Chapitre 2

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Mia.

Ce même bruit, chaque matin. Je vais fracasser cette alarme un jour ou l'autre.

Je me lève, enfile ma tenue sans perdre un instant. Les murs en béton de la caserne me semblent de moins en moins oppressants. Leurs aspérités grises ne sont qu'une toile de fond pour une épreuve qui m'élève au-dessus de mes peurs. Tandis que je noue mes lacets, je vois Sarah et Alex se préparer aussi, silencieux, mais le regard brûlant du même désir : survivre, résister.

- En avant, soldats ! ordonne le Commandant Rivers, sa voix perçant le silence du matin.

Nous marchons jusqu'au terrain d'entraînement, où l'instructeur principal est déjà là, immobile, comme une sentinelle de pierre. Ses yeux percent chaque recrue qui s'avance vers lui.

Aujourd'hui, il n'y a pas de présentation, pas de préambule. Il lève simplement un chronomètre et siffle.

- Première épreuve : résistance statique. En position, tenez une planche jusqu'à ce que je dise d'arrêter.

Le groupe se met en place, chacun se préparant à la position. Mes avant-bras touchent le sol rugueux, mes orteils fermement ancrés, et je lève mon corps, tout en fixant un point droit devant moi. Le silence s'installe alors que la tension grimpe rapidement dans nos muscles. La chaleur est écrasante, et très vite, la douleur s'insinue dans chaque fibre de mon être. Cette foutue planche est remplie de picots, qui ne nous tuerons pas, mais feront suffisamment mal pour nous faire tomber.

C'est un combat mental autant que physique, et je sais que c'est là que l'instructeur veut nous emmener : à ce point où le corps crie grâce et où seule la volonté permet de continuer. Mes muscles commencent à trembler, chaque seconde s'étire, chaque respiration devient plus difficile. Autour de moi, je peux entendre certains camarades gémir, puis le bruit des premiers corps tombant sur le sol, incapables de tenir plus longtemps.

Mais je refuse de céder. La colère de la veille refait surface, alimentant ma détermination.


Chaque tremblement de mes bras est un défi auquel je réponds par une grimace, je fais la fière mais j'ai mal. J'entends la voix de l'instructeur, calme mais implacable.


- Rappelez-vous pourquoi vous êtes ici. Ceux qui oublient n'ont pas leur place.

Je m'accroche à ces mots, les transformant en force. Mon corps veut abandonner, mais mon esprit est un mur inébranlable. La sueur coule le long de mon front, mes avant-bras brûlent comme s'ils allaient céder, mais je tiens bon.

Je ne sais pas combien de temps s'est écoulé, peut-être cinq minutes, peut-être une éternité. Les bruits de chute autour de moi se multiplient, mais je ne tourne pas la tête pour voir qui abandonne. Ma vision commence à se troubler, ma respiration devient saccadée, mais je reste là, immobile, suspendue dans cette lutte intérieure.


- C'est bon, lâche la planche, dit l'instructeur, sa voix me parvenant enfin.

Je m'effondre, les muscles en feu, mes mains ensanglantées, le souffle coupé.

Les autres sont autour de moi, certains encore au sol, d'autres se relevant avec difficulté. Je me redresse lentement, m'asseyant sur mes talons, et croise le regard de l'instructeur. Un imperceptible hochement de tête.

Il sait que je suis allée au bout, que j'ai touché mes limites et que je les ai repoussées.

Je ne ressens aucune fierté immédiate, seulement l'épuisement. Mais sous cet épuisement, il y a la satisfaction brutale de savoir que je suis encore là, que je n'ai pas abandonné. C'est ce qui compte.

renegadeWhere stories live. Discover now