Chapitre 2 : Les liens inattendus

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Aelion Scott

Si quelqu'un m'avait dit un jour que j'accueillerais une étrangère dans notre domaine, je leur aurais probablement ri au nez. Mais voilà que je me retrouve à vivre avec Avalon Miller, la meilleure amie de Peyton. Notre première rencontre n'avait pas été des plus chaleureuses, mais j'aurais dû m'y attendre. Après tout, ce n'était pas mon rôle d'être accueillant ou gentil. Mon rôle était de protéger ma famille, notre gang, de toutes les menaces, qu'elles viennent de l'extérieur ou qu'elles se cachent sous notre toit.

Chaque matin, je commençais ma journée par un tour de la maison, vérifiant que tout était en ordre. Cette routine me permettait de garder une vue d'ensemble sur les mouvements de chacun, de surveiller les alliances et les tensions.

Ce matin-là, alors que je longeais les couloirs, j'aperçus Avalon dans la cuisine. Elle cherchait quelque chose dans les placards, probablement du café, à en juger par la manière désespérée avec laquelle elle fouillait. Pour une raison que j'avais encore du mal à comprendre, mes pas me portèrent vers elle.

— Tu cherches quelque chose ? demandai-je d'une voix légèrement rauque, essayant de ne pas paraître aussi épuisé que je ne l'étais.

Elle sursauta légèrement avant de se tourner vers moi, ses yeux trahissant une certaine nervosité.

— Le café, je crois qu'il n'y en a plus...

Je hochai la tête et ouvris un autre placard, en sortant une boîte de café que j'avais mise de côté pour les jours de crise. Je lui tendis la boîte sans un mot et nos regards se croisèrent brièvement. Pendant un instant, j'ai cru voir une lueur de gratitude dans ses yeux, mais elle disparut rapidement.

— Merci, murmura-t-elle.

Nos échanges étaient souvent comme ça, courts et fonctionnels. Pourtant, je ne pouvais nier l'étrange sentiment qui m'envahissait chaque fois qu'elle était proche. Comme si, malgré la menace qu'elle représentait par sa simple présence, il y avait quelque chose de plus profond qui m'attirait. Je secouai la tête, essayant de chasser cette pensée. Je ne pouvais pas me permettre d'être distrait, pas maintenant.

Le jour passa avec son lot de menaces et de négociations, des tâches normales pour un membre du gang. Le soir venu, alors que je me rendais dans le grand salon pour un dîner improvisé, je remarquai qu'Avalon avait trouvé sa place à une extrémité de la table, visiblement mal à l'aise parmi nous. Peyton était assise à ses côtés, lançant des regards protecteurs à sa meilleure amie.

Scott, comme à son habitude, dominait la conversation avec son charisme naturel.

— Alors, Avalon, qu'est-ce que tu penses de notre petite famille ? demanda-t-il avec un sourire un brin moqueur.

Elle bégaya une réponse, essayant de cacher son inconfort. Je pouvais voir que la situation la dépassait, et pourtant, elle restait là. Cela demandait une certaine force, même si je doutais qu'elle en soit consciente.

Je ne savais pas vraiment pourquoi, mais je ressentis le besoin d'intervenir, peut-être pour alléger un peu la pression qui pesait sur elle.

— Scott, laisse-la respirer, lançai-je d'une voix monotone. Elle n'est pas ici pour ton divertissement.

Les yeux de Scott s'écarquillèrent légèrement, mais il hocha la tête en signe de compréhension. Avalon me jeta un regard étonné, presque interrogatif. Je l'ignorai, préférant reporter mon attention sur mon assiette.

C'était une soirée comme les autres, avec ses tensions, ses rires forcés et ses regards lourds de sens. Mais il y avait ce quelque chose de nouveau, une présence discrète mais persistante qui me mettait encore plus sur mes gardes.

Plus tard, alors que je rejoignais ma chambre, une scène me revint en mémoire. Peyton et moi, enfants, un pacte scellé dans le sang : protéger notre famille coûte que coûte. Avalon faisait désormais partie de cette famille, qu'elle le veuille ou non, et cela incluait la protéger également.

Les jours suivants, je la remarquais plus souvent. Avalon n'était pas particulièrement bruyante ou intrusive, mais sa présence se faisait sentir. Elle tentait de s'adapter, de trouver sa place dans ce monde qu'elle ne comprenait pas encore. Et moi, contre toute logique, je me retrouvais à l'observer davantage, à chercher des signes de faiblesses ou des éclairs de force.

Une nuit, alors que je rentrais tard, épuisé et couvert de la crasse d'une journée longue et violente, je la trouvai assise dans le salon, un livre à la main. Elle releva les yeux et je vis l'inquiétude qui perlait dans son regard.

— Est-ce que ça va ? demanda-t-elle doucement, interrompant le silence.

Je ne savais pas pourquoi, mais ces simples mots frappèrent un accord en moi. Personne d'autre que Peyton ne m'avait jamais demandé cela, et entendre cette question de la part d'Avalon était à la fois réconfortant et perturbant.

— Oui, répondis-je simplement. Va te reposer, Avalon.

Elle hocha doucement la tête, mais je pouvais voir l'inquiétude résister, ses yeux navrés fixant mes vêtements tachés de sang. Une partie de moi voulait l'ignorer, mais une autre voulait lui dire la vérité, lui montrer que ce monde n'était pas fait pour elle. Pourtant, je me retins. Il y avait des choses qu'elle n'était pas prête à entendre.

Notre relation était une danse délicate entre méfiance et curiosité. Aucun de nous n'était prêt à céder du terrain, mais quelque chose commençait à éclore, quelque chose qui pourrait bien changer la donne.

Je la regardais assise là entrain de discuter avec Riven, un petit sourire en coin. Riven était un jeune homme qui avait su trouver sa place dans ce monde chaotique, et il semblait être l'une des rares personnes à rendre Avalon un peu plus confortable dans cet univers impitoyable.

— Riven, lançai-je alors que j'entrai dans la pièce. Tu ferais bien de ne pas oublier tes autres tâches.

Riven leva les yeux au ciel mais se leva néanmoins, offrant à Avalon un clin d'œil rassurant avant de s'éloigner. Je pris sa place sur le canapé, attrapant un journal que j'avais laissé traîner là plus tôt. Le silence qui s'installa entre Avalon et moi était pesant, chargé d'une tension palpable.

Avalon finit par briser le silence, sa voix douce et hésitante.

— Merci pour... plus tôt, lors du dîner. Scott peut être un peu... intimidant.

— De rien, répondis-je sans lever les yeux du journal. J'ai besoin que vous restiez toutes les deux en sécurité, toi et Peyton. Rien de plus.

Elle hocha la tête, visiblement déçue par ma réponse faussement détachée. Pourtant, je savais que chaque mot que je prononçais ajoutait une nouvelle couche à notre relation complexe et fragile. Avalon était une complication dont je n'avais pas besoin, mais elle était là, et je ne pouvais pas simplement l'ignorer. Pas quand je la voyais commencer à comprendre les règles de notre monde, à trouver sa place, même si cela signifiait qu'elle devait aussi affronter des dangers qu'elle n'avait jamais imaginés.

The Scott HouseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant