Sous le Poids des Traditions

L'Ultime Étape

Le combat avec Khalid avait laissé Fatou et Moussa meurtris, physiquement et émotionnellement. La mort du tueur marquait la fin d'une traque violente, mais Cheikh restait une menace. Tant qu'il serait en vie, même derrière les barreaux, il trouverait toujours des moyens de leur nuire. L'ultime étape pour garantir leur sécurité et tourner définitivement la page était de détruire son réseau et de s'assurer qu'il ne puisse jamais reprendre pied.

Ils savaient qu'ils devaient frapper vite et fort, pendant que Cheikh était encore affaibli par la chute de ses alliés et l'échec de ses dernières tentatives. Il n'y aurait pas de deuxième chance.

Saliou, après avoir appris la mort de Khalid, rejoignit Fatou et Moussa dans un appartement sécurisé que Ibrahima leur avait prêté. La tension dans la pièce était palpable, mais Saliou savait que le moment était venu de frapper le coup fatal.

— Cheikh contrôle encore quelques derniers pions dans les hautes sphères, commença Saliou en consultant les derniers rapports qu'il avait pu obtenir. Mais la clé pour le neutraliser est de couper ses derniers soutiens financiers et d'exposer son réseau d'hommes de main restants. Il ne pourra plus payer personne, et ses alliés politiques l'abandonneront.

Moussa, assis à côté de Fatou, regarda les plans que Saliou avait apportés. Il s'agissait d'une série de comptes offshore, des comptes que Cheikh utilisait pour financer ses opérations depuis sa cellule. Avec ces comptes gelés ou confisqués, Cheikh n'aurait plus les moyens d'engager des mercenaires ou de soudoyer les autorités locales.

— Nous devons faire pression sur les autorités internationales, poursuivit Saliou. J'ai quelques contacts dans les services de lutte contre le blanchiment d'argent, et si nous leur fournissons assez de preuves, ils pourront geler tous les comptes restants de Cheikh.

Fatou prit une profonde inspiration, réalisant que c'était le dernier coup qu'ils devaient porter. Une fois ces comptes gelés, Cheikh serait financièrement ruiné, incapable de financer ses hommes, ses avocats ou ses opérations clandestines.

— Et ensuite ? demanda Fatou, le regard déterminé.

— Ensuite, répondit Saliou, nous devons publier les informations sur les politiciens et hommes d'affaires qui ont encore des liens avec lui. Ils sont la dernière ligne de défense de Cheikh. Une fois leur corruption exposée, ils abandonneront le navire pour sauver leur propre peau.

Fatou comprit alors que ce plan allait non seulement détruire Cheikh, mais aussi décimer tout son réseau. Il n'aurait plus personne pour le protéger.

La première étape de ce plan consista à collecter et organiser les preuves que Saliou et son équipe avaient accumulées au fil des mois. Des transactions douteuses, des échanges de pots-de-vin, des emails compromettants, tout devait être prêt pour être dévoilé au grand jour. Mais avant cela, ils devaient s'assurer que les soutiens politiques et financiers de Cheikh ne puissent pas réagir trop rapidement.

Saliou envoya des copies des preuves aux autorités locales et internationales, ciblant les comptes bancaires de Cheikh en Suisse, aux Seychelles et à Hong Kong. Il utilisa des contacts dans des agences anti-corruption pour s'assurer que, dès que les preuves seraient publiées, les comptes de Cheikh seraient immédiatement gelés.

Pendant ce temps, Fatou et Moussa contactèrent Awa, leur alliée influente dans le monde des affaires, pour qu'elle fasse pression sur les politiciens encore loyaux à Cheikh. Awa savait exactement où frapper pour provoquer la panique parmi les derniers soutiens de Cheikh.

— Une fois que ces informations sortiront, dit Awa, les politiciens vont se battre pour leur propre survie. Personne ne voudra être associé à lui. Ils commenceront à se dénoncer les uns les autres pour éviter la chute.

Le jour décisif arriva. Saliou publia une série d'articles explosifs, détaillant les comptes cachés de Cheikh, les transactions illégales, et les noms des politiciens corrompus qui l'avaient soutenu pendant des années. La révélation fut un choc national.

Des médias internationaux relayèrent l'information, et presque instantanément, les comptes offshore de Cheikh furent gelés. Son réseau financier s'effondra en un clin d'œil. Sans argent pour financer ses opérations, les derniers hommes de Cheikh désertèrent, ne voulant pas être impliqués dans un scandale d'une telle ampleur.

Les politiciens mentionnés dans les articles commencèrent à être interrogés, certains tentant de nier leur implication, tandis que d'autres se dépêchaient de couper tout lien avec Cheikh, espérant échapper à l'enquête.

Cheikh, depuis sa cellule, apprit la nouvelle avec rage. Il avait encore quelques contacts en prison, mais même eux se retournèrent contre lui, voyant que son empire s'effondrait. Il n'était plus qu'un homme seul, trahi par ses propres alliés.

Quelques jours après la publication des preuves, Cheikh fut placé en isolement total. Ses derniers soutiens politiques étaient soit en fuite, soit déjà inculpés. Son empire financier était démantelé, et tous ses comptes gelés ou saisis. Les autorités, désormais sous la pression médiatique et publique, décidèrent de rouvrir le dossier de Cheikh avec les nouvelles preuves fournies par Saliou.

La justice allait finalement le condamner pour ses crimes, mais cette fois, il ne pouvait plus manipuler le système. Il était fini.

Quelques jours après l'effondrement total de Cheikh, Fatou et Moussa se retrouvèrent enfin en paix, loin des dangers qui les avaient poursuivis. Ils savaient que Cheikh ne pourrait plus jamais les atteindre. Son réseau était anéanti, et il ne restait plus rien de l'homme puissant qui les avait autrefois terrorisés.

Fatou, assise sur la terrasse de la ferme isolée d'Ibrahima, regarda le coucher de soleil avec un sentiment de liberté qu'elle n'avait pas ressenti depuis des années. Elle avait gagné. Elle et Moussa avaient survécu à l'impossible, et ils étaient désormais libres de vivre leur vie sans la peur constante que Cheikh reviendrait les hanter.

Moussa s'assit à côté d'elle, lui prenant la main.

— C'est fini, murmura-t-il en souriant.

Fatou sourit à son tour, un poids énorme s'échappant de ses épaules.

— Oui. Nous sommes enfin libres.

L'ultime étape était accomplie. Cheikh n'était plus qu'un souvenir lointain, un homme brisé, enfermé à jamais, incapable de nuire à qui que ce soit. Fatou et Moussa pouvaient enfin envisager un avenir serein, loin des ombres du passé.