Épisode 4 : Sauce secrète et secrets sanglants

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Vous savez ce qu'on dit : le succès attire les ennuis comme un steak saignant attire les vampires. Et croyez-moi, chez "Bloody Delicious", on en savait quelque chose. Après notre ouverture mouvementée et la visite surprise de Vladimir Von Burger, j'aurais dû me douter que les choses allaient devenir... compliquées.

Règle de survie en entreprise vampirique n°34 : Quand votre sauce secrète devient l'objet de tous les désirs, rappelez-vous que dans le monde des vampires, l'espionnage industriel peut être mortellement littéral. Et parfois, terriblement maladroit.

Notre matinée avait commencé comme d'habitude : un chaos organisé teinté d'hémoglobine synthétique. Samantha, notre scientifique en chef aux cheveux perpétuellement ébouriffés, jonglait avec des fioles de sang synthétique dans la cuisine. Ses lunettes de protection, couvertes de taches rouges, lui donnaient l'air d'un savant fou sorti tout droit d'un film d'horreur comique.

— Eurêka ! s'écria-t-elle soudain, brandissant une fiole qui brillait d'un éclat rouge inquiétant. J'ai trouvé le parfait équilibre entre onctuosité et fluidité !

— Fantastique, Sam, répondis-je en essayant d'éviter les éclaboussures. Mais rappelle-toi, on cherche à nourrir nos clients, pas à créer la prochaine arme biochimique.

Elle me lança un regard qui signifiait clairement "tu ne comprends rien à l'art", avant de retourner à ses expériences.

Pendant ce temps, Rex, notre chef de la sécurité au physique de catcheur et au cœur d'artichaut, menait une séance d'orientation pour les nouveaux employés. Et quand je dis "orientation", je veux dire "démonstration de techniques de combat anti-vampires qui feraient pâlir Van Helsing".

— Et voilà comment on neutralise un vampire récalcitrant avec une simple paille et un sachet de ketchup ! proclamait-il fièrement, exécutant une prise de judo sur un mannequin d'entraînement habillé d'une cape.

Les nouvelles recrues, un mélange de vampires fraîchement convertis et d'humains audacieux (ou désespérés, selon le point de vue), le regardaient avec un mélange de terreur et d'admiration. L'un d'eux, un type pâle nommé Vlad (oui, je sais, pas très original pour un vampire), semblait particulièrement fasciné, prenant frénétiquement des notes.

Et puis il y avait Lily... Ah, Lily. Notre responsable marketing était dans son élément, planifiant notre prochaine campagne publicitaire avec l'enthousiasme d'un général préparant une invasion. Ses cheveux aux mèches colorées volaient autour de son visage alors qu'elle griffonnait des slogans sur un tableau blanc.

— Mike ! m'appela-t-elle en me voyant passer. Que penses-tu de "Bloody Delicious : Un festin à vous faire sortir du cercueil" ?

Mon cœur fit un bond. Était-ce à cause du slogan accrocheur ou simplement parce que c'était Lily qui le disait ? Probablement un peu des deux.

— C'est... sanglant bon ! répondis-je avec un sourire idiot. Tu as vraiment le don pour donner envie aux gens de se faire mordre... euh, je veux dire, de venir manger chez nous.

Elle rit, un son qui aurait pu réchauffer même le cœur le plus froid (et croyez-moi, dans notre clientèle, ce n'est pas une métaphore).

— Oh, Mike, tu es tellement...

Mais avant qu'elle ne puisse finir sa phrase (et potentiellement me donner une crise cardiaque), un fracas assourdissant retentit dans la cuisine. Nous nous précipitâmes pour voir ce qui se passait, et c'est là que ça a commencé. Le moment où notre journée est passée du statut de "normale" à "complètement dingue".

Vlad, notre nouvelle recrue au nom peu original, avait trébuché et était tombé directement dans notre broyeur à déchets industriel. Un silence horrifié s'abattit sur la cuisine, uniquement rompu par le bruit de broyage et les "ouch" occasionnels de Vlad.

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