Chapitre 105

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Annie Fonteneau remarqua les sourcils un peu froncés d'Adel et sa mine grave, lorsqu'il s'assit, et elle demanda donc sans attendre :

« Il y a un souci, monsieur de Larose-Croix ?

– Hein ?! sursauta-t-il presque. Euh, non... Enfin, pas vraiment. J'espère juste que mon père va se tenir... Il est comment dire... Un brin sanguin... ?... Quand il est contrarié. Et là, il est en face de mon mari, qui est en quelque sorte l'incarnation de tout ce qu'il exècre, donc bon...

– À ce point ?

– Un artiste très à gauche et homosexuel, qui en plus a corrompu son fils ?... soupira Adel sombrement en croisant les bras. Ouais, on va pas se mentir, il coche pas mal de cases, là. »

Le juge hocha pensivement la tête :

« Je vois. »

Elle s'accouda en plaquant ses mains l'une contre l'autre :

« Je ne vais pas mentir, votre père est effectivement une personne qui me semble très problématique.

– Doux euphémisme.

– Quels sont vos rapports actuels avec lui ?

– Inexistants, ce qui me va très bien, vu comment ça se passait avant et comme ça s'est passé samedi... »

Elle hocha à nouveau la tête.

« J'ai lu les rapports des policiers. »

Il se renfrogna et tourna la tête.

« Pourriez-vous me fournir les rapports médicaux, en particulier psychiatriques, sur ce qui vous est arrivé ? »

Adel fronça les sourcils plus avant et la regarda avec suspicion :

« Vous pensez que je suis cinglé et pas capable de gérer ma fille ?

– Non, mais comme je n'ai aucun doute sur le fait que votre ex-femme va tenter de vous attaquer là-dessus, avoir des expertises médicales prouvant le contraire me permettrait d'y couper court. »

Il la regarda, à moitié convaincu, mais il était bien obligé d'admettre que, qu'elle soit sincère ou pas, elle ne pouvait pas ignorer ses passifs traumatiques.

« D'accord, je vous transmettrai ça.

– Où en êtes-vous de vos soins ?

– Je suis en fin de rééducation pour ma prothèse. J'y vais encore deux fois par semaine pour quelque temps, mais on peaufine.

– Et au niveau psychologique ?

– Je suis sous traitement et suivi par une psychiatre spécialisée dans les cas comme les miens.

– Les traumatismes de grands blessés de guerre ?

– Oui.

– Bien.

– Docteur Scott. Je peux vous donner son contact, si vous voulez.

– Un certificat médical suffira dans un premier temps.

– D'accord. »

Elle nota tout ça et reprit :

« Donc, nous disions. Votre ex-femme et vos enfants habitent chez vos parents. C'est suite à votre divorce ?

– Non, ça a toujours été comme ça.

– Vous aviez décidé de rester vivre avec eux ?

– Non, non. Ils ont décidé.

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