tenaillèrent, son corps se tordant de douleur tandis que la sueur ruisselait sur sa peau. Emily gémissait, ses os semblant se briser de l'intérieur tant la souffrance était insoutenable.

Au plus fort de ses convulsions, Alexander vint la visiter dans sa geôle. Il s'agenouilla près d'elle et lui éponge délicatement le front avec un linge humide.

"Je sais que c'est difficile mais c'est pour ton bien," murmura-t-il. "Tu me remercieras un jour."

Emily ne répondit rien, ses cris étranglés déchirant le silence de la nuit. Alexander resta auprès d'elle, une présence à la fois menaçante et presque réconfortante dans ce maelström de souffrance.

Lorsque les premiers rayons de l'aube percèrent, Emily était épuisée mais en vie. Les symptômes de manque commençaient à s'estomper, remplacés par une sensation de fragilité extrême.

C'est à ce moment qu'Alexander décida de lui apporter sa récompense. Il entra dans le chenil, un large bol de porridge à la main.

"Tu as été si brave cette nuit," souffla-t-il. "Une telle force mérite d'être récompensée."

Il tendit le bol à Emily qui le saisit d'une main tremblante. La simple odeur du porridge chaud suffit à lui arracher des larmes. C'était son premier vrai repas depuis des jours.

Emily se jeta sur la nourriture avec une gratitude mêlée de honte. Chaque bouchée était une bénédiction après les tourments de la nuit. Lorsqu'elle eut terminé, reput pour la première fois depuis des semaines, Alexander lui sourit presque avec tendresse.

"Tu vois, je prends soin des miens. Obéis, et tout ira bien."

Il quitta le chenil, laissant Emily seule avec ses pensées confuses. Sous la douleur résiduelle du manque se cachait une terrifiante sensation de reconnaissance envers son bourreau. Alexander venait de la briser davantage.

Les jours suivants s'écoulèrent dans la même routine, entre privations et récompenses aléatoires selon les humeurs d'Alexander. Emily commençait à dépendre entièrement de lui, son esprit se consumant dans l'attente de ses prochaines visites.

La jeune femme avait basculé dans un état de soumission malsaine. Cette relation toxique, aussi déséquilibrée soit-elle, était devenue son seul ancrage dans cette existence d'abus et de déshumanisation. Emily se raccrochait à Alexander comme un naufragé à sa bouée de sauvetage, incapable de réaliser à quel point ce lien était en train de la détruire.