Le restaurant où Moussa emmena Fatou ce soir-là était petit et discret, niché au cœur d'un quartier tranquille de Dakar. Un endroit à l'abri des regards, loin du tumulte de la ville, où ils pourraient se détendre et profiter de cette nouvelle étape dans leur relation. Fatou se sentait étrangement nerveuse, comme si c'était son premier rendez-vous, alors que tant de choses s'étaient déjà passées dans sa vie.
Ils s'installèrent à une table en terrasse, sous la lueur douce des lanternes. Un léger vent chaud soufflait, agitant doucement les feuilles des arbres qui les entouraient. L'ambiance était intime, mais pas oppressante, exactement ce dont Fatou avait besoin après les tumultes de son passé.
— Je suis content que tu aies accepté de venir, dit Moussa en lui souriant.
Fatou hocha la tête, jouant avec sa serviette pour calmer ses nerfs.
— Moi aussi, répondit-elle, un peu hésitante. Ça fait du bien de sortir de l'hôpital, de se retrouver dans un endroit tranquille.
Moussa la regarda avec une tendresse qu'elle n'avait pas ressentie depuis longtemps. Il semblait comprendre ce qu'elle traversait, sans avoir besoin de le dire. Il ne la pressait pas, il attendait qu'elle se sente prête.
— Je sais que ça doit être difficile pour toi, après tout ce que tu as vécu, dit-il doucement. Je ne veux pas que tu te sentes obligée de faire quoi que ce soit. Ce soir, c'est juste un moment pour nous, sans attentes.
Fatou sentit son cœur se détendre un peu. Moussa avait ce don de la mettre à l'aise, de lui faire comprendre qu'il n'y avait aucune pression. Elle pouvait être elle-même, vulnérable, sans avoir peur d'être jugée.
— Je t'avoue que j'avais un peu peur de venir, confia-t-elle en souriant timidement. J'ai construit des murs autour de moi depuis... depuis tout ça. Mais avec toi, je me sens un peu plus libre.
Moussa hocha doucement la tête, son regard plongé dans le sien.
— Je suis content que tu te sentes comme ça avec moi, Fatou. Je sais que les cicatrices sont encore là, et elles mettront du temps à guérir. Mais je suis patient.
Ses paroles étaient sincères, et Fatou les sentit résonner en elle. La patience. C'était exactement ce dont elle avait besoin. Quelqu'un qui ne chercherait pas à la précipiter, mais qui serait là, à ses côtés, le temps qu'elle trouve ses marques.
Le serveur arriva pour prendre leur commande, et ils échangèrent quelques plaisanteries sur le menu, essayant de détendre l'atmosphère. Peu à peu, la tension s'évapora, laissant place à une conversation plus légère. Fatou se surprit même à rire, un rire qu'elle n'avait plus entendu chez elle depuis longtemps.
— Alors, dis-moi, Moussa, dit-elle en posant son coude sur la table, comment ça se fait qu'un médecin aussi talentueux et aussi populaire soit toujours célibataire ?
Moussa sourit, secouant la tête.
— Eh bien, pour être honnête, je n'ai jamais vraiment trouvé la bonne personne. Je suis très concentré sur ma carrière, et je pense que j'ai toujours cherché quelqu'un qui pourrait comprendre ça.
Fatou hocha la tête, comprenant parfaitement. Elle-même avait mis ses rêves en pause trop longtemps, et maintenant qu'elle les reprenait en main, elle savait que l'équilibre entre la carrière et la vie personnelle était difficile à trouver.
— Je comprends ça, dit-elle en souriant. Et tu es tombé sur moi, qui a un sacré passé. Je dois dire que tu ne te facilites pas la tâche.
Ils éclatèrent tous deux de rire, mais derrière l'humour, Fatou sentait que quelque chose de plus profond se jouait entre eux. Ils se comprenaient.
Le repas se déroula dans une ambiance douce et intime, loin des lourdeurs du passé. Fatou se sentait légère, presque insouciante. Pour la première fois depuis des mois, elle laissait ses pensées s'éloigner de Cheikh, de son combat pour la liberté, pour se concentrer sur ce qui était là, devant elle. Un homme bien, un homme qui la respectait, qui ne cherchait pas à la contrôler, mais à la comprendre.
Après le dîner, ils quittèrent le restaurant pour une petite promenade. Le ciel de Dakar était limpide, et la brise légère rendait l'atmosphère presque magique. Fatou marchait aux côtés de Moussa, sentant leur proximité, mais aussi une certaine distance respectueuse. Il ne la pressait jamais, toujours attentif à son rythme.
— Tu sais, commença Moussa en regardant droit devant lui, je n'ai jamais rencontré quelqu'un comme toi. Il tourna la tête vers elle, son expression soudain plus sérieuse. Tu es si forte, Fatou. Ce que tu as traversé, je n'arrive même pas à imaginer. Mais tu es là, et tu avances. Ça, c'est quelque chose que j'admire profondément.
Fatou sentit une chaleur douce se répandre en elle. Ses paroles étaient sincères, sans prétention. Il ne cherchait pas à la flatter, simplement à lui dire ce qu'il ressentait. Elle ne répondit pas tout de suite, touchée par ce compliment inattendu.
— Je ne me sens pas si forte, murmura-t-elle finalement. J'ai eu peur, beaucoup de peur. Et parfois, j'ai encore peur. Mais... je me dis qu'il faut avancer, peu importe à quel point c'est difficile.
Moussa hocha la tête, comprenant sans avoir besoin de plus de détails. Ils continuèrent à marcher en silence, leurs pas se synchronisant naturellement.
À un moment, ils s'arrêtèrent près d'un petit pont surplombant un ruisseau. Moussa s'appuya contre la rambarde, regardant l'eau qui coulait en dessous. Fatou fit de même, appréciant la tranquillité du moment.
— Je ne veux pas te perdre de vue, dit-il doucement, sans la regarder, mais ses mots résonnèrent avec force dans l'air nocturne. Je veux être là pour toi, Fatou. Peu importe ce que ça prend.
Fatou se tourna vers lui, surprise par la simplicité et la profondeur de cette déclaration. C'était bien plus qu'une promesse. C'était une ouverture, une invitation à laisser entrer quelqu'un dans sa vie, à partager ce qu'elle avait toujours porté seule. Mais était-elle prête ?
Elle hésita un moment, ses pensées tourbillonnant. Mais en regardant Moussa, cet homme doux et attentionné qui ne cherchait rien d'autre que d'être à ses côtés, elle sentit que, peut-être, elle pouvait essayer.
— Je ne sais pas où tout ça nous mènera, commença-t-elle en fixant l'eau, puis elle releva les yeux vers lui. Mais je veux essayer.
Moussa la regarda, et un sourire sincère illumina son visage.
— C'est tout ce que je demande.
Et tandis qu'ils se tenaient là, sous le ciel étoilé de Dakar, Fatou sentit un poids disparaître. Elle n'était plus seule. Moussa ne voulait pas la changer, il voulait simplement être présent, à ses côtés, dans son rythme.
Ce soir-là, un nouveau chapitre s'ouvrait dans sa vie, un chapitre où, pour la première fois, elle se permettait de croire en l'amour.
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Sous le Poids des Traditions
Любовные романыFatou, une jeune femme ambitieuse de Dakar, voit ses rêves de devenir médecin brisés lorsqu'elle est forcée d'épouser Cheikh, un homme puissant et influent, dans un mariage arrangé. Prisonnière d'une relation où elle est contrôlée, Fatou doit lutter...