Fatou se réveilla ce matin-là avec une étrange sensation d'inquiétude. Les derniers jours avaient été marqués par un bonheur simple avec Moussa, une paix qu'elle n'avait pas connue depuis longtemps. Pourtant, quelque chose en elle refusait de se détendre complètement. Cheikh. Bien qu'il ne se soit pas manifesté depuis plusieurs mois, son ombre planait encore sur sa vie comme une tempête prête à éclater.
Elle se leva et rejoignit Moussa dans la cuisine, où il préparait le petit-déjeuner. Il se retourna et lui sourit, ce sourire qui parvenait toujours à la calmer, à lui rappeler que tout allait bien. Pourtant, ce matin, elle ne pouvait ignorer cette tension sourde qui pesait sur elle.
— Tu sembles préoccupée, remarqua Moussa en déposant une tasse de café devant elle. Est-ce que tout va bien ?
Fatou le regarda un instant, hésitant à partager ses pensées. Elle ne voulait pas troubler cette sérénité qu'ils avaient construite ensemble. Mais elle savait aussi qu'elle ne pouvait plus cacher cette peur qui grandissait en elle.
— Je ne sais pas, murmura-t-elle. J'ai juste... un mauvais pressentiment aujourd'hui.
Moussa posa une main rassurante sur la sienne, cherchant à comprendre.
— Est-ce que c'est à propos de Cheikh ?
Fatou hocha doucement la tête. Depuis leur séparation, elle avait fait de son mieux pour avancer, pour se concentrer sur ses études et sa relation avec Moussa. Mais Cheikh, même absent, restait une menace sourde, un fantôme qui hantait ses nuits.
— Je n'ai pas eu de nouvelles de lui depuis longtemps, et ça devrait me rassurer, expliqua-t-elle, le regard perdu. Mais au lieu de ça, ça m'inquiète encore plus. Il n'est pas du genre à rester en retrait sans raison.
Moussa resta silencieux un moment, pesant ses mots avant de répondre.
— Je comprends, dit-il enfin. Mais tu n'es plus seule, Fatou. Peu importe ce que Cheikh a en tête, nous serons prêts à y faire face ensemble. Tu n'as plus à te battre seule.
Fatou acquiesça, touchée par la sincérité de ses paroles. Moussa avait toujours été là pour elle, même dans les moments les plus sombres. Elle lui faisait confiance, mais elle savait aussi que Cheikh n'était pas quelqu'un qui abandonnait facilement.
Ce même après-midi, alors qu'elle quittait l'hôpital après une longue journée, Fatou sentit une étrange présence derrière elle. Une silhouette familière. Son cœur accéléra. Elle tourna la tête discrètement, et son souffle se bloqua.
Là, dans une voiture stationnée non loin, elle aperçut Cheikh. Il la regardait à travers les vitres teintées de son véhicule, impassible, mais avec cette lueur froide dans les yeux qu'elle connaissait trop bien. Il était de retour.
Fatou sentit une vague de panique la submerger. Elle accéléra le pas, se dirigeant vers la sortie de l'hôpital, essayant de rester calme. Son esprit tourbillonnait. Pourquoi était-il revenu maintenant ?
Arrivée chez elle, elle referma la porte derrière elle avec un soupir de soulagement, mais son esprit restait agité. Il était là. Cheikh n'avait rien dit, rien fait, mais sa seule présence suffisait à raviver toutes ses peurs.
Elle envoya un message à Moussa, lui racontant ce qu'elle avait vu. Quelques minutes plus tard, il était là, la serrant dans ses bras.
— Il est revenu, murmura Fatou, encore sous le choc.
— Je sais, répondit Moussa doucement, caressant ses cheveux pour la calmer. Mais ça ne change rien. Il ne te fera pas de mal.
Mais Fatou ne pouvait ignorer ce sentiment d'urgence qui montait en elle. Cheikh n'était pas quelqu'un qui revenait sans raison. S'il était là, c'était parce qu'il avait un plan. Et elle devait se préparer à affronter ce qui allait venir.
Le lendemain, Fatou reçut une lettre. Elle l'attendait dans sa boîte aux lettres, soigneusement scellée, sans expéditeur visible. Le papier, épais et luxueux, portait immédiatement la marque de Cheikh. Ses mains tremblaient en déchirant l'enveloppe.
Les mots sur le papier étaient simples, mais lourds de sens :
"Je n'ai pas oublié ma promesse, Fatou. Tu croyais pouvoir m'échapper, mais tu ne seras jamais totalement libre. Fais attention à ce qui t'entoure."
Elle relut la lettre plusieurs fois, le cœur battant à tout rompre. Cheikh n'avait pas abandonné. Il ne comptait pas laisser sa liberté intacte. Fatou sentit la panique monter en elle, mais cette fois, une autre émotion suivit rapidement : la colère.
Elle n'avait pas traversé tout ce chemin pour se laisser à nouveau contrôler par lui. Cheikh pouvait essayer de la menacer, de la faire douter, mais elle n'était plus la femme qu'elle avait été autrefois. Aujourd'hui, elle était plus forte, plus déterminée à protéger la vie qu'elle avait reconstruite.
Le soir même, elle montra la lettre à Moussa, qui serra les mâchoires en la lisant. Il ne dit rien pendant un long moment, mais Fatou pouvait voir la colère silencieuse qui bouillait en lui.
— Il ne te détruira pas, Fatou, dit-il enfin, les yeux brillants d'une détermination farouche. Il peut essayer de te faire peur, mais il ne réussira pas. Nous irons voir la police. Il est temps de prendre des mesures sérieuses.
Fatou acquiesça, sachant que c'était la bonne chose à faire. Elle n'allait plus être la victime de Cheikh.
Le lendemain matin, accompagnée de Moussa, Fatou se rendit au commissariat. Elle expliqua tout ce qui s'était passé, depuis le mariage jusqu'à la menace présente. Les policiers prirent la situation au sérieux, notant chaque détail, et promirent d'enquêter.
Mais même en sortant de là, Fatou savait que Cheikh ne serait pas si facile à arrêter. Il avait des connexions, du pouvoir. Elle devait être prête à l'affronter, quoi qu'il arrive.
Ce soir-là, alors qu'elle se reposait chez Moussa, une pensée lui traversa l'esprit. Elle regarda son compagnon, si attentif, si protecteur, et réalisa quelque chose d'important : Elle n'avait plus peur d'affronter Cheikh.
Cheikh pouvait revenir, il pouvait essayer de la briser, mais il ne réussirait pas. Elle était différente maintenant. Entourée de l'amour de Moussa, du soutien d'Aminata, et forte de sa propre résilience, Fatou était prête à affronter le pire.
Elle sourit légèrement, pour elle-même, en s'installant contre Moussa.
— Je suis prête, murmura-t-elle, plus pour elle que pour lui.
— Prête à quoi ? demanda Moussa en la regardant tendrement.
— Prête à ne plus avoir peur.
Et à cet instant, Fatou savait qu'elle pouvait tout surmonter, même les ombres les plus sombres que Cheikh pouvait faire planer sur sa vie. Elle était libre, et personne ne lui enlèverait cela.
Le combat n'était pas terminé, mais Fatou était plus forte que jamais. Elle avait l'amour, le courage, et la détermination nécessaires pour affronter tout ce qui viendrait.
L'avenir, malgré tout, était encore plein de promesses.
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Sous le Poids des Traditions
RomanceFatou, une jeune femme ambitieuse de Dakar, voit ses rêves de devenir médecin brisés lorsqu'elle est forcée d'épouser Cheikh, un homme puissant et influent, dans un mariage arrangé. Prisonnière d'une relation où elle est contrôlée, Fatou doit lutter...