L'ombre du désir

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La nuit était profonde lorsqu'Emily fut tirée de son sommeil agité par le grincement de la porte du chenil. Dans la pénombre, elle distingua la silhouette imposante d'Alexander. Son cœur s'emballa, mélange de peur et d'anticipation.

Il s'approcha lentement, comme s'il craignait de l'effrayer. À la faible lueur de la lune, Emily vit son visage. Pour la première fois, elle y discerna une vulnérabilité qu'elle n'aurait jamais cru possible chez cet homme. Ses traits habituellement durs étaient empreints de tristesse et de culpabilité.

Alexander s'accroupit près d'elle et tendit sa main, paume ouverte. Emily comprit instantanément. Il s'attendait à ce qu'elle le morde, comme la dernière fois, quand il lui avait ordonné de le punir pour ses erreurs.

Mais cette fois-ci, quelque chose avait changé en Emily. La colère et la rancœur qui l'habitaient auparavant s'étaient muées en quelque chose de plus complexe, de plus profond.

Au lieu de mordre, Emily approcha doucement son visage de la main tendue. Avec une tendresse qui la surprit elle-même, elle commença à lécher les doigts d'Alexander. Elle sentit son corps se raidir de surprise, puis se détendre progressivement.

Enhardi par ce geste, Emily saisit délicatement le poignet d'Alexander et l'attira vers elle. Leurs regards se croisèrent, chargés d'une intensité presque insoutenable. Sans un mot, Alexander se laissa guider.

Dans l'espace confiné du chenil, leurs corps se rapprochèrent. Cette fois-ci, il n'y avait pas de violence, pas de domination brutale. Leurs lèvres se trouvèrent dans un baiser fiévreux, libérant toute la tension accumulée.

Leurs vêtements tombèrent rapidement, leurs peaux nues se frôlant dans l'obscurité. Emily sentit les mains d'Alexander parcourir son corps, non plus comme un maître possessif, mais comme un amant avide de découverte.

Lorsqu'il la pénétra, ce fut avec une douceur qu'elle n'aurait jamais cru possible venant de lui. Leurs corps s'unirent dans un rythme lent et profond, chaque mouvement chargé d'émotions qu'aucun d'eux n'osait nommer.

Emily sentit son plaisir monter, différent de la dernière fois. Ce n'était plus une explosion brutale et honteuse, mais une vague lente et puissante qui l'emportait. Elle enfouit son visage dans le cou d'Alexander, étouffant ses gémissements contre sa peau.

Cette fois-ci, Alexander ne se retira pas. Elle le sentit se tendre contre elle, son souffle s'accélérant. Puis, dans un grognement sourd, il se libéra en elle. Cette sensation nouvelle, cette chaleur qui se répandait en son sein, marqua Emily plus profondément qu'elle ne l'aurait cru possible.

Après que leurs corps se soient séparés, Emily resta allongée dans l'obscurité du chenil, son esprit en proie à un tourbillon d'émotions contradictoires. Le corps d'Alexander était chaud contre le sien, sa respiration régulière indiquant qu'il s'était endormi.

Emily fixait le plafond, incapable de trouver le sommeil. Son corps était parcouru de sensations nouvelles, un mélange de plaisir et de douleur qui la troublait profondément. Elle avait ressenti du désir, un désir brûlant qu'elle n'aurait jamais cru possible envers l'homme qui l'avait tant fait souffrir.

"Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ?" murmura-t-elle pour elle-même, sa voix à peine audible.

Elle repensa à tout ce qu'Alexander lui avait fait subir : l'humiliation, la douleur, la déshumanisation. Chaque souvenir était comme un coup de poignard dans son cœur. Et pourtant, elle ne pouvait nier la chaleur qui l'envahissait quand il la touchait, la sécurité qu'elle ressentait dans ses bras.

Emily se tourna légèrement, observant le visage endormi d'Alexander. Dans son sommeil, il semblait presque vulnérable, loin de l'homme impitoyable qu'il était éveillé. Elle tendit la main, hésitant à toucher sa joue, puis la retira brusquement.

"Je devrais le haïr," pensa-t-elle, les larmes lui montant aux yeux. "Je devrais vouloir le tuer pour tout ce qu'il m'a fait."

Mais elle ne pouvait pas. Quelque chose en elle s'était attaché à lui, malgré tout. Était-ce de l'amour ? De la dépendance ? Du syndrome de Stockholm ? Elle n'en savait rien, et cette incertitude la déchirait.

Emily se leva doucement, faisant attention à ne pas réveiller Alexander. Elle s'approcha de la grille du chenil, agrippant les barreaux jusqu'à ce que ses jointures blanchissent. Une partie d'elle voulait crier, hurler sa frustration et sa confusion au monde. Une autre partie voulait se blottir contre Alexander et ne plus jamais le quitter.

"Je suis devenue folle," murmura-t-elle, appuyant son front contre le métal froid. "Comment puis-je ressentir ça pour lui ? Comment puis-je vouloir être avec l'homme qui m'a brisée ?"

Elle resta ainsi un long moment, tiraillée entre son désir de fuir et son besoin de rester. Finalement, elle retourna près d'Alexander, se glissant contre lui. Il bougea dans son sommeil, l'attirant instinctivement plus près.

Emily ferma les yeux, une larme solitaire coulant sur sa joue. "Je suis perdue," pensa-t-elle alors que le sommeil la gagnait enfin. "Perdue entre la haine et l'amour, entre la peur et le désir."

Cette nuit-là, ses rêves furent un mélange chaotique de passion et de violence, d'amour et de haine, reflétant le conflit qui faisait rage dans son cœur.

Alors que les premières lueurs de l'aube commençaient à poindre, Alexander se détacha doucement d'elle. Il la regarda longuement, une émotion indéchiffrable dans les yeux. Puis, sans un mot, il se leva et quitta le chenil.

Emily resta allongée, son corps encore vibrant de leur étreinte. Elle savait que rien ne serait plus jamais comme avant. Cette nuit avait marqué un tournant dans leur relation, ouvrant la porte à des possibilités qu'elle n'osait encore imaginer.

Tandis que le sommeil la gagnait enfin, Emily se demanda ce que l'avenir leur réservait. Une chose était sûre : le jeu entre eux venait de prendre une toute nouvelle dimension.

Mieux vaut les chiens [DARK ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant