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Draco était debout depuis des heures quand il entendit un léger bruissement provenant de la chambre d'Astoria. Il détourna un instant son attention du grimoire posé devant lui et tourna la tête vers le couloir, guettant les pas discrets qui résonnèrent sur le vieux parquet.

Elle apparut dans l'encadrement de la porte, l'air encore endormi, ses cheveux en désordre et son regard un peu flou. Malgré l'épuisement des derniers jours, il appréciait sa présence et la force qui émanait d'elle. Il lui adressa un léger sourire, qui se voulait rassurant.

"Bonjour," dit-il doucement, conscient de la fatigue qui marquait sa propre voix.

Astoria lui répondit par un sourire discret, puis son regard descendit vers le grimoire étalé devant lui. Draco observa le changement dans son expression ; ses yeux s'élargirent, et elle s'immobilisa, fixant la page. Il comprit immédiatement ce qui l'avait captivée. Le dessin de l'Orbe de Sang semblait vibrer sous leurs yeux, comme s'il dégageait une énergie propre, une intensité qu' un simple dessin ne pouvait contenir.

L'Orbe était représenté en détail, une sphère sombre et luisante, semblant faite de liquide figé en plein mouvement. Des fissures serpentaient à sa surface, émettant une faible lueur rougeâtre, presque hypnotique, comme un cœur battant au ralenti. Autour de l'Orbe, des runes anciennes dessinaient un cercle protecteur.

Draco sentit Astoria frémir à côté de lui, ses doigts se crispant légèrement sur son bras.

"C'est donc ça... L'Orbe de Sang," murmura-t-elle, les mots teintés de fascination et d'effroi.

Draco acquiesça, laissant planer un silence où résonnait leur inquiétude. Puis il la regarda, avec ce qu'il espérait être une lueur de détermination.

"Tu penses que tes parents peuvent en savoir plus qu'ils ne le disent ?" dit-il d'une voix basse.

Astoria fronça les sourcils, analysant ses paroles.

L'idée de contacter les Greengrass, même de manière prudente, le laissait sceptique. Mais il savait aussi que c'était sûrement leur meilleure piste — s'ils pouvaient rassembler des preuves, même de manière indirecte, cela pourrait faire la différence.

"Eh bien..Ils ont toujours été mystérieux à propos de certains sujets, et..  je me souviens de conversations à demi-mots, de regards échangés chaque fois que l'Orbe était mentionné." déclara-t-elle.

"Il faut qu'on leur parle." répondit-il en passant une main dans ses cheveux, les idées se bousculant dans son esprit.

"C'est risqué, Draco. Ils sont sûrement surveillés. Et on ne sait même pas comment va Daphné, je ne veux les mettre eux aussi en danger." Elle marqua une pause, pensive.

Il savait qu'il venait de lui demander un sacrifice, une décision qu'elle ne voulait pas prendre.

"Astoria," reprit-il en baissant la voix, un brin d'amertume trahissant son propre malaise, "je sais que c'est loin d'être idéal. Mais... si jamais nous découvrons quelque chose d'utile... nous pourrions nous sauver."

Elle finit par lever les yeux vers lui, et il devina à sa moue incertaine qu'elle comprenait la nécessité mais n'en aimait pas plus l'idée. Draco, lui aussi, ressentit une vague de culpabilité. Proposer qu'elle aille se confronter à ses parents, malgré les risques... cela le mettait presque mal à l'aise. Mais il ne pouvait nier qu'ils avaient besoin de réponses.

Elle le fixa un moment, analysant chaque nuance de sa détermination, et sembla finir par céder. Il soupira, conscient que cette décision les exposait, mais également persuadé que, pour aller de l'avant, ils devaient saisir toutes les opportunités.

"D'accord," finit-elle par dire. "Il va falloir être extrêmement discrets. Peut-être en utilisant un sortilège de protection renforcé."

Draco hocha la tête, et ils échangèrent un regard qui contenait autant de promesses que de réticences.

Ils se plongèrent un instant dans le silence, chacun rassemblant ses pensées, avant qu'Astoria ne brise la tension d'un rire amer.

"Tu sais, on dirait presque une scène d'aventure héroïque," murmura-t-elle avec un sourire malicieux, "toi, le stratège, et moi, la messagère en mission dangereuse. On finira par devenir une légende si ça continue."

Draco haussa un sourcil, amusé par cette soudaine légèreté. "Les légendes finissent rarement bien, tu sais. Et, si je peux me permettre, je suis tout sauf un héros."

"Oh, n'aie crainte, je ne dis pas que tu es un saint," répondit-elle en riant. "Mais c'est toi qui passe tes nuits à déchiffrer des grimoires anciens et à nous sauver. Cela ressemble beaucoup à un acte héroïque, non ?"

Il leva les yeux au ciel, mais une lueur douce éclaira son regard. "D'accord, si tu insistes. Mais alors toi, tu es la messagère en péril, tentant d'obtenir des informations pour sauver le monde sorcier. " Il marqua une pause et fit mine de réfléchir. "Non, ça ferait trop, peut-être juste de sauver ta peau, et la mienne aussi pendant qu'on y est."

Astoria lui adressa un sourire complice. "Je me contenterai de ça. " Elle prit une inspiration, prenant un ton plus sérieux.

Draco observa une mèche des cheveux de la brune se posait doucement sur sa joue, et avant qu'il ne puisse s'en empêcher, il tendit la main pour la replacer derrière son oreille. Même avec le visage encore marqué par le sommeil, elle avait le regard brûlant de détermination. Il se surprit à admirer la façon dont, malgré leur fuite et la douleur qu'elle ressentait, elle restait inébranlable, prête à tout pour s'en sortir.

Il retira sa main avec une maladresse inhabituelle. Son masque impassible, qu'il s'efforçait toujours de maintenir, s'effritait chaque fois qu'elle était près de lui. Il ne pouvait s'empêcher de repenser à la veille, lorsque leurs lèvres s'étaient enfin rencontrées.

Ce baiser avait réveillé en lui une tempête de sensations qu'il n'osait à peine admettre.

Draco, pourtant maître de lui-même, si habitué à se protéger des autres – et de lui-même – se retrouvait  démuni face à elle. Pour la première fois depuis des années, il s'était senti... entier. Comme si, en cet instant, le poids de ses erreurs et de ses choix passés avait soudainement cessé de peser sur lui.

Mais cette intimité le terrifiait aussi. Draco savait que s'attacher à elle encore plus rendait leur situation d'autant plus périlleuse.

Si quelque chose arrivait à Astoria, il n'était pas sûr de pouvoir le supporter.

Il détourna les yeux, comme pour reprendre contenance, mais une chaleur familière teintait déjà ses joues pâles.

-

À des kilomètres de là, Lucius Malfoy parcourait un exemplaire de la Gazette du Sorcier, son regard de plus en plus sombre au fil des lignes.

L'article relatant la fuite de Draco et Astoria semblait se moquer de lui, chaque mot pesant sur son esprit. Il plissa les yeux, agacé par la tournure des événements qui menaçait de compromettre ses plans.

Des mois de calculs, de manœuvres subtiles, tout cela risquait de s'effondrer à cause de la curiosité de son fils pour l'Orbe de Sang.

Il referma le journal d'un geste brusque, le regard toujours rivé sur le titre en gras.

L'Orbe de Sang  - Draco MalfoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant