L'air dans la voiture était lourd, presque irrespirable. Fatou, le bras douloureux, sentait la panique et l'adrénaline se dissiper, remplacées par une douleur sourde. Moussa tenait sa main avec fermeté, son regard oscillant entre elle et la route. Ibrahima conduisait aussi vite que possible, les yeux fixés sur le rétroviseur, surveillant l'arrière. Mais Fatou le savait, même s'ils avaient échappé à l'assassin cette fois, Cheikh ne s'arrêterait pas là.
— On ne peut pas rester à Dakar, murmura Moussa, la voix tendue. Il va envoyer quelqu'un d'autre, c'est sûr. Il ne lâchera pas.
Ibrahima hocha la tête, son visage grave.
— Je vous amène à une planque que j'ai à l'extérieur de la ville, dans une petite ferme. Personne ne sait que j'y vais parfois, et vous y serez en sécurité pour un temps. Mais vous ne pouvez pas rester là éternellement.
Fatou, toujours secouée par la tentative de meurtre, tourna lentement son visage vers Moussa.
— Et après ? On ne peut pas fuir toute notre vie... Sa voix était tremblante, mais il y avait une détermination sous-jacente. Cheikh ne nous laissera jamais en paix tant qu'il sera en vie.
Moussa serra la mâchoire. Fatou avait raison.
— Alors, il faut le neutraliser définitivement.
Une fois arrivés à la ferme isolée d'Ibrahima, Fatou et Moussa prirent un moment pour reprendre leurs esprits. La situation était devenue bien plus grave que ce qu'ils avaient prévu. Cheikh avait utilisé ses dernières ressources pour les traquer, et maintenant qu'il savait qu'ils étaient derrière sa chute, il n'y avait plus aucune limite à ce qu'il pourrait faire pour les éliminer.
Fatou observait l'horizon à travers la fenêtre de la petite maison en bois. Le calme de la campagne contrastait violemment avec le chaos qui régnait dans sa vie. Elle savait que ce n'était qu'une accalmie temporaire, une parenthèse avant que la tempête ne reprenne de plus belle.
Moussa, assis à côté d'elle, passa un bras autour de ses épaules.
— Il faut qu'on arrête de fuir, dit-il calmement. On ne peut pas continuer à courir indéfiniment. Cheikh a toujours eu l'avantage parce qu'il attaque dans l'ombre, mais si on retourne la situation...
— Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda Fatou, son regard fixé sur le sien.
Moussa prit une grande inspiration avant de répondre.
— Cheikh est en prison, mais il contrôle encore les choses grâce à ses contacts. Si on parvient à couper ses dernières ressources et à identifier les personnes qui travaillent pour lui, on pourrait le désarmer complètement. Il ne pourra plus nous atteindre.
Fatou acquiesça. Ils devaient frapper là où Cheikh ne s'y attendait pas, non pas en se contentant de se défendre, mais en prenant l'offensive.
— Il faut qu'on retrouve les hommes qui lui obéissent aveuglément. Il en reste encore. Fatou ferma les yeux, réfléchissant à haute voix. Mais comment ? Cheikh sait comment dissimuler ses alliés. Ceux qui nous poursuivent ne nous feront pas de cadeau.
Moussa réfléchit un instant avant de répondre.
— Je pense que nous devons retourner voir Saliou. Il a les contacts, et maintenant qu'il sait à quel point la situation est grave, il pourra nous aider à retrouver les derniers hommes de Cheikh.
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Sous le Poids des Traditions
Roman d'amourFatou, une jeune femme ambitieuse de Dakar, voit ses rêves de devenir médecin brisés lorsqu'elle est forcée d'épouser Cheikh, un homme puissant et influent, dans un mariage arrangé. Prisonnière d'une relation où elle est contrôlée, Fatou doit lutter...