CHAPITRE HUIT

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Ysaline Marchal, Paris (France), 3 décembre


Cela fait une semaine que j'ai eu cette discussion avec Kamil. Une semaine qu'un froid glacial s'est installé entre nous, aussi glacial que l'hiver sibérien. J'espère que ce silence est synonyme d'une remise en question de sa part, mais à vrai dire, je n'y crois pas vraiment. Cela fait sept jours que Kamil se mure dans un silence pitoyable, se terrant comme un lâche, incapable de faire face aux conséquences de ses actes. Franchement, ça commence à me fatiguer.

Ce silence qu'il entretient est tellement prévisible, tellement... facile. Si c'est sa manière de "réfléchir", alors je n'ai peut-être rien perdu, finalement. De toute façon, je n'attendais pas grand-chose de sa part. Comment un type aussi antipathique a-t-il pu décrocher son diplôme d'avocat ? Probablement dans une pochette surprise.

Ce qui m'étonne le plus, c'est la tranquillité avec laquelle je traverse ces journées. Plus de piques, plus de regards noirs, plus de réflexions acerbes. C'en est presque agréable. Juste un immense vide, et, honnêtement, ce vide ne me dérange pas du tout. Son absence devient presque une délivrance. Le silence est bien plus reposant que ses excuses maladroites ou ses justifications ridicules. À quoi bon attendre quelque chose de lui ?

Il doit sûrement espérer que je m'effondre, que je cède. Mais non, je suis loin de ça. Si ce silence devait signifier quelque chose, il me révèle surtout une vérité : je n'ai pas de temps à perdre avec des jeux puérils.

Et puis, soyons honnêtes : je n'ai ni besoin de son approbation, ni de son retour. S'il préfère jouer les fantômes plutôt que d'assumer ses responsabilités, tant mieux pour lui. J'ai bien mieux à faire que d'attendre qu'il daigne revenir. Dans tous les cas, ce n'est plus mon problème.

Gabriel m'écoutait attentivement, affalé sur un canapé dans la salle de repos, tandis que je lui racontais mon week-end.

— Et là, il me sort : « Non mais tu sa-

La porte s'ouvrit, coupant net mon récit. En parfaite synchronisation, nous avons tourné la tête vers l'individu qui entrait dans la pièce. Kamil Demir. Remarquant que notre conversation s'était soudainement arrêtée à son arrivée, il prit la peine de lancer, d'un ton désinvolte :

— Je ne fais que passer, ne vous occupez pas de moi.

Son ton était froid, chaque syllabe prononcée avec une lenteur étudiée, comme si cela lui coûtait de parler, surtout en ma présence. Comme si ces mots lui brûlaient la gorge.

Un sifflement agacé franchit mes lèvres avant que je ne puisse le retenir. Kamil me fixa pendant deux secondes — deux interminables secondes — avant de tourner les talons, un dossier en main.

Je pris soudainement conscience que je manquais d'air. Sans m'en rendre compte, j'avais retenu ma respiration. Je remplis brusquement mes poumons et pivotai la tête vers Gabriel, qui me regardait avec un air interrogateur, presque accusateur.

— Quoi ? Lâchai-je, un peu trop sèchement.

Il me fixa un moment, sans rien dire, étudiant chaque centimètre de mon visage. Je déglutis, mal à l'aise sous son regard insistant.

Aller, c'est parti, je vais encore me prendre une tonne de rélexion et c'est bien la dernière chose dont j'ai besoin. Mes pensées s'emmêlaient pire qu'un casse-tête chinois.

— Qu'est-ce qui se passe avec Demir ? Demanda-t-il, son ton légèrement irrité.

Il y avait une pointe de tension dans sa voix, comme s'il m'en voulait, à moi aussi. C'était étrange : à chaque fois que l'on évoquait Kamil, Gabriel devenait froid, distant, presque énervé. Qu'est-ce qui se passait ? On me cachait quelque chose, j'en étais presque certaine. Mais quoi ? Mon cerveau tournait à plein régime, cherchant dans mes souvenirs sans rien trouver.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 10 ⏰

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