Le ciel au-dessus de Dakar était lourd, chargé de nuages menaçants, comme si la ville elle-même pressentait l'orage qui approchait. Fatou et Moussa avaient toutes les informations nécessaires pour faire face à la dernière menace : un tueur encore plus redoutable que celui qui les avait traqués jusqu'à présent, engagé directement par Cheikh. L'heure de l'affrontement final était proche, et cette fois, ils savaient que ce serait lui ou eux.
Ils avaient appris par le mercenaire capturé que l'assassin, un homme nommé Khalid, était un professionnel du meurtre, froid, calculateur et implacable. Khalid avait déjà éliminé plusieurs cibles de haut profil et n'avait jamais échoué dans une mission. Il travaillait pour de gros montants, mais Cheikh, même en prison, avait trouvé les ressources pour l'engager.
Fatou sentait une pression énorme sur ses épaules. Tout ce qu'elle et Moussa avaient construit était à nouveau en péril, et cette fois, il ne s'agissait plus de ruiner la réputation d'un homme. C'était une question de vie ou de mort.
Avec l'aide de Saliou et Ibrahima, Fatou et Moussa commencèrent à se préparer pour l'affrontement. Ils savaient que Khalid avait déjà les moyens de les localiser. Il les traquait depuis plusieurs jours, étudiant leurs mouvements, cherchant le moment parfait pour frapper. Mais cette fois, Fatou et Moussa décidèrent de prendre l'initiative. Au lieu de continuer à fuir, ils allaient attirer Khalid dans un piège.
— Il faut qu'on lui fasse croire qu'on est vulnérables, dit Moussa alors qu'ils discutaient du plan dans la ferme isolée d'Ibrahima. S'il pense qu'il peut nous abattre facilement, il baissera sa garde.
Fatou acquiesça. C'était risqué, mais ils n'avaient pas d'autre choix.
— Nous allons utiliser le même entrepôt où nous avons piégé l'autre mercenaire, proposa Ibrahima. C'est isolé, et on pourra organiser une embuscade là-bas.
Saliou, toujours pragmatique, ajouta :
— Il faudra que ce soit rapide. Khalid est un tueur professionnel, et il ne prendra aucun risque. S'il sent que quelque chose cloche, il disparaîtra avant même qu'on ait pu l'approcher.
Fatou et Moussa se rendirent à l'entrepôt désaffecté en pleine nuit, accompagnés de leurs alliés. Ils savaient que Khalid les surveillait probablement déjà, mais ils espéraient qu'il morde à l'hameçon. L'idée était simple : faire croire qu'ils se réfugiaient là pour se cacher, sans aucune idée que leur ennemi était déjà sur leurs traces.
L'entrepôt, situé en bordure de la ville, offrait un terrain parfait pour l'affrontement. Il y avait des issues multiples, des cachettes, mais aussi des points de vue qui permettraient à Fatou et Moussa d'avoir l'avantage, à condition que tout se déroule comme prévu.
Fatou regarda autour d'elle, son cœur battant la chamade. Elle savait que la moindre erreur pouvait leur coûter la vie. Moussa, à ses côtés, lui serra la main.
— Nous sommes prêts, murmura-t-il. Quoi qu'il arrive, on s'en sortira ensemble.
Fatou hocha la tête, bien que la peur la rongeait. Cheikh avait tout orchestré pour qu'ils tombent, et Khalid ne leur laisserait aucune chance s'ils se montraient faibles. Ils devaient rester concentrés, alertes, et surtout ne pas laisser la panique les envahir.
Quelques heures plus tard, alors que le silence régnait dans l'entrepôt, Fatou sentit un changement dans l'air. C'était imperceptible, mais elle savait que Khalid approchait. Il était invisible, un fantôme dans la nuit, mais ils pouvaient sentir sa présence, comme un prédateur prêt à bondir sur sa proie.
Moussa, caché derrière une pile de caisses, serra plus fermement l'arme qu'Ibrahima lui avait donnée. C'était maintenant ou jamais.
Et puis, ils le virent.
Khalid se glissa silencieusement dans l'entrepôt, son regard froid et calculateur balayant la pièce. Il se déplaçait avec une fluidité presque inhumaine, comme s'il faisait partie de l'obscurité elle-même. Il avançait lentement, prenant son temps, sachant qu'il avait l'avantage.
Fatou et Moussa retinrent leur souffle. Le moindre bruit, le moindre mouvement trahirait leur présence.
Khalid, à l'affût du moindre signe, s'approchait de la zone où ils s'étaient cachés. Mais avant qu'il ne puisse réagir, Ibrahima, posté en hauteur, fit tomber une pile de barils, créant un fracas énorme. Khalid se retourna, distrait par le bruit, offrant à Moussa l'opportunité de se glisser derrière lui.
Moussa savait qu'il n'aurait qu'une seule chance. Il devait frapper avant que Khalid ne comprenne ce qui se passait.
Khalid se retourna juste au moment où Moussa bondit sur lui. Un combat brutal s'ensuivit. Khalid, plus fort et mieux entraîné, bloqua les premiers coups de Moussa avec une rapidité stupéfiante. Fatou, paralysée par la scène, sentit son cœur se serrer alors qu'elle voyait Moussa lutter de toutes ses forces pour prendre l'avantage.
— Moussa ! cria-t-elle, mais sa voix se perdit dans le chaos.
Khalid projeta Moussa au sol avec une violence terrifiante, mais avant qu'il ne puisse finir le travail, Fatou bondit de sa cachette, armée d'une barre de fer qu'elle avait trouvée. Elle frappa Khalid avec toute la force qu'elle pouvait rassembler, touchant son épaule. Le tueur tituba, surpris par l'attaque.
— Laisse-le ! cria-t-elle, sa voix chargée de rage et de peur.
Khalid, désorienté, se redressa et fit face à Fatou. Il sourit, un sourire glacial, avant de sortir un couteau qu'il gardait à sa ceinture.
— Tu crois vraiment pouvoir m'arrêter ? dit-il d'une voix moqueuse.
La peur saisit Fatou, mais elle savait qu'elle n'avait pas le choix. Si elle hésitait, si elle montrait la moindre faiblesse, Khalid les tuerait tous les deux.
Moussa, malgré la douleur, se releva lentement. Il voyait Fatou en danger et savait qu'il devait agir, et vite.
— Ne la touche pas ! hurla-t-il en se jetant à nouveau sur Khalid, l'empêchant d'approcher Fatou.
Les deux hommes roulèrent au sol, se battant avec une violence désespérée. Khalid, bien que surpris par la ténacité de Moussa, parvint à reprendre le dessus, son couteau levé, prêt à frapper.
Mais avant qu'il ne puisse donner le coup fatal, un coup de feu retentit dans l'entrepôt. Khalid s'immobilisa, un regard de surprise traversant ses yeux, avant de s'effondrer au sol, mort.
Fatou, tremblante, tenait le revolver qu'Ibrahima leur avait confié. Elle avait tiré. Elle avait sauvé Moussa, mais la réalité de ce qu'elle venait de faire la submergea.
Le silence retomba sur l'entrepôt, lourd et oppressant. Fatou et Moussa restaient immobiles, le souffle court, encore sous le choc.
— C'est fini, murmura Moussa en se redressant difficilement, essuyant le sang sur son visage.
Fatou, les mains tremblantes, laissa tomber l'arme, incapable de croire à ce qu'elle venait de faire. Elle courut vers Moussa, le serrant dans ses bras, ses larmes coulant librement.
— Nous sommes en vie, dit-elle, sa voix brisée par l'émotion.
Moussa la serra contre lui, encore sous le choc, mais reconnaissant d'être en vie. Ils avaient survécu.
Mais ils savaient aussi que ce n'était pas encore complètement terminé. Cheikh restait en prison, mais tant qu'il avait des contacts, il continuerait de représenter une menace.
Ils devaient maintenant s'assurer que Cheikh ne pourrait plus jamais les atteindre.
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Sous le Poids des Traditions
RomanceFatou, une jeune femme ambitieuse de Dakar, voit ses rêves de devenir médecin brisés lorsqu'elle est forcée d'épouser Cheikh, un homme puissant et influent, dans un mariage arrangé. Prisonnière d'une relation où elle est contrôlée, Fatou doit lutter...