CHAPITRE TROIS

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Le dossier de Mathilde nous prit le restant de la journée, ce qui n'était pas pour me déplaire. Gabriel n'étant pas revenu, je n'aurais rien eu à faire, et loin de moi l'idée d'aller voir le sociopathe du bout du couloir. L'affaire sur laquelle l'avocate travaillait était quelque peu complexe pour moi, étant donné que je suis spécialisée en droit pénal et elle en droit des affaires. Je me contentai donc d'acquiescer à tout ce qu'elle disait, essayant tant bien que mal de comprendre.

À 19h, nous fermons boutique. La journée m'a épuisée, et pourtant cette vie ne fait que commencer. Je remercie l'avocate avant de sortir de son bureau, et en reculant, je marchai sur le pied de quelqu'un qui poussa un juron.
Oh la vache, ce n'est pas Chris Evans cette fois-ci.

— Oh mon dieu, excusez-moi, je suis maladroite...
Je me retourne lentement, un air coupable sur le visage, et fis face à mon mentor.

— Ça ne fait rien, ce n'est pas grave. Me dit-il avec un sourire. Dites-moi, vous avez un peu de temps ?

— Oui, bien sûr.

D'un geste de la main, il m'invita à le suivre dans son bureau.

— Je vous en prie, asseyez-vous. Alors, votre première journée ?

— Eh bien, elle était assez étrange, je dois avouer. Maître Demir n'a pas forcément l'air ravi de m'avoir dans l'équipe. Annonçai-je dans un rire amer.

À peine ai-je terminé ma phrase qu'il parut gêné, presque énervé. Ne voulant pas créer de tension au sein du cabinet, je m'empressai d'ajouter :

— Mais tout le reste s'est parfaitement bien passé.

— Merci de me faire part de cela, j'irai lui toucher deux mots.

Mon regard se posa sur sa montre, qu'il triturait inconsciemment. Sans m'en rendre compte, je me mis à le détailler. Ses cheveux blond miel encadraient son visage anguleux et clair. Sous ses mèches en bataille se trouvaient des yeux noisette, tirés par de légères cernes au-dessus de ses pommettes. Son allure générale était impeccable, pourtant une certaine tension se lisait dans ses mâchoires serrées, trahissant un mélange d'épuisement et de détermination. Ses yeux me rappelaient ceux de-

— ...Vous m'entendez ?

Sa voix me sortit de mon analyse. Oh mon dieu, je le reluquais ouvertement...

— Oh oui, excusez-moi, je me suis égarée...

Oui oui Ysaline dédouane toi...

— Je vous demandais si vous voudriez assister à ma plaidoirie demain après-midi ?

Mes yeux s'illuminèrent d'impatience.

— Mais certainement, avec grand plaisir !

— Parfait, elle aura lieu à 15h30. Et au fait, je vous en prie, tutoyez-moi.

— Faites de même pour moi, alors.

Nous continuâmes d'échanger encore une heure. Gabriel était vraiment de bonne compagnie, et c'était agréable de discuter avec lui sur tout type de sujets. Peu de temps après, je lui souhaitai une bonne soirée et sortis de son bureau. Je passai par le mien pour récupérer mes affaires et quittai le cabinet, qui était soit dit en passant déjà désert. Je jetai un coup d'œil à ma montre. Ah oui, d'accord... 20h. Durant la descente de l'ascenseur, je checkai mon portable. Un message de mon père apparut :

De 'papa' à 'Ysaline' :

« Salut ma grande,
J'espère que ta première journée s'est bien passée et que tes collègues sont sympas ☝️🤓.

LES OMBRES DU PASSÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant