CHAPITRE CINQ

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Debout de bonne heure, je me préparais pour ma rencontre avec la famille de la victime. J'étais impatiente de découvrir ce qu'ils allaient me dire, mais un peu stressée tout de même. C'était ma première rencontre avec mes clients, mais heureusement, mon mentor serait là pour m'aiguiller. En relevant mes cheveux bruns en un chignon haut, je repensais à la veille. Les images défilaient en boucle dans mon esprit, me donnant la chair de poule. Je ne savais pas quoi penser des révélations de Kamil. Je devrais probablement en parler à Gabriel, mais une petite voix en moi me disait que ce n'était peut-être pas une bonne idée. Pour une fois, je décidai de l'écouter.

Un message sur mon portable me déconcentra, et mon mascara s'étala sur ma paupière.

— Et merde... Maugréai-je.

Je pris un coton imbibé de démaquillant et essaya maladroitement d'effacer ma bêtise. Tant que j'y étais, je jetai un œil au message.

De 'Gabriel Lecallard' à 'Ysaline' :

 « Je suis garé en bas, je t'attends. »

Mes yeux restèrent bloqués sur le message.

— Hein ? Dis-je à voix haute.

Une nouvelle vibration retentit.

De 'Gabriel Lecallard' à 'Ysaline' :

 « Dépêche-toi, je bloque la circulation. »

Encore confuse, je pris rapidement mon sac et dévalai les escaliers. Pas besoin de chercher Gabriel, il était juste devant moi, en plein milieu de la route, dans une Chevrolet Camaro noire. La vitre teintée s'abaissa, laissant apparaître le visage de l'avocat.

— Tu attends le déluge ? Monte.

Je m'engouffrai dans l'habitacle, une odeur de plastique neuf emplissant mes narines. Il démarra. Je bouclai ma ceinture et lui demandai :

— Pourquoi es-tu venu me chercher ?

Il me scruta un moment avant de répondre en haussant les épaules :

— Je sais que tu prends le métro, mais si tu n'as pas regardé, la ligne que tu empruntes est en travaux.

Ah, effectivement, c'est embêtant.

— J'aurais été en retard, merci...

Depuis quand Gabriel surveillait-il les lignes de métro ?

— Y'a pas de quoi.

Comme à mon habitude, je me perdis dans mes pensées, contemplant le paysage parisien. La Chevrolet filait à toute allure sur l'Avenue des Nations Unies, la pluie fouettant son pare-brise. Nous n'avions pas rendez-vous au cabinet mais dans un petit café, place du Trocadéro. L'automne approchait et cela se faisait sentir avec la chute des températures. Un frisson me parcourut. Gabriel dut le remarquer car il augmenta le chauffage. Aucun de nous deux ne parlait, ce qui m'arrangeait. De bon matin, je n'avais aucune envie de discuter. J'observai la dense circulation de la capitale ainsi que les visages, pour la plupart ternes, des piétons.

— Nous sommes arrivés. Annonça Gabriel, me sortant de ma rêverie.

J'observai la place du Trocadéro sous la pluie, un peu déprimée. Soudainement, ma portière s'ouvrit, me faisant sursauter. Je tournai la tête et vis Gabriel, qui me tendait la main, un parapluie au-dessus de lui. Je n'attendis pas plus longtemps pour la prendre, il me tira vers lui sous le parapluie.

— Merci.

En guise de réponse, il m'adressa un sourire chaleureux. Nous continuâmes à marcher sous la pluie battante pendant encore quelques minutes avant que l'avocat ne bifurque vers une autre rue et s'arrête juste devant le café.

LES OMBRES DU PASSÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant