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À Poudlard, il était fréquent que les amitiés soient définies par les maisons. Ce phénomène s'appliquait particulièrement aux Gryffondor et aux Serpentard, les deux maisons rivales.

Astoria avait rencontré la plupart de ses amis dans le Poudlard Express lors de sa première année.
Ce jour-là, elle était arrivée à King's Cross légèrement en retard.
En arpentant le couloir du train, elle avait constaté que tous les compartiments était pleins. Finalement, elle avait ouvert une porte et s'était assise aux côtés de Ginny Weasley, Demelza Robins, et Luna Lovegood. Un seul trajet vers Poudlard avait suffi pour que les quatre jeunes filles se lient d'amitié.

Astoria avait été la seule à être repartie dans la maison des serpents. Elle s'en doutait, c'était une tradition chez les Greengrass, mais une part d'elle en était déçue.
Pendant deux ans, cela avait créé une barrière invisible entre elle et ses trois amies.

Lors de sa troisième année, la Serpentard avait forgé des liens d'amitié avec un Gryffondor un an plus âgé, Neville Londubat.

Les Serpentard valorisaient la loyauté envers leur maison plus que tout. Alors lorsqu'il était devenu évident pour tout le monde qu'elle fréquentait des Gryffondor, elle avait vite écopé d'une réputation de traîtresse. Malgré les menaces constantes, elle avait fait preuve de force d'esprit et avait toujours refusé qu'on lui dicte quoi faire et qui fréquenter.
Elle aimait ses amis et n'aurait changé cela pour rien au monde.

Neville était un garçon maladroit, peu sûr de lui, mais surtout gentil et loyal. Il ne se préoccupait pas de sa maison ou de sa lignée. Neville était proche de Luna et les quatre autres jeunes filles et naturellement, tous les cinq étaient devenus un groupe inséparable.

-

Cela faisait cinq mois qu'Astoria n'avait pas vu ses amis. Ils s'envoyait souvent des lettres, tentant de combler la distance et de masquer la réalité. Malgré leur échanges, elle ressentait une profonde solitude que les lettres ne pouvaient apaiser.

Tous avaient changé et pris des chemins différents depuis la guerre. Neville avait accepté la proposition de Shacklebolt pour devenir Auror. Ginny, fidèle à sa passion, s'était lancée dans une carrière de professionnelle de Quidditch et Luna et Demezla étaient retournées à Poudlard afin de terminer leurs études.
Astoria, quant à elle, n'avait pas quitté sa maison depuis son retour de St Mangouste. Elle se sentait prisonnière de sa maladie et de ses pensées.
Les gens autour d'elle avançaient dans la vie, tandis qu'elle restait figée. Chaque journée semblait être une répétition de la précédente.

Astoria avait l'impression que c'était ce qui l'attendrait toute sa vie : tenter de surmonter des obstacles, en vain.

-

Allongée sur son lit, Astoria laissait son bras pendre mollement dans le vide, effleurant le bois froid du sol. Le silence enveloppait la pièce, la laissant se noyer dans ses pensées et ses inquiétudes. La guerrisseuse qui venait tous les vendredis n'était pas venu ce matin. C'était inhabituel. 

Elle fut ramenée à la réalité par trois coups fermes à la porte. Elle se redressa immédiatement en voyant sa mère et son père pénétraient dans la pièce. C'était rare qu'il se présentent ensemble; c'était toujours soit l'un, soit l'autre.

Ses parents avaient une lueur dans le regard qu'Astoria n'avait pas aperçue chez eux depuis des mois. Leurs yeux semblaient plus vifs, moins abattus.

Elle regarda ses deux parents, Isadora et Aldric, s'assoir doucement sur son lit.

"Chérie, nous avons une bonne nouvelle." déclara sa mère d'une voix tremblante. Elle pris la main d'Astoria, celle qui touchait encore le sol quelques secondes plus tôt.

Astoria sentit une vague d'inquiétude l'a recouvrir.

"La guérisseuse de St Mangouste nous a informés que tu n'étais plus confinée. Évidement, tu es encore malade.. et plus fragile," Son père marqua une courte pause, jaugeant sa réaction. "Mais tu n'es plus alité."

Elle souffla.

Depuis quelques jours, elle avait senti son état s'améliorer. La douleur n'était plus si intense,
mais cette nouvelle ne l'avait pas soulagée pour autant.
Elle n'était alitée mais cela ne signifiait pas qu'elle était libre, elle restait fragile et malade.
Elle ne prit pas la peine de parler, se contentant d'enlacer ses parents.

"Cependant, nous aimerions que tu ne quittes pas la maison quelques jours, le temps d'être sûrs que tout est.. comme avant. Tu comprends ?" Sa mère approcha sa main de son visage et déplaça une mèche de ses cheveux bruns.

Non, elle ne comprenait pas.
Voilà cinq mois qu'elle n'était pas sortie et maintenant que c'était possible, elle devait rester enfermée ?
Astoria était confuse et contrariée, mais elle n'était pas surprise. Ses parents avaient toujours été protecteurs et autoritaires.

"Je comprends." répondit-elle calmement. Pourtant, elle n'en pensait pas un mot.

Isadora et Aldric quittèrent la chambre de leur fille, satisfaits.

Astoria se rallongea sur son lit, submergée par une anxiété bien trop familière.
Un tapotement régulier sur sa fenêtre attira son attention. Elle tourna la tête et aperçut un hibou tenant une lettre dans son bec.
Un léger sourire se dessina aux coins de ses lèvres quand elle reconnut le hibou de Ginny. Elle récupéra la lettre qu'il tenait fermement et le laissa s'envoler.

Les meilleurs moments de ses journées étaient toujours ceux où elle lisait les lettres de ses amis.

Chère Astoria,

J'ai entendu dire par Hermione que tu étais apte à sortir de chez toi. Ne me demande pas comment elle l'a su, je n'en ai aucune idée. Cette fille sait toujours tout, c'est insupportable.

Retrouve nous à la Tête de Sanglier demain à vingt heures.

Ginny

L'Orbe de Sang  - Draco MalfoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant