L'Orbe de Sang - Draco Malfoy

15

Le matin du match, le soleil projetait une douce lumière à travers les fenêtres de la maison de Ginny. Astoria se brossait les cheveux devant le miroir de sa chambre d'ami. Elle avait soigneusement choisi une tenue : un pull vert et argent aux couleurs de Serpentard. L'équipe qu'elle et ses amis allaient supporter aujourd'hui regroupait des élèves des quatre maisons, mais elle ne pouvait s'empêcher de ressentir de la fierté en portant des vêtements aux couleurs de sa maison.

Porter ces couleurs était devenu une habitude, un réflexe. Mais aujourd'hui, c'est un geste bien plus significatif, c'était comme renouer avec une partie d'elle-même.

Astoria passa un dernier coup de brosse dans ses longs cheveux puis elle se leva pour attraper sa baguette posée sur la commode. En ajustant sa tenue, elle pensa au bracelet offert par Draco qu'elle avait perdu il y a deux jours. Elle se souvenait avec précision du moment où elle l'avait vu à son poignet pour la dernière fois. Elle avait jeté un coup d'œil furtif dans le miroir et contemplé le bijou qui l'apaisait d'une certaine façon. Puis elle avait transplané au Chemin de Traverse, ensuite sur une plage à Liverpool et elle avait fini sa journée sous les couleurs du coucher de soleil dans un parc à Manchester. En rentrant, le bracelet avait disparu.

Elle laissa échapper un léger soupir en descendant les escaliers. Harry semblait déjà prêt, assis à la table de la cuisine, une tasse de thé dans les mains. Ginny avait quitté la maison en avance afin de se préparer avec le reste de l'équipe.

"Prête ?" demanda Harry en levant les yeux vers elle.

"Plus que jamais. " répondit-elle avec un léger mouvement de tête.

Elle savait que ses parents l'attendaient là-bas. Ils y étaient problement déjà, avec leur attitude impeccable et leurs intentions douteuses. Aujourd'hui n'était pas le jour pour se laisser submerger.

Astoria sourit à Harry, puis se dirigea vers la cheminée. Harry prit un petit pot de Poudre de Cheminette qu'il tendit à Astoria. Elle n'était pas fan des voyages en Cheminette, mais le plan était déjà établi. Ils allaient au Trois Balais afin de rejoindre la famille Weasley, Luna, Neville et tous leurs amis pour rejoindre le château.
Astoria prit une poignée de la poudre verte et prononça distinctement "Les Trois Balais" en la lançant dans le feu. Elle s'envola dans une fumée émeraude.

À peine eut-elle le temps de reprendre son souffle qu'elle émergea devant le pub bondé. Le village avait une atmosphère festive. Harry la rejoignit après quelques secondes, frottant son pull avec un sourire discret. Avant qu'ils n'aient le temps d'échanger un mot, les Weasley, suivis de Luna, Hermione, Neville et Demelza, sortirent du bar pour les saluer.

Molly fut la première à les serrer dans ses bras avec son sourire rayonnant et chaleureux habituel, l'odeur du savon de cuisine et de citrouille l'entourant.

" Tu es venue ! Merveilleux, chérie. " s'exclama Molly en la relâchant.

Luna s'avança ensuite, la saluant avec un air rêveur. "Tu vas voir Astoria, c'est un jour parfait pour un match. Les fées des jardins vont sûrement danser au-dessus de nous pour célébrer. "

Astoria répondit à chacun de ses amis avec le sourire, en se demandant si elle arriverait à profiter pleinement de sa soirée.

"Allez, ne restons pas plantés là ! " lança Arthur, "Il faut être à l'heure. "

Tout le monde se mit en route et Hermione se plaça naturellement à côté d'Astoria, le vent du village bruissant autour d'eux. Bien que les rires et les plaisanteries résonnaient, une tension était palpable. Les bons souvenirs étaient mélangés aux mauvais, créant une atmosphère à la fois lourde et festive.

Alors qu'ils arrivèrent devant l'école de magie, une vague d'émerveillement envahit Astoria. Poudlard se dressait majestueusement, ses tours élancées et pointues reflétaient la lumière du coucher de soleil.

En voyant le château, Astoria eut l'impression que le temps s'était arrêté, que la Bataille n'avait jamais eu lieu. Le groupe franchit les portes massives.

Astoria se remémora la première fois qu'elle avait mis les pieds dans ce hall à ses onze ans, émerveillée par la beauté et la magie qui émanaient de cet endroit. Aujourd'hui, elle retrouva cette sensation, balayant les souvenirs sombres, le temps d'un instant.

La Grande Salle avait été aménagée pour l'occasion. L'endroit habituellement rempli de tables de banquet était maintenant dégagé pour accueillir les anciens élèves dont les voix résonnaient dans la pièce. Les murs étaient drapés des couleurs des maisons, le sol de tapis somptueux et les bougies et guirlandes enchantées au plafond illuminaient la salle.

Astoria observa les gens autour d'elle, reconnaissant de nombreux visages. Elle aperçut Cho Chang et les jumelles Patil en train de discuter avec des amis, Ernie Macmillan s'adressait à un groupe de personnes avec enthousiasme et non loin, Blaise, Theodore et Pansy, dans leur coin.
Chaque visage ravivait des souvenirs de ses années passées ici.

Elle continua de balayer la salle et vit ses parents et sa sœur, debout au fond de la pièce, qui discutaient avec Draco. Son cœur se serra. Sa mère et sa sœur étaient élégantes, comme toujours, dans de longues robes vertes, tandis que son père se tenait droit à leurs côtés, scrutant les alentours. Ils semblaient à leur aise, comme si rien n'était plus habituel que de discuter avec le fils Malfoy dans la Grande Salle de Poudlard.

Contrairement à eux, Draco et Dahpné étaient légèrement en retrait. Draco jetait des coups d'œil autour de lui, évitant le regard des parents d'Astoria. Elle sentit une pointe de compassion la traverser. Tout comme elle, Draco n'avait pas choisi cette situation.

Astoria prit conscience qu'elle n'avait pas remarqué à quel point Draco avait changé physiquement. Sa posture qui trahissait une assurance arrogante autrefois était maintenant raide et fatiguée. Il avait toujours été mince mais son visage paressait plus creusé, ses pommettes plus saillantes. Il portait une chemise blanche et un pantalon noir, une tenue qui n'aurait pas dépareillé tant que ça de ses années passés, mais pourtant il ne semblait pas du tout être le même.

Un mouvement général traversa la salle. Des sorciers et sorcières commencèrent à se diriger vers les portes et Astoria réalisa qu'il était temps de rejoindre les tribunes pour le match. Elle suivit les Weasley et ses amis. En traversant la cour, son regard dériva vers un coin reculé. Là, elle l'aperçut - l'endroit où elle avait été attaquée pendant la Bataille de Poudlard il y a sept mois. Elle ressentit une vague glaciale. La douleur vive de l'attaque était gravée dans sa mémoire, elle différait grandement de la douleur habituelle de sa maladie. Elle lui avait coupé les poumons et la peur l'avait paralysée.

Astoria détourna le regard, et continua de marcher jusqu'à qu'elle atteigne les longues tribunes.

"Astoria ! " appela Neville, un grand sourire aux lèvres. "Viens à côté de moi, il y a de la place. "

Astoria se précipita entre Neville et Luna. En face, les tribunes étaient décorées aux couleurs des Frelons de Wimbourne.

Ron et Harry discutaient des stratégies de Quidditch, tentant de ne pas prêter attention aux regards curieux des autres envers Harry. Luna, Demelza et Hermione plaisantaient sur les souvenirs des matchs passés. Alors que le coup d'envoi du match résonna, l'enthousiasme monta et les cris vibraient autour d'eux.

Ginny fit un rapide signe de tête au groupe puis se concentra sur le jeu. Les joueurs des deux équipes s'élevèrent dans les airs.

Le match avançait, et les minutes défilaient. Poudlard avait prit l'avantage rapidement, déclenchant une vague d'acclamations.

"Allez Poudlard !" cria Ron accompagné d'Harry.

Finalement, Ginny attrapa le Vif d'Or qui fit remporter la victoire à son équipe.

" Oui ! On a gagné !" s'exclama Neville en se levant. Astoria, entraînée par l'animation autour d'elle, se joignit aux célébrations, riant et criant avec ses amis.
Les chants et les bannières fusaient de tous les côtés. Toujours en tapant dans ses mains, Astoria se retourna discrètement pour chercher Draco du regard. Il était assis aux côtés de ses amis, mais contrairement à eux, il semblait plus détaché. Un léger sourire flottait sur ses lèvres, mais Astoria ressentit un élan de peine l'envahir.