Depuis sa conversation avec Bruyverne cette nuit-là, Feurisson ne cessait de cogiter sur les paroles de son amie. Il avait passé la matinée étalé dans son lit, perdu dans ses pensées. Sa mère, Roussil, était passée le voir à un moment après avoir remarqué son absence.
« Tout va bien, Feurisson ? » lui avait-elle demandé en s'installant sur le rebord du lit.
Son fils l'avait rassurée en lui expliquant qu'il avait simplement besoin de réfléchir à certaines choses, et qu'il lui fallait un peu de calme. Roussil n'avait pas insisté, et le laissa finalement tranquille après lui avoir rappelé qu'elle était là pour lui s'il avait besoin de se confier à quelqu'un. Même s'il souhaitait être un peu seul, Feurisson savait que sa mère s'inquiétait simplement pour lui. Après tout, depuis la mort de Typhlosion, Feurisson était tout ce qu'il lui restait. Bien que tous deux considéraient Luxray, Majaspic et tous les autres comme de la famille.
Midi venait tout juste de passer lorsque Feurisson se décida finalement à sortir de sa chambre. En arrivant à l'extérieur, il balaya le village du regard. Tout le monde vaquait à ses occupations, le tout sous un ciel découvert. « Une autre journée normale et paisible. » Il observa minutieusement les tanières et ruelles qui s'étendaient autour de lui. « Il faut que je lui parle. » Quand finalement, il aperçut une silhouette familière sortant d'une ruelle, non loin de lui. Feurisson vint à sa rencontre et la héla avant qu'elle ne le remarque.
« Matourgeon ! »
Quand la femelle de type plante se retourna vers lui, elle lui décocha un regard débordant de tant d'affection que Feurisson sentit son pouls s'accélérer. « Calme-toi. » se dit-il juste avant de la rejoindre.
« Tu vas bien ? lui demanda-t-elle. Je ne t'ai pas vu ce matin, je me demandais où tu étais.
- Je... Je faisais la grasse matinée, inventa-t-il. Cette nuit a été un peu agitée, mais tout va bien, maintenant. Je pensais aller faire un petit tour dans la forêt à côté du village, tu veux m'accompagner ?
- Avec plaisir ! répondit-elle, ravie. Cette forêt est si paisible, j'aime beaucoup m'y balader. » Elle colla presque sa truffe à la sienne lorsqu'elle ajouta : « Ce sera d'autant plus agréable avec toi. »
« Elle ne cache même plus ce qu'elle ressent, visiblement. » Feurisson espérait ne pas être devenu aussi rouge que Latias lorsque lui et Matourgeon se dirigèrent côte à côte vers la forêt. Ils traversèrent une petite ruelle, et sortirent finalement du village pour se retrouver devant la petite forêt qui bordait une partie de la vallée. Les deux pokémons s'y engouffrèrent finalement, marchant l'un à côté de l'autre sur un petit sentier.
Un petit silence apaisant régnait en ces lieux, que ni Matourgeon ni Feurisson n'avaient souhaité briser jusqu'ici. Feurisson sentit son cœur chavirer à nouveau lorsque Matourgeon se tourna vers lui.
« Tu ne t'es jamais demandé s'il y avait des pokémons avec une culture différente de la nôtre dans ce monde ? lui demanda-t-elle.
- Qu'est-ce que tu entends par là ?
- Des pokémons qui auraient des croyances différentes des nôtres, ou même qui parleraient une autre langue. Dans la faille où nous étions enfermés, Bruyverne, Mentali et moi, tout le monde parlait la même langue.
- Il y a probablement dans ce monde des cultures différentes. Tu aimerais les découvrir ?
- D'un côté, je serais assez curieuse d'en savoir plus sur ce monde. Mais de l'autre, je pense être bien trop attachée à ce village pour partir à l'aventure. Je me sens bien ici. » Elle le dévisagea un instant. « Avec toi.
- Je vais devoir te supporter encore un moment... soupira-t-il d'un ton fortement exagéré.
- Tu me trouves de si mauvaise compagnie que ça ? répliqua-t-elle sur le même ton.
- Peut-être bien... »
Feurisson eut à peine le temps de terminer sa phrase qu'il sentit Matourgeon l'agripper par la taille, et fut d'autant plus surpris lorsque tous deux dégringolèrent une pente herbeuse juste à côté d'eux. En arrivant tout en bas, étalé dans l'herbe, il retrouva à peine ses esprits qu'il vit Matourgeon se tenant au-dessus de lui, sur ses quatre pattes.
« Tu me trouves toujours de mauvaise compagnie, Feurisson ? »
Celui-ci la fixa un instant, puis la saisit par les pattes avant et la retourna pour se trouver à son tour au-dessus d'elle.
« Et toi ? » répliqua-t-il, satisfait.
Ils se fixèrent un instant, puis tous deux rirent aux éclats, brisant le silence déjà rompu de la forêt. Lorsque Matourgeon se calma, Feurisson pouvait lire dans son regard toute l'affection qu'elle ressentait pour lui, qui semblait cette fois plus forte que jamais.
« Je t'aime. » lui dit-elle.
Feurisson se figea. Alors qu'il se pensait capable de passer à autre chose, son esprit fut envahi d'images de Cari. Malgré la douceur de Matourgeon, le malaise prit le dessus; sa gorge se serra au point qu'aucun mot ne sortit de sa bouche. Pourtant, la culpabilité le rongea lorsqu'il se redressa sur ses pattes arrière, sous les yeux surpris de la femelle de type plante.
« Je... Je suis désolé, Matourgeon. Je ne peux pas. »
Il fit volte-face sans lui laisser le temps de répondre, et s'éloigna, plein de regrets. Il sentit le regard confus et peiné de Matourgeon le suivre tandis qu'il cheminait dans l'herbe, et se sentit d'autant plus mal en comprenant qu'il lui avait fait de la peine.
Il s'apprêtait à rejoindre un sentier quand soudain, Feurisson entendit les taillis frémir non loin de lui. Il se retourna vers la source du bruit, soudain méfiant, lorsque deux silhouettes en jaillirent et se retrouvèrent juste devant lui et Matourgeon, qui venait de le rejoindre. Il reconnut aussitôt les deux pokémons qui venaient de sortir des buissons.
« Noctali ! Mustéflott ! » s'écria-t-il, surpris. Les deux pokémons étaient haletants et semblaient terrifiés. « Qu'est-ce qui se passe ? »
Noctali fut le premier à retrouver son souffle et le dévisagea d'un air si effrayé que Feurisson sentit des frissons le parcourir.
« C'est Latios et Latias, articula-t-il. Ils ont été enlevés ! »
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Latios & Latias, Le Monde Véritable, Partie II
ParanormalLes pokémons rescapés se sont fait une raison : leur monde a disparu, à tout jamais. Heureusement pour eux, il leur a été offert l'opportunité de repartir à zéro dans un autre monde, qui est désormais tout comme le leur. La paix règne, mais l'équili...