2 - partie 1

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OCTOBRE 1998 - Londres

Cinq mois s'étaient écoulés depuis que Harry Potter avait vaincu Voldemort.

Bien que les cicatrices de la guerre était encore vives pour beaucoup, le monde des sorciers était en pleine reconstruction. Le Ministère fondait un nouveau monde sans Voldemort, un monde qui se corrigeait et s'émancipait petit à petit des sinistres idées instaurées par le Mage Noir.

Après la bataille de Poudlard, Draco Malfoy ne voulait plus rien venant de sa famille. Il voulait s'éloigner un temps. Être seul.

Depuis la mission que Voldemort avait confiée au fils Malfoy, celui-ci s'était retrouvé face à lui-même. Face à ses peurs et à ses limites. Le jeune homme qui avait toujours voulu suivre les pas de son père avait réalisé qu'il n'était pas aussi mauvais qu'il l'avait imaginé.
Lorsqu'il avait pointé sa baguette sur Albus Dumbledore en haut de la tour d'astronomie, la vérité l'avait frappé de plein fouet: il faisait face à sa conscience.
Le blond vivait dans un chagrin constant.

Il restait isolé dans sa chambre, étendu sur son lit, bien trop large pour lui, a fixait le plafond. Celui-ci pouvait sentir le poids de son corps se fondre dans des draps. Il était comme figé, incapable de bouger.

Narcissa semblait préoccupée par l'inertie de son fils. Elle lui avait apporté à mangé, lui avait pris la main.

— Pourquoi es-tu si triste Draco ? soupira-t-elle, en passant doucement sa main sur la sienne.

Il frémit. Il détestait quand sa mère tentait d'avoir ce genre de discussion avec lui.

D'ordinaire, Draco n'avait pas un tempérament empreint de tristesse, il en était conscient.
Pourtant, il se retrouvait là, allongé, vide.
Sa vie ne trouvait pas son sens.

La tension intérieure entre ses désirs d'isolement et son envie de rédemption et de confort grandissait en lui.

À chaque pas mis dehors, les têtes se tournaient dans sa direction, il sentait les regards haineux des gens autour de lui. Il voulait marcher dans la rue en sachant que personne autour de lui ne savait qui il était.

Le blond avait trouvé tout ça dans un bar moldu, le Silver Cross.
Une fois l'obscurité tombait, il se levait. Ses longues jambes étaient fébriles, engourdies. Il transplanait difficilement dans une petite ruelle sombre uniquement éclairée par le Silver Cross.

Il y passait une bonne partie de ses nuits, un verre à la main, jamais vide plus de cinq minutes.

Un soir, Draco avait rendu visite à un fidèle ami qu'il savait dans la même tourmente que lui, Blaise Zabini.

Les deux serpentard étaient restés assis en silence durant de longues heures, chacun un verre à la main et une bouteilles de whisky pur feu qui trônait au milieu de la table.

Draco estimait Blaise bien plus que tous ses autres anciens camarades de classe. Contrairement aux autres, il n'avait jamais eu peur de dire à Draco ce qu'il pensait vraiment, que cela lui plaise ou non.
Mais ce soir-là, il n'avait rien dit. Il s'était contenté d'ouvrir la porte, de regarder Draco dans les yeux quelques secondes avant de baisser la tête et de le laisser entrer. Leurs regards étaient chargés d'une tristesse partagée.

Le lendemain, Draco avait emménagé dans le nouvel appartement moldu de Blaise, ignorant les tentatives de dissuasion de ses parents.
— Draco, mon chéri, nous devons rester unis ! Montrer que nous sommes une famille solide !

Allongé sur le canapé trop petit de Blaise, Draco regardait par la fenêtre face à lui. La nuit avait recouvert l'entièreté de la ville. Un unique lampadaire était resté allumé, éclairant les appartements à quelques mètres. À cette heure-ci, seules les âmes tourmentées et les jeunes étudiants ivres étaient encore éveillés.

Draco aperçu un petit groupe de moldus titubant dans la rue, des bouteilles de vodka dans les mains, riant aux éclats.
Il se replongea dans ses années à Poudlard. Il avait prétendu détester cet endroit bien trop de fois.
La vérité était qu'il se sentait plus serein là-bas que dans son propre foyer. Il n'avait jamais manqué de rien sur le plan matériel, compte tenu de la richesse de sa famille, mais il ne s'était jamais vraiment senti chez lui nulle part. Les cinq premières années à l'école de sorcellerie lui avaient apporté de la sécurité et du confort.
Les nombreuses soirées dans la salle commune de Serpentard en 5eme année lui manquaient. Theodore Nott. Pansy Parkinson. Marcus Flint. Gregory Goyle.
C'était leurs convictions sur la supériorité de sang pur et leur vanité qui les avaient rassemblés. Pourtant, même si les croyances néfastes de Draco avaient changé après la guerre, ce groupe lui manquaient.

Mais il était bien trop vide, bien trop abîmé pour y faire quoi que ce soit. Il tourna sa tête vers le plafond, le regard vide. Il savait pertinemment ce qui allait se passer s'il s'endormait.
Les images du corps de l'ancien directeur de Poudlard tombant de la tour, l'expression horrifié de Goyle chutant dans les flammes vers une mort certaine, lui-même baignant dans son sang dans les toilettes de Poudlard.
Le poids de ces images le tourmentaient même au cours de la journée. Toutefois, c'était encore pire la nuit. Ses cauchemars le plongeaient dans une spirale infernale et destructrice, le faisant sombrer peu à peu.

À quelques pâtés de maisons, Astoria Greengrass fixait le plafond, l'angoisse étouffant toute pensée rationnelle.
Elle aussi avait peur de s'endormir.

L'Orbe de Sang  - Draco MalfoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant