LOST SOUL

Chapitre 17

HINÈZ

   — J'ai envie de vomir...murmure Chanil près de mon oreille.

Sacha éclate aussitôt de rire pour la énième fois en dix minutes. Déjà sobre il lui en faut peu, mais là un rien le fait rire. La plupart du temps je trouve qu'il a un rire contagieux mais au vu de la situation je m'abstiens de l'imiter. J'essaie juste de soutenir le corps de Chanil qui tient en équilibre sur mon dos, et en dépassant Sacha plié en deux, se tordant de rire, je me demande comment j'en suis arrivé là. Porter Chanil pour le ramener chez moi...c'est impensable. Même si j'ai la réponse, je me retrouve à le porter parce que monsieur nous a fait un caprice de gros bébé, refusant de nous suivre...

— T'as pas intérêt à gerber sur moi, on es bientôt arrivés, maugrée-je en resserrant ma prise sous lui pour le maintenir sur mon dos correctement.

J'évite de faire le moindre mouvement brusque en marchant, de peur qu'il ne me vomisse dessus. Chanil n'es vraiment pas lourd, j'ai d'ailleurs l'impression de porter un poids plume depuis tout à l'heure. Le problème c'est qu'il ne fait pas le moindre effort pour s'accrocher à moi, sa tête repose seulement sur une des mes épaules en me compliquant la tâche sur la longueur. De plus à chaque pas, je crains de le laisser tomber.

Quand va-t-il arrêter de me compliquer la vie ?

Au bout de quelques minutes à marcher à travers les rues new-yorkaises, nous arrivons enfin en bas de notre immeuble. Pour ma plus grande joie. Sacha entreprend d'entrer le code d'accès ce qui me serait impossible à faire avec les mains prises.

Une fois dans l'ascenseur, Chanil se laisse un peu plus aller contre moi, en décalant sa tête sur le côté vers mon cou...je ressens aussitôt son souffle chaud atterrir directement sur ma peau. Ses lèvres toutes proches de moi me frôle presque, me faisant craindre d'effectuer le moindre mouvement. J'essaie de ne pas réagir mais c'est trop tard. Dans ma poitrine mon coeur s'affole déjà de cette nouvelle proximité.

— Tu sens bon...lâche le blond en manquant de peu de me faire sursauter.

Il a parlé dans un murmure si inaudible que j'espère avoir mal entendu. Je me redresse surpris, mais cela lui arrache un gémissement plaintif. J'ai du mal entendre, et dans le cas contraire, il est complètement bourré, il ne pense pas ce qu'il dit.

— Tu sens bon...j'aime bien, répète-t-il

Cette fois, la tonalité de sa voix était plus forte. Assez pour atteindre les oreilles de Sacha. Je me tourne alors vers lui et nous éclatons de rire dès que nos regards se croisent. Mon meilleur ami sort son téléphone et commence à filmer proche du visage de Chanil.

— Hé...Chanil, regarde la caméra, lui demande Sacha en rigolant.

L'intéressé laisse à peine échapper un soupir, en regardant son reflet dans le miroir de l'ascenseur, je remarque que non seulement ses paupières s'ouvrent difficilement, pour un courte durée parce qu'elles finissent par se refermer directement. Mais surtout son reflet me ramène au triste état dans lequel il est, ses jambes avec des genoux complètement écorché pendent d'un part et d'autre de mes hanches. J'ignore complètement le petit pincement que je ressens au cœur, m'interdisant de ressentir trop de peine pour lui. Chanil reste ce qu'il est malgré tout, cela ne me fera pas oublier tout ce qu'il m'a fait.

La moindre réaction chez lui fait rire Sacha désormais, un grand sourire étend ses lèvres alors qu'il recule pour prendre un plan de moi et mon fardeau.