Chapitre 1

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PARTIE 1 : IMMERSION



CHANIL

  La lumière du soleil filtre à travers la fenêtre de ma chambre. Je pousse long un soupir, j'ai l'impression que le poids de mes membres ne fait que s'alourdir. Cela rend le simple fait de me lever encore plus difficile.

    Déjà une heure que je suis là à ruminer mes pensées au lieu de profiter de mes derniers instants avec ma mère. Je suis tellement lâche que je m'apprête à l'abandonner à nouveau, en préférant m'isoler seul dans ma chambre...Le seul endroit de cette maison où je peux encore profiter du calme, pendant que mes yeux se perdent dans la contemplation du plafond blanc.

   J'ai hâte de partir d'ici.

   Ces deux dernières semaines m'ont parues interminables, comme si chaque jour s'étirait à l'infini. Savoir que je me trouverais bientôt loin de cette maison me libère d'un poids. Pour moi, partir c'est bien plus qu'un simple changement de décor. C'est une évasion, un refuge et une chance de tout laisser derrière moi. 

   Le cliquetis de la porte annonçant l'arrivée de ma mère me tire de mes pensées. Je me redresse et me tourne vers elle. Sa silhouette se tient dans l'encadrement et son visage crispé la trahi, ce qui contraste avec sa bonne humeur habituelle. Je connais ma mère mieux que personne et je sais qu'elle déteste me savoir loin d'elle. Son regard de couleur sombre, entre le roux et le noir, croise le mien. J'y perçois l'inquiétude qu'elle essaye de dissimuler.

   Un noeud se forme dans ma gorge, si seulement je pouvais rester auprès d'elle, à l'abri. Mais je sais que c'est mieux ainsi. Enfin c'est ce que j'essaye de me persuader.
Carla, ma mère, est sans doute la seule et unique personne qui va me manquer dans cette maison.

   Lorsque elle entre dans la pièce, son regard redevient doux et son sourire retrouve sa place sur ses lèvres.

— Ça va aller ? Tu es prêt, demande-t-elle d'une voix qui se veut assurée.

   Je me force un sourire mais qui reste sincère avant de répondre :

— Oui, je crois.

  Je l'entends soupirer alors qu'elle regarde ma grosse valise, prête depuis hier soir, qui trône au milieu de la pièce. Je me lève et ma mère affiche une grimace en en se tournant vers moi.

— Pourquoi faut-il toujours que tu partes ? Je ne t'ai presque pas vu de tout l'été !

   Voilà qu'elle commence. Quand je pense à quel point je lui fait de la peine...j'ai envie de me laisser engloutir par le sol. Elle ne mérite surtout pas ça après tout ce qu'elle a enduré pour m'élever toute seule. Mais je n'ai pas le choix. Je ne me sens plus à ma place dans ce foyer. Je les ai assez fait souffrir comme ça.

   Ils seront mieux sans moi.

   Je hausse les épaules en marmonnant une réponse incompréhensible. C'est alors que Carla fronce les sourcils en se précipitant vers moi. Elle m'attire dans ses bras
faisant tomber ma casquette parterre. Je suis tout de suite accueilli par sa chaleur. La sécurité et le réconfort que je ressens quand je suis près d'elle. Je ne comprendrai jamais l'amour inconditionnel qu'elle me porte. Je ne la métrite pas.

LOST SOULOù les histoires vivent. Découvrez maintenant