Emily fixait la carte de crédit d'Alexander, son esprit en ébullition. Chaque luxueuse vitrine qu'elle croisait lui rappelait sa cage dorée. Elle pourrait tout acheter, se venger... Mais à quoi bon ? Ce ne serait qu'un cri silencieux, vite étouffé.
Son regard accrocha l'enseigne clignotante d'un salon de tatouage miteux. Une idée germa, d'abord informe, puis de plus en plus précise. Un tatouage. Pas un simple dessin, mais une déclaration gravée dans sa chair.
Elle revit en un éclair son passé : la petite fille terrifiée par son père, la junkie désespérée, la captive brisée par Alexander. Chaque visage qu'on lui avait imposé, chaque identité qu'on avait voulu lui donner.
"Arrêtez-vous," ordonna-t-elle à Dmitri, sa voix tremblant légèrement.
Dans le salon, l'odeur d'encre raviva des souvenirs douloureux. Combien de fois s'était-elle piquée, risquant tout pour un moment d'oubli ? Aujourd'hui, elle choisirait la douleur pour se souvenir.
"Je veux un loup," dit-elle à l'artiste, sa voix plus assurée. "Ici." Sa main se posa sur son cœur.
Un loup. Sauvage, indomptable, survivant envers et contre tout. N'était-ce pas ce qu'elle était devenue, ce qu'Alexander avait fait d'elle sans le vouloir ?
"Avec des mots," ajouta-t-elle. "Libre à jamais."
Chaque piqûre de l'aiguille était une affirmation. De son passé qu'elle acceptait enfin. De son présent qu'elle défiait. De son futur qu'elle revendiquait.
Quand elle se regarda dans le miroir, ce n'était plus le reflet d'une victime qu'elle voyait. C'était une survivante. Une femme qui avait traversé l'enfer et en était revenue plus forte.
Elle savait qu'Alexander serait furieux. Qu'il y aurait des conséquences. Mais pour la première fois depuis longtemps, elle n'avait pas peur. Ce loup sur sa peau était son armure, sa déclaration d'indépendance.
Alors qu'elle retournait au manoir, Emily sentait le poids de sa décision. Ce n'était pas juste un acte de rébellion. C'était une promesse faite à elle-même. Quoi qu'il arrive, une part d'elle resterait toujours libre.
Le trajet de retour au manoir se fit dans un silence écrasant. Emily, assise à l'arrière de la voiture, sentait la brûlure de son tatouage sous le pansement, dissimulé sous ses vêtements. Cet acte n'était pas qu'une simple marque ; c'était un défi silencieux, un rappel de qui elle était encore. Pourtant, alors qu'elle s'approchait du manoir, une tension la gagnait. Elle savait qu'elle allait devoir affronter Alexander, et qu'elle devait le faire pour protéger les autres. Elle devait assumer seule les conséquences de ses actes.
En arrivant, un domestique l'accueillit, la conduisant silencieusement à travers les longs couloirs du manoir. Chaque pas semblait alourdir l'atmosphère, résonnant comme un présage de ce qui allait suivre. Lorsqu'ils atteignirent la porte du bureau, le domestique l'ouvrit, et Emily entra, le cœur battant.
La pièce était faiblement éclairée, les rideaux tirés laissant filtrer une lumière tamisée qui créait une ambiance feutrée. Alexander était assis derrière son bureau, ses yeux d'un bleu glacial la fixant dès qu'elle franchit le seuil. Il ne dit rien, mais le léger sourire qui courbait ses lèvres révélait une anticipation froide. La tension dans l'air était palpable.
Emily s'avança, ses pas résonnant dans le silence de la pièce. Au lieu de se diriger vers le coussin près du bureau, où elle s'agenouillait habituellement, elle resta debout, droite, face à lui. Elle devait parler, assumer ses actes, pour que personne d'autre n'en paie le prix. Son regard défiait celui d'Alexander, plein de détermination.
Alexander leva les yeux de ses papiers, et un sourire glacial se dessina sur ses lèvres. "Tu sembles fière de toi," dit-il doucement, chaque mot soigneusement mesuré. "Ce tatouage... tu penses vraiment qu'il te donne du pouvoir sur moi ?"
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Mieux vaut les chiens [DARK ROMANCE]
Roman pour AdolescentsDans les rues sombres de la ville, Emily, une jeune femme brisée par la vie et ses addictions, croise le chemin d'Alexander Stone, un milliardaire solitaire et énigmatique. Désespérée, elle accepte son offre : en échange d'un toit, elle devient sa p...