14

22 3 8
                                    






Draco venait de traverser le hall silencieux de l'immeuble où il venait d'acheter son propre appartement. Une clé froide en main, il ouvrit la porte avec une sensation familière de détachement.

Il avait décidé de quitter l'appartement de Blaise pour plusieurs raisons. Bien que Draco ait trouvé un certain confort dans l'obscurité et la froideur de l'appartement de Blaise, il voulait un espace qui lui appartienne pleinement. Il ne voulait dépendre de personne, et plus que ça, il voulait se détacher de tout ce qui le retenait dans le passé.

Dans cet appartement vide, d'extérieur semblable à tant d'autres appartements moldus, il ressentit à la fois du soulagement et de l'appréhension. Il savait que déménager ne changerait en rien le rôle que ses parents voulaient qu'il joue, mais cela lui permettait au moins de pouvoir respirer et de laisser cette nouvelle solitude l'envahir.

Il regarda autour de lui. Rien ne l'obligeait à meubler ce lieu, ce n'était pas nécessaire. L'idée de s'entourer d'objets lui semblait inutile, voire absurde. Il ne cherchait pas un cocon, juste un endroit à lui où il pourrait être tranquille.

Pourtant, il avait tout de même besoin d'un canapé. Draco pouvait ignorer beaucoup de choses, mais il n'était pas prêt à passer des semaines assis sur le sol glacial. Il avait passé une main dans ses cheveux blonds-blancs et avait pris une profonde inspiration. S'aventurer au Chemin de Traverse ne lui plaisait pas, mais il enfila tout de même les baskets qui traînaient à l'entrée.

Une fois dehors, Draco avança rapidement en direction des ruelles sorcières. La tête baissée, il espérait ne croiser personne en marchant devant les premières boutiques.
Ce n'était plus le Draco soigneusement habillé et soigné qui arpentait les rues du Chemin de Traverse autrefois.

Il se dirigea vers une boutique de meubles et posa les yeux sur un canapé noir, simple. Il passa commande et ressortit aussitôt, pensant retourner à l'anonymat. Alors qu'il commençait à prendre le chemin inverse, Draco aperçut une silhouette qui capta son regard: Astoria. Elle marchait seule, couverte d'un gros manteau et plongée dans ses pensées. Draco remarqua qu'à chaque fois qu'il l'avait vue, elle avait l'air pensive. Ses traits étaient à la fois marqués par une préoccupation et une vulnérabilité, et cela le troublait.

Sans vraiment savoir pourquoi, Draco se mît à marcher dans son sens, à une distance raisonnable. Il avait conscience que cela pouvait sembler étrange,
mais la curiosité et l'attraction prenaient le dessus.

La jeune femme s'engagea dans une ruelle moins fréquentée, plus loin des regards curieux. Draco hésita un instant. Cependant, il continua d'avancer. Les pavés sous ses pieds résonnaient doucement. Il la vit s'arrêter devant une boutique qui éclairait légèrement son visage angélique. Draco faisait de son mieux pour ne pas se faire remarquer. Ses yeux furent attirés par une lumière émanant du poignet fin d'Astoria. Le bracelet aux couleurs des aurores boréales qu'il lui avait offert scintillait discrètement.

C'était un geste qu'il n'avait pas pleinement compris - et pourtant - lorsqu'il fut rentré de la réunion au Manoir, il ne pouvait penser qu'à ce cadeau qu'il allait lui faire. Il se questionnait sur la réaction d'Astoria. Est-ce qu'elle apprécierait ? Ou bien serait-elle gênée ? Draco ressentit une satisfaction en la voyant le porter, preuve d'un lien qu'il n'avait pas prévu.

Astoria se tourna brusquement, regardant dans sa direction, comme si elle avait senti sa présence. Draco se figea, son cœur manquant de louper un battement. Pendant un instant, il crut qu'elle l'avait vu. Mais avant qu'il ne puisse réagir, quelqu'un sortit de la boutique devant laquelle elle se tenait debout et la bouscula. Son regard s'éloigna immédiatement alors qu'elle vacillait légèrement. Dans la confusion et le choc, Draco regarda le bracelet teinté de multitudes de couleurs tomber au sol. Astoria s'empressa de s'excuser auprès de l'inconnu, sans remarquer la perte de son bijou.

Sans réfléchir, Draco se précipita pour ramasser le bracelet. Lorsqu'il releva les yeux, Astoria avait déjà repris sa marche, se perdant dans la foule. Draco resta figé un moment, sentant les petites pierres dans sa main. Il aurait pu la suivre, l'interpeller mais il n'en fit rien, glissant le bracelet dans sa poche. Après tout, Astoria ne semblait même pas avoir remarqué qu'elle l'avait perdu. Peut-être qu'il attendrait le moment opportun pour le lui rendre.

Draco entreprit de rentrer chez lui, quittant les ruelles bondées. Il soupira longuement. Pourquoi avait-il encore tant de mal à laisser aller ce besoin constant de contrôle, de distance ?

Alors qu'il augmentait le pas, il perçut un homme aux lunettes rouges, la tête plongée dans un exemplaire de la Gazette du Sorcier. Le type ne lui semblait pas inconnu, mais dans l'instant, Draco ne lui prêta pas une grande attention. Ce fut plutôt le titre du journal en première page qui capta son regard : « Grand Match à Poudlard : les anciens élèves affrontent une équipe féroce »

Draco soupira et décida qu'il avait assez marché. Il transplana et grimpa les marches menant à son appartement. Arrive devant la porte, il l'ouvrit lentement et entra dans le silence froid de son nouveau logement.

Le bracelet d'Astoria encore dans sa poche, il remarqua un morceau de parchemin plié délicatement au sol. Enervé que quelqu'un ait osé entrer dans son appartement, il déplia le papier.

Cher Draco,

Nous aimerions t'inviter à nous rejoindre à Poudlard, pour le match de Quidditch qui se tiendra très prochainement.
Nous croyons savoir que tu aimes le Quidditch. Nous serions ravis de discuter avec Astoria et toi de votre avenir et d'apprendre à te connaître mieux.

À bientôt, nous l'espérons,
Aldric et Isadora Greengrass.

L'angoisse s'empara de lui devant l'évidence : il allait remettre les pieds à Poudlard, ce lieu qui avait été le théâtre de tous les maux qui le hantaient encore aujourd'hui. Certes, il avait créé de bons souvenirs là-bas, bien meilleurs que les souvenirs qu'il avait de son enfance au Manoir. Mais cet endroit l'avait aussi vu harceler les autres sous couvert de sa supériorité, pointer sa baguette sur Albus Dumbledore, devenir un Mangemort et tant d'autres choses qui avaient fait de lui ce qu'il était autrefois.

Draco froissa le mot, après l'avoir lu une deuxième fois. Il se leva brusquement, faisant les cent pas dans son appartement vide. L'invitation des Greengrass était inévitable, il en était conscient.

L'Orbe de Sang  - Draco MalfoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant