Fast Food Sanglant

Épisode 1 : Le petit-déjeuner est servi

Vous savez ce qu'on dit : "L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt." Eh bien, dans un monde dominé par les vampires, l'avenir appartient surtout à ceux qui savent quand se coucher. Mais je m'égare...

Cinq ans. Cinq longues années depuis que notre monde est passé du statut de "menu" à celui de "buffet à volonté" pour nos nouveaux maîtres à canines. Et me voilà, Mike Donovan, 29 ans, ancien employé de fast-food devenu expert en survie urbaine et futur entrepreneur de l'apocalypse, en train de parcourir les ruines de ce qui fut jadis une métropole grouillante de vie.

Règle de survie en entreprise vampirique n°15 : Dans un monde de prédateurs, soyez le cafard - résilient, adaptable, et franchement difficile à tuer.

Je me faufile entre les carcasses rouillées de voitures abandonnées, mon sac à dos rempli de gadgets improvisés cliquetant doucement. Au loin, j'entends le cri d'un vampire. Ou peut-être est-ce juste le grincement d'une enseigne mal fixée. Dans ce nouveau monde, mieux vaut pécher par excès de prudence.

Soudain, une silhouette sombre apparaît au coin de la rue. Ni une, ni deux, je plonge derrière une poubelle renversée, mon cœur battant la chamade comme un batteur de heavy metal sous acide.

— Du calme, Mike, me dis-je à voix basse. Tu as survécu cinq ans dans cet enfer. Ce n'est pas un petit vampire de rien du tout qui va te faire perdre ton sang-froid.

Je grimace à mon propre jeu de mots involontaire. Décidément, l'apocalypse n'a pas amélioré mon sens de l'humour.

La silhouette s'approche. Je retiens mon souffle, prêt à utiliser mon arme secrète : une bombe aérosol remplie d'essence d'ail ultra-concentrée. Son nom de code ? Le "Deo-dents". Oui, je sais, je travaille encore sur le marketing.

Au moment où je m'apprête à bondir, la silhouette trébuche et s'étale de tout son long, révélant... un mannequin de vitrine. Je pousse un soupir de soulagement mêlé d'exaspération.

— Bravo, champion, me dis-je en me relevant. Tu viens de te faire effrayer par le plus grand danger de l'apocalypse : la mode des années 80.

C'est alors que je le vois : un bâtiment à moitié effondré, avec une enseigne familière qui pend de travers. "Burger Palace". Mon ancien lieu de travail, devenu maintenant le symbole de tout ce que j'ai perdu... et de tout ce que je compte reconstruire.

Alors que je m'approche du bâtiment, les souvenirs affluent. Le jour de l'apocalypse, Lily et moi nous étions réfugiés dans mon appartement. Pendant une semaine, nous avions vécu dans un cocon, planifiant notre avenir improbable de restaurateurs pour vampires. Mais Lily... Lily était partie. "On ne peut pas rester enfermés indéfiniment, Mike," avait-elle dit. "Et en plus, on ne fait rien du tout." Ses mots résonnent encore dans ma tête, comme un rappel constant de ce que je dois accomplir.

Je secoue la tête pour chasser ces pensées. Ce n'est pas le moment de se laisser aller à la nostalgie. J'ai une mission : rassembler une équipe pour mon projet fou de fast-food pour vampires. Et je sais exactement par où commencer.

Le laboratoire abandonné se dresse devant moi, ses fenêtres brisées reflétant la lumière blafarde de la lune. C'est ici que, selon les rumeurs, une scientifique folle continue ses expériences malgré la fin du monde.

J'entre avec précaution, évitant les débris de verre et les équipements renversés. Soudain, un bruit de bulles et un grésillement attirent mon attention. Je me dirige vers la source du son, et c'est là que je la vois : une femme aux cheveux gris ébouriffés, penchée sur un appareil qui ressemble à un croisement entre un mixeur et une machine à laver.

— Euh... bonjour ? dis-je, tentant de paraître aussi peu menaçant que possible.

La femme sursaute, se retourne brusquement et... je trébuche sur un câble, m'étalant de tout mon long à ses pieds. Bravo pour l'entrée théâtrale, Mike.